L'augmentation des rémunérations dans le public devrait coûter 8,4 milliards de DH par an (salaires et charges), hors promotions internes. Augmentation du Smig : 2,6 milliards de DH comme surcoût chez le privé. Pensionnés de la CNSS et de la CMR : respectivement 300 et 150 MDH additionnels par an. C'est une belle moisson pour les syndicats et les salariés que les résultats du dialogue social, couronnés par l'accord du 26 avril 2011 (voir en encadré les principales mesures) signé par le gouvernement, les syndicats et le patronat. Bien sûr, les difficultés, de fin de mois notamment, ne vont pas disparaître pour tous et tout de suite – sinon les syndicats n'auraient même plus de raison de continuer à exister. Mais l'effort est conséquent, en particulier en direction des personnels opérant dans le secteur public. Et il est d'autant plus conséquent que la conjoncture ne s'y prêtait guère. C'est que la donne a complètement changé depuis le début de cette année, après les soulèvements en cascade dans le monde arabe. Les considérations strictement budgétaires, qui auraient pu, en temps normal, entrer fortement en ligne de compte pour refréner les ardeurs des uns et des autres, ont été cette fois quelque peu mises en veilleuse. Alors même que l'inflation au Maroc est depuis longtemps maintenue à des niveaux extrêmement faibles, officiellement en tout cas, les salariés du secteur public ont obtenu une hausse de leur salaire (moyen) de 7,5%, sans doute plus si on raisonne en terme de revenu. Ce niveau d'augmentation représente trois fois celui de l'inflation. Et ceci intervient après des augmentations et des revalorisations en 2007, en 2009 et en 2010, sous différentes formes. C'est tant mieux pour les salariés. Cela devrait «revenir» dans les caisses de l'Etat sous forme de TVA (qui se porte bien d'ailleurs), via une augmentation de la consommation. Mais en attendant, le gouvernement doit délier sa bourse pour payer les fonctionnaires à partir du 1er mai de cette année. Selon des estimations, le coût des seules augmentations des rémunérations (de 600 DH nets par mois) s'élèverait à quelque 7,2 milliards de DH. Comme cette augmentation est nette, il faut donc ajouter les charges soicales : elles seraient d'environ 1,2 milliard de DH. 200 MDH pour les 2 000 salariés de la RATC, 250 MDH pour l'IPE Cela fait donc 8,4 milliards de DH pour les salaires. Et ceci sans compter les retombées financières des promotions internes des fonctionnaires de 28 à 30% à partir du 1er janvier 2011 et de 30 à 33% à partir du 1er janvier 2012, ainsi que de la création d'un grade supplémentaire pour certaines catégories bloquées dans leur situation faute de moyen juridique de les faire normalement avancer. C'est pourquoi, d'ailleurs, le «chiffrage» de toutes ces mesures n'est pas totalement achevé. Toujours dans le secteur public, le relèvement de la pension minimale de 600 DH à 1 000 DH pour retraités de la Caisse marocaine des retraites (CMR) devrait coûter entre 120 et 150 millions de DH, selon les premières estimations (l'évaluation est en cours). Pour le régime collectif d'allocation de retraite (RCAR), qui gère les retraites des établissements publics, des collectivités locales et celles du personnel non titulaire des administrations publiques, on ne connaît pas le montant des charges additionnelles qui découlerait du relèvement de la pension minimale. Rappelons seulement que ce régime gère quelque 100 000 pensionnés et que la pension moyenne y est d'environ 1700 DH, soit un niveau largement supérieur à celui de la CNSS (1115 DH). Il ne s'agit ici que de moyenne, faut-il s'empresser de le préciser. Last but not least, signalons également les 250 millions de DH que l'Etat prendra en charge au titre du lancement de l'indemnité pour perte d'emploi (voir article en page 12), ainsi que 200 millions de DH pour le règlement de la situation de quelque 2 000 salariés de la RATC (régie autonome des transports de Casablanca) et de leurs ayants droit. S'agissant du secteur privé, le relèvement de la pension à 1000 DH devrait concerner, selon le ministre de l'emploi, Jamal Ghmani, une population de pensionnés de plus de 111 400 personnes. Quel en sera le coût pour la CNSS ? Contrairement au chiffre publié par un quotidien, lundi 2 mai (1,4 milliard), la réévaluation de la pension générera une charge additionnelle de l'ordre de 300 millions de DH par an, selon le ministre de l'emploi (tutelle de la CNSS). Les entreprises, enfin, supporteront la hausse de 15% en deux tranches du Smig. Combien cela leur coûtera-t-il ? Sur la base des déclarations officielles à la CNSS, 35% des actifs du régime général, soit 723 786 personnes, touchent un salaire inférieur au Smig. Si on ne tenait compte que de ceux-là, l'augmentation de 15% du Smig coûterait 2,6 milliards de DH nets. Si on a bien fait nos calculs, ce sont quelque 12 milliards de DH qui seront injectés dans les revenus des salariés, tous secteurs confondus, hors promotions internes.