Si l'on compte décembre, jugé exceptionnel, le cap des 15 millions de nuitées doit être franchi. Le Maroc est la seule destination à ne pas avoir reculé sur le marché français. Les professionnels du tourisme se frottent les mains : l'année 2005 a été un bon cru. Pas un hôtelier ou président de CRT (Centre régional du tourisme) pour dire le contraire. Les nuitées ont connu une progression à deux chiffres d'un mois à l'autre, et ce malgré les crises ici et là de par le monde. Ainsi, d'après les estimations du ministère du Tourisme, le cap des 15 millions de nuitées devrait être franchi, soit 2 millions de plus qu'en 2004. Quant aux arrivées, elles dépasseront sans doute la barre des six millions, puisque, à fin novembre, leur nombre s'établit déjà à 5,3 millions, et que décembre est jugé exceptionnel par nombre d'hôteliers, y compris au niveau des recettes, sachant que pour les fêtes de fin d'année, les prix pratiqués étaient loin d'être promotionnels. La France reste le principal marché émetteur. Malgré la crise qui frappe l'activité du voyage dans ce pays, le Maroc est la seule destination qui se maintient ou progresse, selon de nombreux tour-opérateurs. A fin novembre, ils étaient près de 1,25 million de Français à avoir visité le Maroc, soit une hausse de 15 % par rapport à la même période de 2004. Cette évolution est due, selon Kamal Bensouda, DG d'Atlas Hospitality, à la proximité mais surtout aux Français qui ont choisi d'acquérir une résidence secondaire au Maroc, notamment à Marrakech, ou à Essaouira et Fès oà1 les ventes de riads se multiplient. L'open sky profitera au secteur Une information confirmée par Driss Faceh, président du CRT de cette ville, qui se dit ravi des résultats de 2005. Il en veut comme preuve la flambée des prix des maisons dans la médina de Fès. Les prix qui tournaient, il y a moins de trois ans, autour de 500 000 DH ont atteint aujourd'hui une fourchette de 1 à 1,5 million, estime-t-il. Pour M. Faceh, cette destination s'est repositionnée en tant que ville de séjour, alors qu'il y a deux ans, son tourisme dépendait quasi intégralement du «circuit des villes impériales». Et rien de mieux, dit-il, que l'évolution de la durée de séjour pour apprécier ce repositionnement. Celui-ci, qui était de 1,7 nuitée en novembre 2003, s'établit pour le même mois de 2005 à 2,4 nuitées, atteignant presque les objectifs fixés par le Plan de développement régional, soit 2,5, et ce en dépit d'une augmentation peu significative des capacités : 600 lits additionnels au courant de l'année. Mais il faut savoir que c'est en bonne partie grâce à ces lits que la fréquentation est en hausse, puisqu'ils correspondent à l'ouverture et au repositionnement de nouvelles maisons d'hôtes avec leur propre réseau de distribution. La densification de l'aérien par la multiplication des dessertes n'est pas non plus étrangère au retour de Fès sur le devant de la scène. Il faut rappeler que les accords signés par le gouvernement avec des TO et des compagnies aériennes européens, même s'ils n'ont pas tous été concluants, ont profité aussi aux autres destinations, et stimulé des marchés (allemand, belge, britannique, etc.) jusque-là très fragiles et dépendants de la conjoncture internationale. Autre phénomène qui a participé à l'embellie, le retour en force du tourisme de congrès et d'incentive, notamment à Marrakech et Casablanca. Ce créneau a l'avantage, comme le souligne un hôtelier, de dégager des marges bénéficiaires deux à trois fois supérieures à celles du tourisme classique. Dans ces conditions, 2006 se présente sous de bons augures. Pour la plupart des professionnels, le secteur continuera sur sa lancée. En effet, avec l'adhésion à l'open sky, la destination sera encore mieux desservie. Par ailleurs, comme le souligne Kamal Bensouda, «le Maroc est devenu plus réactif face aux crises internationales majeures par rapport au passé, comme on l'a vu après les attentats du 11 septembre 2001». Mais, selon lui, l'année 2006 sera celle de Tanger qui est en train de revenir sur le devant de la scène. Cette affirmation n'est pas uniquement inspirée par les investissements d'Atlas Hospitality dans la région, tient-il à préciser, mais par le fait que la capitale du détroit dispose d'un énorme fonds de commerce touristique qu'il faut juste prendre en main. Et ce n'est pas par hasard si elle a été choisie pour accueillir en mars prochain les Assises internationales du tourisme, car la ville affiche, mine de rien, le troisième taux d'occupation du Royaume avec 48% après Marrakech et Agadir qui affichent respectivement 69% et 60 % A Fès, les riads qui se négociaient à 500 000 DH il y a trois ans en valent deux à trois fois plus aujourd'hui.