La SNTL est en train de construire à Zenata une nouvelle plateforme de 60 000 m2 répartis en 10 entrepôts de taille égale, dont 7 réservés au privé. Les opérateurs réclament le même traitement que Damco-SNTL. En dépit des protestations, le dialogue avec l'autorité de régulation est maintenu. L'ambition est grande et les objectifs fixés très prometteurs, mais tout dépend aujourd'hui du rythme d'exécution du contrat programme logistique (2010-2015) qui a tout l'air d'avancer sur une seule jambe, celle du secteur public, «au détriment du secteur privé». C'est du moins de cette manière que des opérateurs privés nationaux de la logistique et du transport voient cette évolution. En effet, plus de trois ans après la signature de ce contrat programme par l'Etat et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) en avril 2010, les grands chantiers visibles sont ceux qui sont en cours de réalisation au niveau du Grand Casablanca, sur l'axe côtier qui mène à Mohammédia, précisément à Zenata. C'est là que la Société nationale de transport et de logistique (SNTL) est en train de construire sa deuxième plateforme de 60 000 m2, dont une grande partie est destinée aux opérateurs privés, à côté de deux autres plateformes qui seront développées par l'Agence nationale des ports (ANP) et l'Office national des chemins de fer (ONCF). La première plateforme de 90 000 m2 aménagée, toujours à Zenata, par Damco-SNTL, une joint-venture créée avec le géant Maersk, est opérationnelle depuis 2011. La création de cette société contrôlée à 51% par la SNTL est expliquée par le fait que cette dernière, émanation de l'ex-ONT (Office national du transport), n'avait aucune expertise en matière de logistique et qu'elle devait en acquérir en s'associant à un opérateur international, en l'occurrence Maersk, ce qui est conforme à la politique de l'Etat de développer le secteur. Les opérateurs privés nationaux voient d'un mauvais œil non pas la construction de cette deuxième plateforme, mais la mainmise supposée de la SNTL sur le secteur de la logistique. En fait, ils déplorent la manière dont les entrepôts seront cédés, c'est-à-dire sur la base d'appels d'offres publics au prix du marché. Selon eux, la SNTL construit des plateformes alors qu'en face la demande serait inexistante. Aussi, réclament-ils le même, sinon un meilleur traitement que celui qu'elle a accordé à sa filiale qui, selon eux, aurait acquis les entrepôts au prix de 49,29 DH le m2. Les opérateurs locaux mis en concurrence avec les étrangers Sont-ils dans leur bon droit ? Il semble qu'il y ait beaucoup de non-dits dans cette affaire. Car, au niveau de l'Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL), on affirme que les 60 000 m2 en cours de construction seront répartis en 10 entrepôts de 6 000 m2 chacun. La SNTL en gardera 3 pour sa filiale, dont l'ambition était de réaliser un chiffre d'affaires compris entre 300 et 500 MDH dès les premières années d'exercice. Les 7 entrepôts restants seront attribués aux privés par voie d'appel d'offres dans les mêmes conditions, voire le même prix, fixées pour Damco. Ils seront divisés en 3 lots qui seront proposés séparément à 3 types d'opérateurs : les logisticiens confirmés, les transporteurs qui montrent des aptitudes pour devenir des logisticiens et les «Freight forwarders», c'est-à-dire les entreprises qui sont mandatées par les destinataires ou les expéditeurs de marchandises devant emprunter plusieurs types de transport pour en assurer la continuité. A ce titre, il faut reconnaître qu'à l'exception de grandes entreprises nationales, très peu sont celles qui ont la capacité d'acheter des services logistiques au niveau international, d'où donc l'utilité de ces «Freights forwaders», notamment pour les PME. Maintenant, les opérateurs marocains privés qui s'interrogent sur la nécessité de la mise sur le marché de ces entrepôts par la SNTL alors que la demande est faible, n'ignorent pas que les appels d'offres pour l'attribution de ces entrepôts ne s'adressent pas qu'aux opérateurs nationaux, des étrangers peuvent aussi concourir. Cette question met sur le tapis le problème des entrepôts existants ou à construire par le secteur privé marocain dont le prix au mètre carré est actuellement supérieur à celui de la SNTL. A terme, c'est donc la loi du marché qui devra remettre les pendules à l'heure. Ceci étant, tout en émettant des critiques, les opérateurs continuent de discuter avec l'autorité de régulation et les différends devraient être aplanis dans des délais raisonnables. Après tout, toutes les parties sont embarquées dans la même galère qui consiste à mettre en œuvre la stratégie nationale logistique dont ils ont lu et approuvé le contrat programme signé en 2010. Ces difficultés sont somme toute normales dans la mesure où, il y a encore quelques années, le secteur logistique était carrément inexistant et il appartient à l'Etat de mener une politique pour la réduction des coûts logistiques pour les opérateurs et donc pour l'économie. Preuve que tout le monde croit à ce secteur, les écoles et les filières spécialisées se sont multipliées durant ces dernières années. D'ailleurs, l'un des premiers contrats programmes sectoriels qui vont être signés est celui relatif à la formation ainsi que celui de l'import-export.