«Le déficit de la balance commerciale a dépassé toutes les lignes rouges. Les exportations n'atteignent même plus la barre des 48%. Cette situation impose la mise en place d'un plan d'urgence pour le commerce extérieur». Mohammed Abbou, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, n'a apparemment pas eu besoin de beaucoup de temps pour se rendre compte de «la gravité» du déficit commercial. Pour y remédier, le collaborateur de Moulay Hafid Elalamy, en charge du Commerce extérieur, propose le lancement de ce plan d'urgence. L'annonce a été faite ce vendredi 20 décembre à Casablanca, lors d'un séminaire organisé par Maroc Export pour sensibiliser sur les programmes d'appui à l'export (Key Export). Selon Mohammed Abbou, ce plan d'urgence sera opérationnel « début 2014», bien que son élaboration soit encore en cours. Le ministre n'a pas souhaité révéler tous les détails de ce plan, mais précise qu'il fait l'objet de «l'implication de l'ensemble des parties concernées». Tous les départements ministériels intéressés par la question sont consultés, ainsi que le patronat, a déclaré Mohammed Abbou. Un plan, deux volets Le Plan d'urgence pour le commerce extérieur s'articule autour de deux volets. Le premier concerne les exportations, et le second, les importations. Selon le ministre, il s'agit d'une part de diversifier les marchés partenaires pour mieux vendre les produits marocains. Alors que l'Europe n'est pas encore totalement remise de sa crise économique, l'urgence est d'accélérer le rythme en Afrique subsaharienne, notamment les marchés anglophones, ainsi qu'en Afrique centrale et de l'Est. «En plus des secteurs de la finance et des télécoms, il faut s'y implanter via le BTP, ou encore les énergies, avec l'électrification», conseille le ministre. L'Afrique est un «marché potentiel», qui a connu une hausse de 3% des exportations marocaines au cours des dernières années. L'autre «marché potentiel» est celui des pays du Golfe. Dans cette région qui «importe tout», l'accent sera mis sur l'agroalimentaire, les produits halieutiques et l'artisanat. L'accélération de l'ouverture sur ces nouveaux marchés s'accompagne d'une attention particulière sur les autres marchés émergents, à l'instar de l'Amérique latine, ainsi que les marchés russe et asiatique. Protectionnisme ? Le second volet, consacré aux importations, s'apparente à une politique d'instauration de barrières non tarifaires, décidément à la mode partout. «L'objectif est d'instaurer des normes d'importation (...) tout en respectant les engagements du Maroc vis-à-vis de nos partenaires dans le cadre de l'OMC ou dans le cadre des Accords de libre-échanges (ALE)», précise Mohammed Abbou. Mohammed Abbou, ministre délégué chargé du Commerce extérieur Les ECO : Qu'attendez-vous de ce plan d'urgence ? Mohamed Abbou : Nous cherchons un plan d'urgence avec des mesures immédiates et rapides pour agir sur deux volets. Le premier concerne les exportations, que nous devons diversifier, en cherchant de nouveaux marchés. Le second volet touche aux importations. Lobjectif est d'instaurer des normes d'importations, sur le plan de la qualité, de l'environnement et des règles sanitaires, tout en respectant les engagements du Maroc vis-à-vis de nos partenaires et dans le cadre de l'OMC et des ALE. Le patronat pointe du doigt certains ALE... Contrairement à ce que l'on croit, ces ALE ne vont pas au détriment de notre économie. Nous sommes en train d'évaluer les accords que nous avons signés avec 55 pays, mais le problème est que l'exportateur marocain n'a pas encore exploité toutes les opportunités de ces accords. C'est le cas, des opportunités offertes par le textile dans le cadre de l'ALE signé avec les Etats-Unis. Une diversification des marchés est-elle à l'ordre du jour ? Oui, le Maroc entend devenir le hub de l'Afrique. La situation géographique et la stabilité sociopolitique du royaume en font aujourd'hui la porte du continent africain. Le taux de croissance constant que connaissent ces pays encourage cette orientation. Des tournées sont prévues dans ces derniers, ainsi que dans les pays du Golfe, l'un des nos nouveaux marchés cibles. D'ailleurs en plus de la Caravane de partenariats sur l'Afrique, nous allons lancer une deuxième caravane, à destination des pays du Golfe. Caravanes de l'export Le Plan d'urgence pour le commerce extérieur prévoit des campagnes de sensibilisation à destination des exportateurs nationaux. C'est ce qu'indique le ministre en charge du Commerce extérieur. «Cette caravane nationale d'appui à l'exportation consiste en des tournées dans toutes les 16 régions du Maroc», explique Mohamed Abbou. Par ailleurs, en plus des caravanes de partenariats organisées par Maroc Export en Afrique, il est prévu de lancer d'autres caravanes à destination cette fois des pays du Golfe.