Les remboursements des bonus dont ont bénéficié les ménages économes ont atteint 158 MDH à fin octobre 2010. L'enveloppe globale dédiée à cette mesure est de 210 MDH. L'installation de lampes basse consommation a contribué à la modération de la demande. Il y a quatorze mois entrait en vigueur une des mesures d'économie d'énergie prévues dans le Plan national d'actions prioritaires (PNAP) : la tarification incitative et sociale dite modèle -20%/-20%. Le but était d'inciter les ménages et les patentés à réduire leur consommation mensuelle d'au moins 20% par rapport au même mois de l'année précédente, en contrepartie de quoi ils bénéficieraient d'une réduction sur leur facture suivante équivalente à 20% de la valeur de la consommation économisée. Les consommateurs ont-ils été sensibles à la campagne menée autour de cette mesure et, surtout, y ont-ils adhéré ? Oui, au vu du bilan de l'application de cette mesure, dressé par le ministère de l'énergie et des mines. En quatorze mois, en effet, les remboursements des bonus au profit des clients économes a atteint un montant de 158 MDH à fin octobre 2010, soit 75,2% de l'enveloppe globale dédiée à cette mesure. Il reste donc 52 MDH du montant global réservé à la tarification -20%/-20%. Si ce rythme de réduction de la consommation est maintenu jusqu'à fin 2012, date où prend fin cette mesure, faudra-t-il alors décider d'une rallonge «budgétaire» pour financer les bonus ! Précisons tout de même qu'un client ne peut bénéficier de bonus plus de 12 fois ! Or, que disent les chiffres du ministère ? Les 158 millions de DH de ristourne, en quelque sorte, ont bénéficié, en quatorze mois, à 9 172 231 clients. Comme il n'y a pas 9 millions de foyers mais seulement 5,5 millions environ, cela veut dire que des clients en ont bénéficié plusieurs fois. Il se pourrait même que la part de ceux qui ont cumulé plusieurs mois de bonus est supérieure à la part de ceux qui ont réduit leur facture de manière fortuite. Si cette hypothèse s'avérait exacte, les 52 MDH qui restent de l'enveloppe de financement de cette mesure pourrait suffire à couvrir la période qui nous sépare de 2012. 22 millions de LBC devraient être installées à l'horizon 2013 Rappelons ici que le financement de la tarification incitative et sociale est assuré par le Fonds de développement énergétique, doté d'un milliard de dollars (8 milliards de DH). Ce montant provient de dons octroyés par l'Arabie saoudite (500 millions de dollars) et des Emirats arabes unis (300 millions de dollars) ainsi que d'une contribution du Fonds Hassan II pour le développement économique et social (200 millions de dollars). Le plus important, à vrai dire, est que les 158 MDH de bonus correspondent à une économie d'énergie électrique de 900 GWh. Si on rapporte cette économie à la consommation de 2009 (qui était de 25 000 GWh), cela représente 3,6%. Ça a l'air de rien, mais lorsqu'on connaît les difficultés qu'éprouve parfois l'opérateur électrique, l'ONE, à couvrir la totalité de la demande, ce n'est pas si négligeable que cela ! Reste à savoir si ce bilan d'étape traduit une adhésion à la mesure du gouvernement, notamment par la mise en place d'actions volontaires de réduction de la consommation (achats d'équipements ménagers moins énergivores, par exemple) ou un effet de variations du climat ! Le ministère de l'énergie et des mines n'a pas, pour le moment, procédé à une analyse fine des données dont il dispose pour répondre à cette question. Une chose est sûre néanmoins : l'installation des lampes basse consommation (LBC), financées par l'ONE moyennant un prélèvement de 1 DH sur la facture, y a sans doute contribué pour beaucoup. Selon le directeur de l'électricité et des énergies renouvelables, Abderrahim El Hafidi, 4,7 millions de LBC ont été installées à ce jour. «D'ici la fin de l'année, nous espérons atteindre 5 millions de LBC», déclare-t-il. Théoriquement, 22 millions de LBC devraient être installées à l'horizon 2012/2013… Le tarif bi-horaire pour les ménages : pourquoi pas ! En fait, l'idéal serait que, après la fin de cette mesure de tarification incitative et sociale (ou simultanément), les pouvoirs publics mettent en place une autre action de réduction de la consommation, la tarification bi-horaire. Il s'agit tout simplement d'étendre aux ménages le système qui est déjà en vigueur pour la très haute tension (THT), la haute tension (HT) et la moyenne tension. Mais au lieu de trois plages horaires, comme pour ces dernières, les ménages en auraient deux : une pour les heures de pointe, facturée de telle sorte que l'on dissuaderait les usagers de faire fonctionner leurs équipements les plus énergivores, et une autre pour le reste de la journée. Cela permettrait d'écrêter la courbe de charge, soit le gros problème de l'opérateur électrique, moyennant le report de certaines tâches ménagères à des moments de la journée où la tarification redeviendrait normale, voire incitative. En France, par exemple, le système bi-horaire existe, et cela fonctionne bien. Grâce au développement technologique et à la coopération entre les opérateurs électriques et des télécommunications, le délestage des appareils électriques ménagers gros consommateurs, est actionné à distance par le distributeur lui-même lorsque ceux-ci sont branchés pendant les heures de pointe ! On en est encore loin, mais de l'avis des spécialistes, la tarification bi-horaire pour les ménages contribuerait grandement à soulager le réseau électrique national.