Le solde ordinaire du Budget était déficitaire à hauteur de 0.6% du PIB en 2011. Cette année, il sera de -0.3%. Le niveau élevé des charges de compensation en est en grande partie à l'origine. On ne parle, surtout ces derniers temps, que du solde général du Budget pour souligner l'ampleur du déficit qu'il a enregistré en 2010 (-4,7%) et surtout en 2011 (-6,2%). Certes, c'est l'indicateur généralement le plus regardé, notamment par les médias. Il en est pourtant un autre tout aussi important dont l'on fait peu de cas, alors même qu'il détermine, dans une grande mesure, le résultat final de l'exercice budgétaire. Il s'agit du solde ordinaire, appelé également «Epargne de l'Etat». Lorsque les recettes, en principe seulement ordinaires (ce qui exclut celles provenant des privatisations), sont plus importantes que les dépenses ordinaires, l'Etat dégage une épargne qu'il destine au financement de la totalité ou d'une partie des dépenses d'investissement. Cinq années suivies d'excédents Quel est l'état du solde ordinaire du Budget marocain ? En vingt ans (1990-2010) celui-ci n'a enregistré que deux déficits : en 2002 et en 2005. A partir de 2011, cependant, le Budget a renoué avec le déficit du solde ordinaire : -0,6% du PIB, soit près de 5 milliards de DH. Idem pour 2012 où il est prévu d'atteindre -0,3% du PIB. Entre 1990 et 2001, les excédents réalisés s'expliquent aisément : c'était en gros la période des grandes privatisations, générant des recettes élevées, comme en 2001 avec la cession à Vivendi d'une partie du capital d'Itissalat Al Maghrib pour un montant de plus de 21 milliards de DH. Et comme à l'époque, l'on se souciait peu des normes budgétaires selon lesquelles les recettes de privatisations devaient être considérées comme des recettes exceptionnelles, donc ne devant pas influencer le niveau du déficit, il était loisible d'obtenir des soldes ordinaires excédentaires. Mais, par la suite, les excédents ont surtout été le résultat d'un bon comportement de l'économie, générant des recettes, fiscales notamment, comme en 2008 par exemple. Il faut rappeler qu'entre 2003 et 2009, le taux de croissance moyen du PIB a été de 5% par an. Pourquoi la réapparition du déficit ordinaire en 2005 puis en 2011, alors même que le PIB a augmenté de 5% ? Tout simplement en raison de l'importance de l'enveloppe de compensation qui a représenté…6% du PIB ; l'extraordinaire renchérissement des prix des matières premières, notamment énergétiques, étant à l'origine de l'explosion des charges de subvention. Sans cela, le solde ordinaire aurait été excédentaire et même le solde global aurait été presque à l'équilibre (-0,2%) !