L'Observatoire national du développement humain (ONDH), le système des Nations Unies au Maroc et la Banque mondiale (BM) ont signé, lundi à Rabat, une convention de partenariat pour évaluer la performance des méthodes de ciblage des programmes de protection sociale tels que RAMED et Tayssir, et améliorer l'action publique en faveur des personnes les plus défavorisées. Cette collaboration tripartite s'articule autour de deux volets, à savoir le renforcement des capacités de l'ONDH en ce qui concerne l'évaluation des performances des méthodes de ciblage des programmes de protection sociale au Maroc, et l'évaluation de l'efficacité de la méthode de ciblage du RAMED et de Tayssir en particulier. Ont signé cette convention le président de l'ONDH et ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle, Rachid Benmokhtar, le directeur du bureau de la Banque mondiale à Rabat chargé de la région maghrébine, Simon Gray, et le Représentant de l'UNESCO pour le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et la Tunisie, Michael Millward. S'agissant du renforcement des capacités de l'ONDH, la BM s'engage, en vertu de cette convention, à organiser, au profit de l'ONDH, des sessions de formation et d'échange d'expériences internationales sur le ciblage, ainsi que des ateliers de formation sur des logiciels spécialisés pour l'évaluation de l'efficacité des programmes de protection sociale, et à mettre à la disposition de l'ONDH des experts internationaux en la matière. De son côté, l'ONDH s'engage à assurer l'implication de son équipe et de ses partenaires dans la préparation et la participation aux ateliers de formation sur les sujets identifiés. Pour ce qui est des analyses quantitatives proprement dites, la BM s'engage à mobiliser une équipe de chercheurs qui mènera, en étroite collaboration avec l'ONDH, les analyses économétriques sur les données des enquêtes de panel de ménages de l'Observatoire pour les années 2012-2013 et proposera d'éventuelles améliorations du questionnaire de ladite enquête. La BM va contribuer aussi à la rédaction d'un rapport conjoint des signataires qui décrit les résultats de cette étude, et à disséminer les résultats du rapport auprès de différentes parties prenantes, telles que les pouvoirs publics, la société civile et le monde académique, outre le cofinancement des activités liées à l'analyse et la diffusion du rapport. L'ONDH, quant à lui, se chargera, aux termes de cette convention, de mobiliser des chercheurs pour mener des études en collaboration avec la BM sur les analyses économétriques, accorder à l'équipe tripartite ONDH-BM-ONU l'accès aux données disponibles des enquêtes de panel des ménages afin d'effectuer des études qui seront définies d'un commun accord, et contribuer à la rédaction et à la dissémination du rapport qui renferme les résultats de l'étude. Pour leur part, les Nations Unies au Maroc s'engagent à mobiliser, dans le cadre du programme d'appui à l'ONDH, une équipe d'experts qui mènera en étroite collaboration avec l'ONDH et la BM des analyses économétriques sur les données. L'ONU fournira également un soutien technique pour veiller à la qualité des résultats de l'étude et cofinancer, dans le cadre du programme d'appui à l'Observatoire, les activités liées à la publication et la dissémination du rapport. Cette convention s'assigne pour objectif d'évaluer les méthodes de ciblage adoptées en matière de Tayssir et de RAMED pour définir les points à améliorer et comparer les résultats avec ceux d'autres expériences internationales similaires, a déclaré à la MAP M. Benmokhtar à l'issue de la cérémonie de signature. Cette convention intervient après le succès qu'ont rencontré les conventions précédentes signées entre l'ONDH et le système des Nations Unies au Maroc, et dont l'Observatoire a tiré bénéfice en ce qui concerne le renforcement de ses capacités, l'établissement de partenariat internationaux et la mise au point de méthodes de travail qui comptent aujourd'hui parmi les plus efficientes non seulement au Maroc, mais également sur le plan international, a renchéri le président de l'ONDH. Et de faire savoir que la convention prévoit une formation destinée à renforcer les capacités relatives aux techniques de ciblage et aux nouveaux mécanismes et approches comparatifs, outre l'élaboration de recommandations à la fin de ce processus. De son côté, M. Gray a mis en exergue la longue expérience que le Maroc a cumulée en matière d'élaboration de programmes visant à réduire la pauvreté et la vulnérabilité, en rappelant les réformes importantes réalisées par le Royaume, notamment l'introduction de programmes d'assistance sociale ciblant la population la plus défavorisée comme les programmes Tayssir (programme de transferts monétaires conditionnés pour la scolarité des enfants) et le RAMED (Régime d'assistance médicale aux écconomiquement démunis). Selon le responsable, l'impact de ces programmes sur les populations concernées pourrait être amélioré à travers, notamment, un meilleur ciblage des bénéficiaires. Le programme Tayssir, a expliqué M. Gray, a eu un effet positif significatif en ce qui concerne la réduction du taux d'abandon scolaire au niveau du primaire, comme l'a démontré une étude récente d'une équipe conjointe BM-MIT (The Massachusetts Institute of Technology). Cependant, a-t-il fait remarquer, "nous savons également qu'en raison de sa méthode de ciblage géographique, des familles dans le besoin sont exclues de ce programme alors que d'autres, qui n'auraient pas besoin de cette aide monétaire, en bénéficient". Dans ces conditions, a soutenu le responsable de la BM, "un ciblage plus approprié aurait un effet positif sur la scolarisation des plus démunis et une amélioration de la formule de ciblage du RAMED pourrait aider à mieux identifier les bénéficiaires et, éventuellement, à réduire les coûts et à améliorer les prestations". Le directeur du bureau de la Banque mondiale à Rabat a, de son côté, formé le vœu qu'à travers cette collaboration, puissent être tirés "des enseignements sur les réussites et les lacunes des programmes de protection sociale, de façon à acquérir une véritable connaissance des contraintes du terrain, et ainsi mettre au point des programmes performants ayant un impact effectif sur les populations et réduisant significativement les vulnérabilités et les écarts sociaux". M. Gray a conclu que le but ultime de cette convention de partenariat est de renforcer le système de protection sociale au Maroc "en s'inscrivant dans une logique d'intégration, d'efficacité et de cohérence". M. Millward a affirmé, pour sa part, que les agences concernées relevant du système des Nation-Unies sont prêtes à apporter leur soutien technique à la réalisation d'études analytiques afin de rendre plus efficaces les politiques sociales, ainsi qu'à proposer des solutions alternatives avec davantage de ciblage pour que les catégories qui sont dans le besoin puissent réellement bénéficier du soutien apporté par l'Etat.