Elle leur permettra de réduire leur facture d'électricité Un bonus pour ceux qui baisseront leur consommation Nouvelle plage horaire, dite super pointe, pour les gros clients industriels. Une nouvelle gouvernance dans la consommation énergétique sera bientôt mise en place. Le plan prioritaire d'économie d'énergie, décidé en avril dernier, a été présenté mercredi 25 juin au Premier ministre par Amina Benkhedra, ministre de l'énergie et des mines. Et dans la mesure oà1 la facture énergétique explose, ce plan vise des objectifs réalisables à court terme (entre 2008 et 2012). Autrement dit, les résultats des actions à entreprendre doivent rapidement se faire sentir. Sept groupes ont été mobilisés autour de thématiques différentes mais toutes liées à l'efficacité énergétique (voir La Vie éco de la semaine dernière). Toutes sont évidemment importantes, mais celle qui «parle» directement aux consommateurs, grands ou petits, concerne une nouvelle tarification de l'électricité dite «tarification incitative». Celle-ci se décline en trois grandes actions. La première action porte sur l'introduction d'une tarification «super pointe», en plus des trois postes horaires déjà existants (heures de pointe, heures pleines et heures creuses). La mesure s'adresse aux grands clients (ou grands comptes) alimentés en haute tension (HT) et très haute tension (THT), comme les cimenteries, les aciéries, etc. Si un client HT ou THT s'efface pendant les heures de super pointe (18 h à 20 h en hiver et 19 h à 21 h en été, selon l'horaire GMT), il bénéficiera de réduction sur le prix du kWh. A noter que l'arrêté relatif à la tarification en super pointe est déjà signé, il sera bientôt publié au Bulletin officiel (B.O.). Le ministère de l'énergie et des mines et l'Office national de l'électricité (ONE), qui ont travaillé sur cette nouvelle tarification, estiment à quelque 90 MW le gain à réaliser par l'introduction du poste horaire super pointe. Pour donner la mesure de l'importance de cette mesure, il faut savoir que la Sonasid, par exemple, consomme à elle seule la moitié de la consommation d'une ville comme Marrakech. 20% de réduction si l'on consomme 20% de moins que le même mois de l'année précédente La deuxième mesure concerne cette fois le résidentiel et les patentés, donc la basse tension (BT). Pour cette catégorie de clients, c'est-à -dire la majorité des consommateurs d'électricité au Maroc, la formule incitative qui leur est concoctée consiste à leur offrir un bonus de 20% sur toute économie atteignant 20% ou plus sur sa facture. C'est «le modèle – 20 %/ – 20 %». Cela veut dire que dès que vous réalisez dans votre consommation du mois une économie de 20% ou plus par rapport au même mois de l'année précédente, vous bénéficiez d'une réduction de 20% sur votre facture. Ce bonus de 20%, c'est l'Etat qui le prend en charge et non pas les distributeurs. C'est en quelque sorte une manière de redistribuer aux consommateurs «méritants» une partie des gains d'économie d'énergie réalisés au travers de ce plan national. Des compteurs numériques pour les clients force motrice qui le désirent Enfin, la troisième action entrant dans le cadre de la tarification incitative concerne la mise en place d'un tarif bi-horaire optionnel pour la force motrice (c'est-à -dire les clients utilisant l'électricité pour alimenter des appareils d'ateliers, agricoles comme les motopompes, ou ménagers comme les lave-vaisselle et lave-linge, etc.). Cette clientèle aura le choix de faire fonctionner ses machines comme elle le fait aujourd'hui et donc continuer à payer cher l'électricité, ou bien s'effacer pendant les heures de pointe et réserver sa consommation aux heures creuses et ainsi bénéficier d'un kWh à prix réduit. Pour cela, des compteurs numériques (déjà existants chez les industriels) seront installés chez les clients force motrice qui le souhaitent (car la mesure est optionnelle). Mais une question reste tout de même posée : la mise en place de compteurs électroniques suffira-t-elle, en elle-même, à discipliner les consommateurs, ou bien ne serait-il pas plus indiquer de prévoir d'autres aménagements électriques permettant, une fois l'option choisie, de bloquer le fonctionnement des appareils pendant la pointe ? Cette mesure de tarification incitative, c'est évident, est directement liée à une autre action de gestion de la demande, à savoir l'introduction de lampe basse consommation (LBC). Tout un groupe de travail est dédié à cette action, tant il est vrai que la généralisation des LBC contribuera sans doute à alléger la facture des consommateurs et donc à écrêter la courbe de charge. Selon les estimations réalisées par l'ONE, le remplacement des lampes à incandescence par des LBC peut générer des économies d'énergie de l'ordre 200 MW (en termes d'effacement de production à la pointe) et un gain annuel de 150 millions de dirhams. C'est évidemment beaucoup, surtout lorsqu'on sait que cela viendrait en supplément de ce qui devrait être réalisé sur d'autres volets de la gestion de la demande comme les mesures en cours d'élaboration concernant l'obligation pour les promoteurs immobiliers d'installer des chauffe-eau solaires pour les nouvelles constructions, ou encore celles concernant les panneaux de signalisation et l'éclairage public.