L'état végétatif des emblavements précoces et semi-précoces du mois de novembre est en général bon. Sensible retard dans les régions de Rhamna, Chichaoua, Kelaà¢t Sraghna et du plateau des phosphates. Les précipitations de mars tant attendues par les agriculteurs pour terminer le cycle ont eu un impact positif sur la plupart des régions de production céréalière. L'état végétatif des emblavements précoces et semi-précoces du mois de novembre est en général bon et le stade végétatif dominant actuellement est la floraison. «Quant aux semis tardifs effectués courant décembre qui représentent 25 à 30% des superficies dans la Chaouia, par exemple, ils sont dans un état médiocre, avec un début d'amélioration suite au redoux et aux dernières pluies», indique Abdelilah El Amile, céréaliculteur de la région d'Ouled Ziane. Les rares déceptions de cette campagne sont enregistrées dans des régions comme Rhamna, Chichaoua, Kelaât Sraghna et le plateau des phosphates où les champs sont irréguliers et la taille des cultures comprise entre 30 et 40 cm. Malgré tout, les agriculteurs espèrent que les rendements seront meilleurs qu'en 2009-2010 et la production totale sera à l'avenant, d'autant plus que les superficies emblavées en blé dur, blé tendre et orge sont en hausse de 3% à 4,93 millions d'ha. Sans le retard dans la mise en place des cultures et le non-respect de l'itinéraire technique, notamment chez les petits producteurs, la campagne aurait été plus prometteuse. Selon des agriculteurs, les retards dans la mise en place des cultures sont dus à l'insuffisance des semences sélectionnées due à une forte demande, plus importante et regroupée que prévu. Ainsi, le disponible chez Sonacos, environ 1,1 Mq, n'a pas suffi à faire face à la demande et le fournisseur national a dû s'approvisionner en bon à semer chez des producteurs. Toutefois, les mêmes sources signalent que les prix de cette année sont restés presque stationnaires grâce à une subvention représentant entre 31 et 38 % du montant facturé. Les semences sélectionnées victimes de leur succès Rappelons que les subventions de la campagne précédente avaient fortement abaissé le prix des semences sélectionnées par rapport à 2008-09, les ramenant presque au prix du commun, encourageant les agriculteurs à s'approvisionner en semences sélectionnées et battant par la même occasion les records des ventes des années précédentes. Autre raison expliquant le retard des semailles, les blés de bonne qualité ont été achetés en masse par des minoteries de l'Oriental et de Fès, ce qui a réduit les stocks des producteurs en semences communes. Ce retard ajouté aux fortes précipitations juste après levée ont empêché le développement d'un système racinaire normal et entraîné un faible tallage. Forte spéculation sur les engrais azotés A ces goulots d'étranglement s'ajoutent des problèmes techniques récurrents. Le premier des facteurs impactant négativement l'état des cultures est la faible utilisation des engrais de couverture en raison de la flambée habituelle des prix après les pluies. Ainsi, le prix de l'ammonitrate (33% d'azote) a dépassé 350 DH/q contre 300 DH juste avant, et celui de l'urée (46% N) a augmenté de 23% à 430 DH. Le deuxième problème concerne la sous-utilisation des engrais. Concernant les engrais de fond, trois nouvelles formules mieux adaptées aux différentes régions de production ont été élaborées sur la base de la carte de fertilité des sols par le groupe OCP et commercialisées par la Sonacos. Elles sont destinées dans un premier temps aux producteurs de blé des régions du Gharb, Chaouia, Tadla et Doukkala. Cependant, les ventes ont été trop faibles suite au retard de leur mise sur le marché et du faible effort de communication. C'est ainsi que sur les «250 000 q disponibles, seulement 40 000 à 50 000 ont été vendus entre 300 et 350 DH/q», fait savoir Abdellatif Radi de la Sonacos. En outre, il est indéniable que le désherbage des céréales est une opération capitale et inévitable pour l'obtention d'un bon rendement. Cependant une grande partie des petits agriculteurs néglige cette intervention, soit par ignorance de ses effets dépréciateurs, soit par manque de moyens financiers en plein milieu de la campagne. En ce qui concerne les traitements fongicides, très peu d'agriculteurs y ont recours même si leur nombre augmente chaque année au vu de l'impact qu'ils constatent sur les rendements et sur le poids spécifique de la récolte. Encore plus rares sont ceux qui procèdent à un programme à deux traitements. Dans ce cas, comme pour le programme à un seul traitement, les pulvérisations ont été interrompues dernièrement en raison des précipitations ayant empêché l'accessibilité aux champs et reprendront après ressuyage. Il est enfin relevé que la céréaliculture reste sous-mécanisée, malgré les 2 milliards de DH injectés durant les trois dernières années par le Fonds de développement agricole (FDA) dans la filière. Les ventes de tracteurs, principal indicateur du taux de mécanisation, ont chuté de 44% entre 2009 (6 791 ) et 2010 (3 832) contre une hausse de 39% entre 2008 et 2009. Selon un ingénieur, la baisse de cette année serait expliquée par la refonte du système de subvention agricole qui s'est traduite par la baisse des taux de subventions pour les particuliers et son maintien pour les agriculteurs agrégés. En plus de cette baisse, les agriculteurs déploraient une procédure compliquée constituant une entrave à l'acquisition de matériel neuf, procédure simplifiée dernièrement mais tardivement par rapport aux mois de forte demande c'est-à-dire septembre et décembre.