Outre une bonne répartition géographique, le cumul des précipitations est au même niveau que pour une année normale. Les superficies emblavées en céréales sont en hausse par rapport à la même période de la campagne précédente. Après les semences, les agriculteurs pestent contre la cherté des engrais. Dans les campagnes, l'ambiance est à l'optimisme. La raison en est que ces derniers jours ont été particulièrement pluvieux. «Tout le monde a eu droit à sa petite dose», indique Mohammed Bellouchi, chargé de mission communication et relations publiques auprès de la direction générale de Maroc Météo. Ces précipitations très attendues ont permis aux agriculteurs de terminer la préparation des sols ou de commencer les travaux. Déjà , les pluies de fin novembre étaient bénéfiques aux semis les plus précoces et aux retardataires qui ont poursuivi les emblavements jusqu'à la mi-décembre. Si le climat reste favorable, on est en droit de s'attendre à une bonne campagne céréalière. D'après les dernières statistiques de la direction de la protection végétale au ministère de l'agriculture, la campagne évolue sur de bonnes bases. Au 24 décembre, le cumul pluviométrique moyen (chiffre provisoire) était de 130 mm, égalant celui d'une année normale (moyenne de 30 ans). Plus important, par rapport à la moyenne des 5 dernières années, ce cumul est plus élevé et, surtout, les pluies ont été à la fois généralisées et sont tombées au bon moment, ce qui justifie l'optimisme. Les superficies travaillées ont atteint, au 13 décembre, 4,3 millions d'ha, soit une augmentation de 23% par rapport à la campagne précédente et de 13% par rapport à la moyenne des 5 dernières campagnes. A la première décade du mois, 3,3 millions d'ha avaient été emblavés, soit une hausse de 38% par rapport à l'année dernière. Au ministère de l'agriculture, on prévoit que les superficies céréalières seront du même ordre que pour une année normale (plus de 5 millions d'ha). En dépit du retard concédé, ceci est fort probable. D'ailleurs, à en croire Abdelilah El Amile, agriculteur dans la région d'Ouled Zidane, «les superficies mises en valeur seront plus élevées que d'habitude dans la majeure partie de la Chaouia, sachant que les producteurs ont emblavé presque toutes leurs terres, les considérant comme en jachère après une année de sécheresse». Plusieurs professionnels pronostiquent en revanche une baisse de la superficie globale emblavée, entre autres en raison du manque de moyens des agriculteurs et de l'insuffisance des semences au moment des emblavements. Le calendrier de financement mieux ficelé par le Crédit agricole Sur le terrain, Wadià® Krafess, producteur du Gharb, indique que l'état général des cultures est bon et que les champs les plus précoces sont au stade du début du tallage. Cependant, contrairement aux semis plus tardifs, ces emblavements sont envahis par les mauvaises herbes qui ont poussé en même temps. Il est donc nécessaire de les traiter dans les meilleurs délais pour leur assurer un développement normal. Il reste que l'accès du matériel de traitement aux champs est très difficile après les pluies et qu'il faut en moyenne une semaine pour le ressuyage des sols. Pour ces champs les plus précoces, les opérations urgentes sont le désherbage et l'apport d'engrais azotés de couverture (urée, ammonitrates). «Ces apports sont d'autant plus importants que la plupart des agriculteurs de la Chaouia ont emblavé leurs champs sans engrais de fond, soit par manque de moyens soit par crainte d'une campagne identique à la précédente et comptent se rattraper sur les engrais de couverture», explique M. El Amile. Le hic est que beaucoup d'agriculteurs n'ont pas les moyens de se payer des engrais azotés vendus très chers en raison de l'augmentation du coût de la matière première, totalement importée, et de la spéculation engendrée par la forte demande consécutive aux récentes pluies. Ainsi, les prix des ammonitrates (33,5% d'azote) sont passés de 270 DH le quintal chez les détaillants à 320 DH actuellement avec des risques d'augmentation, alors qu'en 2006-2007, ils ont varié entre 210 et 280 DH. L'urée (46% d'azote) a suivi une trajectoire identique. Non seulement les prix sont jugés élevés, mais les agriculteurs se plaignent du manque de contrôle de la qualité des produits dont les taux nominaux ne seraient pas respectés. Les agriculteurs souhaiteraient que l'Etat intervienne pour réguler les prix des intrants Ils souhaiteraient, en outre, l'intervention de l'Etat pour réguler les prix des intrants qui ne cessent d'augmenter alors que le prix de référence pour la vente de leurs blés est fixé à 250 DH le quintal depuis plus d'une décennie. Ce problème financier constitue le principal souci des agriculteurs. A ce niveau, il y a toutefois une lueur d'espoir : le Crédit agricole commence à étaler le déblocage des prêts sur 3 tranches correspondant à l'évolution des travaux et des besoins des agriculteurs et évitant par la même occasion d'alourdir leur endettement en cas de mauvaise campagne. En résumé, l'état d'esprit général est plutôt à la bonne humeur pour le moment.