Dans la foulée de la dynamique politique et sociale que connaît le Maroc, le Premier ministre a pris l'initiative de convoquer les premiers responsables des cinq centrales syndicales les plus représentatives (UMT-UGTM-FDT-CDT-UNMT), après le round du dialogue social lancé la semaine dernière. La rencontre, qui n'était pas programmée selon le quotidien istiqlalien « Al Alam », est destinée à fixer les revendications prioritaires en vue de leur satisfaction. Dans ce cadre, le gouvernement El Fassi a peaufiné une batterie de 17 mesures qu'il soumettra à l'avis des syndicats. Les propositions de l'Exécutif tournent autour de l'augmentation générale des salaires dans la Fonction publique (500 DH pour tous les fonctionnaires), à partir du premier juillet 2011, par une rectification de l'actuelle Loi des Finances. Cette mesure coûtera 7 milliards de dirhams au Trésor, selon le gouvernement. Dans la même lancée, le SMIG sera relevé de 10% dans le secteur privé, alors qu'il subira, annuellement et automatiquement, une hausse de 2%, en instaurant l'échelle mobile des salaires. Parallèlement, le gouvernement propose d'augmenter la part de la promotion des fonctionnaires à 30% cette année et à 33 % en 2012. 3 milliards DH seront consacrés pour la satisfaction des dossiers revendicatifs en suspens dans les secteurs de l'Enseignement, la justice et des ingénieurs. S'agissant des retraites, il est proposé de relever le seuil minimum de 600 DH actuellement à 1 000 DH, de créer d'autres niveaux de retraite (en liaison avec le projet de l'âge de la retraite à 62 ans) et de revoir la loi de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, notamment la seuil des 3240 jours de cotisation, indispensables pour prétendre à une pension. De même, à partir de juillet 2011, le gouvernement propose de relever les pensions minimales versées de 33%, ce qui profitera à 60 000 retraités grâce à une enveloppe budgétaire estimée à 480 millions de dirhams. Dans ce même registre, d'autres catégories sociales bénéficieront de la protection sociale de la CNSS, dont notamment les 300 000 professionnels du transport et les 45 000 salariés du secteur de la pêche traditionnelle. Sur le plan économique et social, des mesures sont proposées pour venir en aide aux entreprises en faillite, objet de liquidation judiciaire et financière, par l'instauration d'une assurance, et aux personnes ayant perdu leur emploi (Loi sur l'indemnisation). Le gouvernement a donné également son accord pour la ratification de textes et conventions réclamés par les syndicats ((libertés syndicales, ouvriers agricoles, article 288 du Code pénal, décrets d'application du Code du travail, etc.). Dans ce cadre, Abass El Fassi a promis de résoudre le vieux conflit de la RATC de Casablanca, par la signature, la semaine prochaine, du procès verbal en question, qui stipule un montant de 200 millions de dirhams pour résoudre ce litige. Enfin, le Premier ministre a décidé, dans le cadre de ces négociations, de préparer un projet d'habitat social au profit des travailleurs du secteur public. Voilà pour ce qui est des propositions du gouvernement. Reste à savoir l'attitude des syndicats, dont quelques uns avaient jugé insuffisante l'offre officielle. Il faudra donc attendre les prises de positions pour voir si la recette d'El Fassi aboutira à une paix sociale pour une certaine période.