En année normale, il faut 9 millions de quintaux de semences Le marché n'est aujourd'hui approvisionné qu'à hauteur de 50 % En dépit des aides de l'Etat, les importations sont trop faibles. A un mois environ du début des semis précoces, les céréaliculteurs sont inquiets. En effet, avec une production annoncée par le ministère de l'agriculture de 23,5 millions de quintaux, la campagne 2006-2007 a été l'une des quatre plus faibles des quarante dernières années. Par conséquent, quelle que soit la quantité de semences sélectionnées et de bons à semer collectée par la Société nationale de commercialisation des semences (Sonacos) et les quelques opérateurs privés (5 à 10% du marché), elle sera forcément insuffisante pour faire face aux besoins. Les chiffres définitifs n'étant pas encore disponibles auprès du ministère de l'agriculture, des professionnels estiment l'approvisionnement du marché à 50 % de celui d'une année normale, tous types confondus. Normalement, une campagne céréalière moyenne (5 millions d'ha emblavés) nécessite plus de 9 millions de quintaux, dont environ 7 % couverts en semences sélectionnées (660 000 q en moyenne) et près de 93% en semences communes (gardées par les producteurs sur leur production ou achetées sur le marché à d'autres agriculteurs). Ces dernières étant rares cette année chez les agriculteurs, les points de vente Sonacos et les centres de travaux connaissent une ruée sans précédent. Chez Sonacos, les quantités vendues sont inférieures à ce qui est effectivement demandé et les anciens clients sont servis en priorité. Cette démarche est motivée par la volonté d'éliminer du circuit les spéculateurs et autres intermédiaires. Même les livraisons aux centres de travaux du ministère de l'agriculture se font au compte-gouttes. Les semences communes sont vendues entre 350 et 500 DH/q Pourtant des mesures de soutien au secteur ont été prises pour cette campagne. Pour remédier à la flambée des cours sur le marché international, les variétés étrangères inscrites au catalogue officiel sont exonérées de droits de douane (en plus de la dispense de TVA) et des subventions accordées aux importateurs : 300 DH/q pour les semences certifiées destinées aux agriculteurs, 400 DH pour les semences de base et 500 DH pour le prébase destiné à la multiplication. Mais les quantités importées ont été très faibles. L'Etat a également accordé un soutien de 115 DH/q à la production nationale pour maintenir les prix de vente des semences sélectionnées et du bon à semer et fixé des prix (voir tableau) à appliquer aussi bien par les opérateurs privés qui désirent bénéficier des subventions et aides publiques que par la Sonacos. Anticipant cette pénurie, les producteurs, surtout en zone irriguée, font de la rétention en espérant des prix plus intéressants. Les semences communes sont vendues entre 350 et 500 DH/q, beaucoup plus cher que les semences certifiées. Echaudés par une année marquée par des revenus en baisse, les agriculteurs se plaignent du retard accusé par le Crédit agricole dans le déblocage de crédits. Faute de financement, la plupart des clients de cette banque n'ont pas encore commencé les achats de semences et fournitures. Le déblocage des crédits risque d'engendrer le groupage de la demande et une ruée sur les semences causant encore plus de pression sur les points de vente et sur les prix. Par ailleurs, la survenue espérée des premières pluies donne habituellement un coup de fouet à la demande en semences et autres intrants. Les premières précipitations ont un triple effet, celui de donner espoir aux agriculteurs qui voient là un présage de bonne campagne, de déclencher chez eux le réflexe de début des travaux préparatoires et d'humidifier les champs, ce qui permet la réalisation des travaux sur des sols durcis par 7 mois sans précipitations et compactés par le pâturage.