La situation n'est pas critique, les pluies précoces de septembre ont favorisé un bon travail du sol permettant d'espérer de meilleurs rendements. Semences, engrais, le prix des intrants a sensiblement baissé. Achaque début de campagne, c'est toujours la même question et les mêmes inquiétudes : la pluie sera-t-elle au rendez-vous ? Il suffit que les jours d'ensoleillement s'allongent pour que la hantise du retard pluviométrique et de la sécheresse revienne. Cette année, l'inquiétude est renforcée par un climat particulièrement chaud pour la saison. Certes, les nuits sont de plus en plus fraîches, mais le thermomètre dépasse allègrement les 24° en journée près des côtes et 30° à l'intérieur du pays. Faut-il commencer à s'inquiéter ? Peut-on déjà parler de retard ? A priori la réponse est non et bien des saisons agricoles ayant commencé de la sorte se sont achevées par un bon rendement. Baisse de 15% pour les semences de blé tendre Mieux, estiment les spécialistes, les précipitations précoces, de septembre et octobre, qui ont concerné toutes les régions agricoles du pays ont permis de lancer les travaux de préparation du sol dans de bonnes conditions. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, le climat chaud et sec qui a suivi est plutôt bénéfique pour la céréaliculture. Et ce ne sont pas les seules bonnes nouvelles de ce début de campagne. Le volume de semences disponible au niveau national a sensiblement augmenté, totalisant 1,2 million de quintaux contre 1,1 million pour la campagne précédente. Le prix des semences a, dans le même temps, connu une baisse consistante consécutive à l'augmentation des subventions de 15% pour les semences de blé tendre (130 DH/q contre 115 l'année écoulée) et de 17% pour le blé dur et l'orge (135 DH/q au lieu de 115). Selon certains professionnels, ces prix sont aussi tirés vers le bas par le cours des céréales sur le marché mondial. Cette baisse allant de 18 à 45% a eu pour conséquence d'inciter les agriculteurs à se ruer sur l'acquisition de semences sélectionnées et à liquider les semences communes qu'ils avaient gardées de leur précédente récolte, vu que la différence de prix entre les deux est assez faible (autour de 20% alors que d'habitude elle dépassait 50%) et compte tenu des avantages indéniables de cet important facteur de production. De même, d'après les agriculteurs, certains engrais aussi ont connu une baisse de prix importante qui s'explique par le fléchissement du prix du pétrole et du dollar. Ainsi, le prix du sulfate d'ammoniaque, très utilisé en engrais de fond, a connu une baisse de près de 35% (170 DH/q au lieu de 200 à 250 DH la campagne précédente). Autre engrais très utilisé, le diammonium phosphate (DAP), commercialisé par la Société nationale de commercialisation des semences (Sonacos), est resté au même niveau que la campagne précédente, soit 250 DH/q en moyenne, selon le coût du transport. De même, on note cette année que cette société a augmenté le nombre de points de vente. Elle a même acheminé les intrants jusqu'aux souks hebdomadaires par camions. Abdellatif Radi, responsable du centre de la Sonacos de Sidi Laïdi (région de Settat), explique ces interventions par «l'engagement à contribuer au Plan Maroc Vert (PMV) en assurant le disponible nécessaire en intrants, à des prix abordables et en rapprochant le produit des agriculteurs». Autre effet positif en ce début de campagne, les encouragements et subventions à l'acquisition de matériel agricole qui ont permis un travail précoce et de meilleure qualité. Les agriculteurs se plaignent toujours des intermédiaires Compte tenu de tous ces facteurs, les travaux de préparation du lit de semences (épandage et incorporation des engrais au sol) sont bien avancés et la plupart des agriculteurs n'attendent que la période des semailles, variable selon les régions. Cette période d'un mois et demi débute vers la fin octobre par la mise en place des cultures les plus précoces. Globalement, l'ambiance est bonne même si beaucoup d'agriculteurs regrettent le déroulement de la commercialisation de la production de la campagne précédente du fait que les prix de référence, pourtant fixés par le ministère de l'agriculture (250 DH/q pour le blé tendre) n'ont pas été respectés partout. Sans oublier que les agriculteurs du Gharb ont connu une campagne catastrophique due à l'excès de précipitations. Il est regrettable, estime Wadiî Krafess, producteur du Gharb, que les efforts consentis par le gouvernement (baisse des taux d'intérêt, subventions,…) et par les agriculteurs tout au long de la campagne soient handicapés chaque année par les pratiques malsaines qui prévalent sur le marché. Tous les producteurs en sont victimes et surtout les petits qui vendent leur récolte sur place à des intermédiaires peu scrupuleux passés maîtres dans la manipulation des prix et des bascules… En outre, les agriculteurs fondent beaucoup d'espoirs sur l'encadrement technique promis dans le cadre du Plan Maroc Vert.