Les cultures ont bien résisté à la longue période d'arrêt des précipitations. La sous-mécanisation et l'insuffisance des moyens financiers empêchent les petits agriculteurs de respecter l'itinéraire technique. Pour la plupart des agriculteurs, la campagne actuelle a commencé sous de bons auspices. Malgré une période sans précipitations, les cultures ont bien résisté et les champs sont globalement dans un état végétatif satisfaisant. De plus, les dernières précipitations ont redonné un second souffle aux champs les plus sensibles (à faible capacité de rétention) et conforté les superficies en sols lourds. En conséquence, les travaux de saison battent leur plein et les agriculteurs finissent les opérations qu'ils n'ont pas encore terminées. Contrairement à des régions comme le Gharb où la mise en place des cultures a été groupée, les semis ont été étalés dans le temps dans d'autres régions comme Chaouia et Rhamna. Ainsi, les emblavements les plus précoces ont commencé avant les pluies de fin novembre et sont actuellement au stade montaison. Les plus tardifs, pour leur part, ont été effectués jusqu'à la mi-décembre et ne sont qu'au stade tallage. Plusieurs raisons ont contribué à cet étalement, dont la préparation tardive du sol et le manque de semences. En effet, dans de nombreuses régions, notamment Settat, les agriculteurs sont habitués à ne commencer les travaux qu'après les premières précipitations en raison d'un sol trop dur et d'une faible mécanisation. Le désherbage chimique, opération négligée Une autre raison expliquant en partie le retard est le manque de semences. En effet, suite à plusieurs années de subventions encourageantes, la demande cette année a dépassé les prévisions et le disponible de 1 million de quintaux n'a pas pu satisfaire les agriculteurs de nombreuses régions, ce qui a amené la Société nationale de commercialisation des semences (Sonacos) à s'approvisionner en bon à semer chez les céréaliculteurs. Dans les régions habituées aux désherbages céréaliers, les travaux ont déjà été effectués dans les semis précoces, et sont en cours d'achèvement dans les emblavements tardifs. Ailleurs, et dans la plus grande part des 5 millions d'hectares emblavés, cette opération est peu pratiquée malgré des dégâts pouvant réduire sérieusement le rendement. Sachant que les blés (dur et tendre) représentent près des 2/3 des superficies emblavées annuellement, il faut signaler que seuls 20% d'entre elles (les orges ne sont pas désherbées) sont traitées annuellement contre les dicotylédones et 2,5% contre les graminées. Les freins sont essentiellement un manque d'encadrement de nature à convaincre les agriculteurs de l'intérêt de cette opération, de même que le sous-équipement en matériel de traitement, la faible utilisation des semences sélectionnées et le recours sur 75 à 80% des superficies aux semences communes contenant des graines d'adventices (mauvaises herbes). Le prix des ammonitrates a augmenté de 15% dans certaines régions Les petits agriculteurs ne disposant pas des moyens nécessaires peuvent recourir à la location, mais le plus souvent les travaux réalisés ne répondent pas aux normes, l'opération exigeant une grande technicité et la qualité étant sacrifiée en faveur de la rapidité. Quant à la fertilisation de couverture, elle est soit terminée pour les régions et parcelles les plus précoces soit en cours pour les autres. Généralement, il est recommandé de l'effectuer avant le désherbage pour éviter la concurrence des adventices. Il faut rappeler que la production céréalière nécessite deux types d'apports pour assurer un bon rendement. Ce sont d'une part les engrais de fond apportés avant ou avec le semi et calculés selon les rendements escomptés en cas d'absence d'analyse du sol. D'autre part, il y a les engrais azotés de couverture, directement proportionnels aux précipitations et aux attentes de rendement. La plupart des agriculteurs en zones bour favorable sont habitués à ces apports et se ruent sur les ammonitrates (33,5% d'azote) dès les premières précipitations hivernales. La demande forte et groupée entraîne une flambée des prix qui se produit annuellement à la même période. Ainsi, le prix du quintal est passé de 300 à 320 puis à 350 DH selon les régions, sans aucune justification. Les producteurs sont donc obligés de réduire quelquefois de moitié les quantités apportées, ce qui se reflète sur le rendement par une baisse de 5 à 10 quintaux par hectare, soit une perte sèche de 1 300 à 2 600 DH/ha. Cette sous-utilisation d'engrais impacte négativement le rendement céréalier national et la teneur des grains en protéines (facteur important pour les minotiers et la fabrication de pain ou pâtes). Malgré tout, on peut dire que la campagne se déroule favorablement et qu'elle promet de bons rendements.