Le HCP a mis le doigt là où le bât blesse. En effet, sa dernière note de conjoncture confirme les craintes des observateurs, en relevant une déprime des ménages. La confiance est en détérioration de 6,5 points en une année. Et pour cause, la majorité des Marocains redoutent une hausse du chômage, n'arrivent plus à épargner et le dernier de leurs soucis est l'acquisition d'un bien durable. Autant dire que c'est une ambiance marquée par la morosité, qui ne prête guère à l'optimisme. L'effet d'entraînement jouerait donc à plein et l'effet de contagion toucherait plusieurs secteurs. D'ailleurs, c'est la première fois qu'une importante frange de Marocains décline son besoin d'acquérir un habitat, ce qui prélude à des jours difficiles pour les secteurs immobilier, BTP, matériaux de construction, etc. Le gouvernement en cours de recomposition gagnerait à enregistrer et à analyser ces constats porteurs d'enseignements et qui constituent un baromètre de la confiance. En outre, les différents indices relevés, sondés ou constatés de fait, doivent faire l'objet d'un décryptage détaillé, dont les éléments de réponse sont à communiquer par le gouvernement. Il n'est pas permis à ce dernier de passer sous silence les résultats de cette note de conjoncture, dont la crédibilité n'est plus à démontrer. Cela enverrait un message négatif de la part d'un Exécutif qui apparaîtrait comme peu soucieux de ce que ressentiraient ses citoyens. Benkirane II, s'il voit le jour comme cela est prévu, devrait faire preuve d'une écoute de la société. Ce serait une preuve d'humilité et de proximité longtemps revendiquées par Benkirane, qui a à maintes reprises exprimé son écoute des échos de la société. Cependant, il faut nuancer, car le tableau n'est pas si noir que cela peut paraître. En effet, l'évolution du niveau de vie a été positive ces dernières années, gagnant 6,1 points et ses perspectives sont positives. Cela pourrait paraître paradoxal, mais en réalité, cela exprime le décalage entre l'amélioration du niveau de vie, qui pouvait mieux faire et l'accumulation de certains problèmes, notamment celui du chômage chez les jeunes.