En vue de sa généralisation aux ménages éligibles, le programme Tayssir devra passer d'un ciblage géographique (traitement par commune) à un ciblage individuel des ménages. La concrétisation de cet objectif est tributaire de la mise en place d'une base de données nationale segmentée et catégorisée. En vue de sa généralisation aux ménages éligibles, le programme Tayssir devra passer d'un ciblage géographique (traitement par commune) à un ciblage individuel des ménages. La concrétisation de cet objectif est tributaire de la mise en place d'une base de données nationale segmentée et catégorisée. Au cours de cette année scolaire, ils sont quelque 828.000 élèves à bénéficier du programme Tayssir visant la lutte contre l'abandon scolaire auquel est alloué un budget de 827MDH. Depuis son lancement en 2008, le programme a connu une évolution en termes de bénéficiaires et de budget, mais il peine encore à être généralisé aux ménages éligibles. Il bénéficie actuellement à 50 provinces et 434 communes rurales. L'objectif dans les années à venir est de passer d'un ciblage géographique à un ciblage individuel des ménages. Il s'agit, selon le ministère de l'Education nationale, d'un choix stratégique «dicté par une quête des décideurs pour un modèle de ciblage équitable, optimisé, efficient et unifié». Pour y arriver, deux mesures sont prévues en deux temps. À court terme, le département de Belmokhtar mise sur l'optimisation à travers l'harmonisation de la base de données «Tayssir» avec celle du système scolaire «Massar» pour améliorer le fonctionnement global du programme et garantir la fiabilité des données. À cela s'ajoute l'affinement de la base de données des bénéficiaires permettant d'identifier ceux qui ne sont pas éligibles : ménages salariés ayant un revenu stable, un patrimoine, des allocations familiales... La concrétisation de cet exercice d'affinement passe par un rapprochement et un recoupement des données du programme avec des systèmes d'information d'autres partenaires et départements concernés, notamment la CNSS, le Centre national des traitements (CNT), la CIMR, le CNRA, la DGI. En outre, le rapprochement des bases «Tayssir» et «Ramed» permettra une analyse statistique croisée des deux bases de données en vue de dégager le pourcentage des bénéficiaires des deux programmes. À moyen terme, il est prévu la mise en place d'un Registre social unique «RSU» sur la base d'un package de programmes sociaux «Ramed», «Tayssir» et «Le soutien des veuves». Ce registre devra constituer une source fiable, exhaustive et unifiée de données pour pouvoir identifier la population potentiellement cible pour chaque programme social. Ce projet ambitieux nécessiterait, d'après les responsables du ministère, au préalable le lancement de bon nombre d'actions à commencer par l'évaluation des processus des trois programmes identifiés, la révision du formulaire d'enregistrement des candidats pour le «RSU» dans sa première version pour qu'il puisse satisfaire les besoins en informations pour les trois programmes identifiés. Une mise au point de la formule de «scoring» est également nécessaire pour mieux stratifier les ménages enregistrés dans ce registre en tenant compte des critères revus de pauvreté et de vulnérabilité. Pour passer à grande échelle, le lancement d'un pilote pour tester la nouvelle formule avec suivi et évaluation s'avère une nécessité. El Habib Kinani Chargé de la direction du programme Tayssir Les Inspirations ECO : Prévoyez-vous une nouvelle évaluation du programme ? El Habib Kinani : Le programme «Tayssir» a fait l'objet d'une étude d'évaluation à trois reprises. Une évaluation d'impact de la phase pilote a été effectuée en 2008-2009 et 2009-2010. Parmi les principaux résultats révélés par cette étude, on peut citer une diminution du taux d'abandon de l'ordre de 57%, un retour des abandons de l'ordre de 37% et une amélioration de ces deux résultats dans le cas où les bénéficiaires sont les mères, de l'ordre respectif de 15% et de 30%. En 2012-2013, le programme «Tayssir» a fait également l'objet d'une évaluation qualitative à l'occasion de l'étude d'évaluation des mesures et des stratégies mises en place dans le cadre du programme d'urgence 2009-2012 financée par l'UE. Un des résultats clés de l'étude a montré que parmi les directeurs interrogés sur le niveau d'impact de ces allocutions conditionnées par l'amélioration des conditions de scolarisation des élèves, 71,5% affirment que l'impact est important ou très important, contre seulement 8% d'entre eux qui estiment que cet impact est nul, et 5% qui le trouvent faible. Le ministère a lancé récemment en coordination avec l'ONDH un projet d'évaluation d'impact des mesures de l'appui social (y compris le programme «Tayssir»). Croyez-vous vraiment que «Tayssir» arrive à atteindre les objectifs escomptés ? Comme le montrent de manière claire et fondée les résultats des différentes études d'évaluation, le programme «Tayssir» a largement atteint les objectifs qu'il s'est fixés dès son lancement en 2008, à savoir la réduction de l'abandon scolaire et l'amélioration des acquis des élèves. Le programme «Tayssir» a permis également d'atteindre d'autres objectifs en parallèle : l'amélioration de l'indice de parité suivant le genre (avec un gain de 4 points à l'avantage des filles dont l'indice de parité est passé de 42% à près de 46%), la lutte contre le travail des enfants surtout des petites bonnes en villes. Le programme a permis également à près de 640.000 ménages d'avoir leur carte d'identité nationale sur les lieux et de manière gratuite grâce à la mobilisation des équipes de la DGSN du ministère de l'Intérieur. Quelles sont les difficultés constatées lors de la mise en œuvre de ce chantier ? Trois contraintes majeures sont relevées. Il s'agit en premier lieu de l'instabilité des équipes de gestion du programme surtout au niveau des directeurs d'établissement, qui connaissent une grande mobilité, ce qui suscite un effort soutenu d'encadrement et de suivi de la part des coordinateurs provinciaux surtout au profit des nouveaux directeurs. À cela s'ajoutent les réclamations des communes et des provinces limitrophes des zones d'intervention du programme pour bénéficier également du programme.