Calme plat sur les segments du moyen et du haut standing depuis 6 mois. La demande bute encore sur les prix, surtout avec un financement bancaire moins volontariste. La concrétisation de programmes de logements sociaux s'accélère dans la périphérie. Le marché de l'immobilier s'installe progressivement dans une léthargie complète à Casablanca. Notaires et promoteurs rapportent en effet que les transactions dans le moyen et le haut standing se font de plus en plus rares, une situation qui se prolonge déjà depuis 6 mois. Sur le marché de la revente, un notaire qui a pignon sur rue dans la métropole annonce traiter tout au plus deux transactions par semaine pour du logement de moyen standing. Les ventes de villas se font encore plus rares. Côté programmes neufs, la commercialisation devient aussi de plus en plus difficile. A la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) où l'on attend la fin du premier trimestre pour faire le bilan, l'inquiétude est perceptible. «Les deux premiers mois de l'année ont été mal orientés», concède Youssef Ibn Mansour, président de la fédération. Une grande partie de la demande bute encore sur les niveaux auxquels les prix se sont stabilisés. En effet, des écarts généralisés allant jusqu'à 50% entre les prix demandés par les vendeurs et les tarifs attendus par les acheteurs grippent les transactions, selon les agences immobilières. Dans le cas de la revente, ces professionnels évoquent par exemple le cas du quartier de la ferme bretonne. Réservée jusqu'à il y a peu aux villas, cette zone est ouverte aux immeubles depuis l'entrée en vigueur du nouveau plan d'aménagement de Hay Hassani en décembre dernier. En théorie, cela doit dynamiser les transactions au niveau de la zone, sauf que l'activité est encore au point mort notamment en raison des niveaux de prix demandés par les propriétaires de villas. Nette décrue des ouvertures de chantiers Certes, certains vendeurs acceptent de revoir leurs prix à la baisse (jusqu'à 20% parfois) pour pouvoir conclure. Mais cela reste encore restreint à une minorité de propriétaires qui sont éventuellement dans le besoin de vendre en urgence. Et de toutes les manières, si révision il y a, celle-ci n'intervient qu'après plusieurs mois de négociation ce qui maintient le rythme des transactions à un bas niveau. Le même facteur de prix dissuasifs semble peser sur les transactions des promoteurs immobiliers qui se disent contraints de vendre à de tels niveaux pour amortir la cherté du foncier. Et comme pour le marché de la revente, les promoteurs qui vendent encore sont ceux qui font des efforts sur le prix d'une manière ou d'une autre… Il est édifiant de constater à ce titre que Prestigia (filiale haut standing d'Addoha) avance ces derniers jours des chiffres de commercialisation qui vont à contre-courant de la morosité du haut standing (85 villas et appartements commercialisés en 2 jours à Casablanca et Rabat), à ceci près qu'une voiture est systématiquement offerte pour chaque achat. Plus qu'une demande qui hésite à Casablanca, c'est la production de nouveaux logements qui pourrait accuser le coup sur les mois à venir. Les contraintes à la promotion immobilière se sont en effet multipliés : coûts de construction des logements qui a augmenté mécaniquement de 5 à 8% en début d'année en raison des nouvelles taxes sur le rond à béton et le sable, rétention des terrains nus du fait d'un impôt plus lourd sur les plus-values de cession, nouvelles procédures notariales qui alourdissent davantage l'activité… «Le secteur traverse des moments difficiles», résume M. Ibn Mansour. Une nette décrue des ouvertures de chantiers rapportées par les fabricants de matériaux de construction sur les premières semaines de l'année justifie ce constat. Dans ce tumulte, le segment du social continue d'afficher une santé de fer. Alors que dans des villes comme Oujda ou Meknès, le logement à 250 000 DH a fini par être rattrapé par le marasme, à Casablanca il se porte de mieux en mieux. En témoigne l'accélération des concrétisations de ce type de programmes dans la périphérie de Casablanca, notamment à Errahma, Bernoussi, Sidi Moumen, Anassi et dans une moindre mesure à Bouskoura. Une effervescence qui est d'ailleurs scrutée de près par les banques. Si ces dernières sont relativement moins volontaires pour financer les acquéreurs et les propriétaires en général, elles misent massivement sur le social (jusqu'à 70% des crédits immobiliers distribués). Un choix qui profite au moins à la croissance de leur encours de crédits.