Une onde de choc secoue l'Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), institution affiliée au ministère du Transport et de la Logistique. Le procureur général près la Cour d'appel de Rabat a récemment transmis un dossier explosif à la juge d'instruction chargée des crimes financiers. Ce dossier met en cause un réseau de 16 individus, accusés de crimes graves tels que la constitution d'une organisation criminelle, la falsification de sceaux de l'État, le trafic de voitures, le détournement de fonds publics et la falsification de documents officiels. Initialement composé de 17 membres, le réseau a vu les charges abandonnées contre l'un des suspects. Parmi les personnes impliquées figurent des fonctionnaires de la NARSA. Jeudi dernier, la Brigade régionale de la police judiciaire de Rabat a présenté les membres de ce réseau au procureur général. Les accusés, originaires de Tétouan, Martil, Tanger et Fès, sont visés par une plainte déposée par un employé d'un centre d'immatriculation des véhicules. Ce dernier a révélé un système frauduleux complexe permettant le trafic de voitures de luxe en provenance d'Europe, revendues par la suite à des hommes d'affaires et entrepreneurs. Ces activités illicites s'appuyaient sur la falsification de cartes grises obtenues de manière illégale. Parmi les accusés, cinq responsables des services de la NARSA à Tétouan et un chef de service à Martil sont accusés de falsification de documents de véhicules, notamment en modifiant les numéros de châssis et en émettant de nouvelles cartes grises en usant de procédés douteux. Selon des sources proches de l'enquête, les suspects ont été identifiés et arrêtés grâce à des investigations judiciaires et techniques approfondies. Ils ont été déférés en liberté provisoire devant le procureur général à Rabat, conformément aux instructions initiales du procureur général de Tétouan, qui avait détecté des indices probants de détournement de fonds publics. Ce transfert de compétence a permis à la justice au niveau de la capitale de prendre en charge cette affaire d'envergure. Les accusés, pour leur part, nient en bloc les faits reprochés. Certains d'entre eux ont déclaré que la plainte initiale serait motivée par des règlements de comptes personnels. Malgré ces dénégations, les éléments de preuve collectés semblent confirmer l'existence d'un réseau bien structuré. La plainte déposée comprend des informations précises sur la falsification des numéros de châssis des véhicules, mettant en lumière des pratiques frauduleuses ayant permis à certains responsables de la NARSA d'amasser des fortunes considérables. Ces derniers auraient agi avec la complicité de fonctionnaires territoriaux et de responsables au siège central de l'Agence. Parmi les mis en cause figure également un président de commune dans la province de Tétouan. Le parquet général s'intéresse particulièrement aux gains financiers générés par ces activités illégales. Des investigations approfondies visent à évaluer les richesses accumulées par les membres du réseau, bien au-delà de leurs salaires et indemnités professionnels. Dans le cadre de cette enquête, la juge d'instruction de la cinquième chambre de la Cour d'appel de Rabat a adressé des requêtes à la NARSA, Bank Al-Maghrib et d'autres institutions clés. L'objectif est de recueillir des informations détaillées sur les biens et les revenus des accusés. Ces investigations visent à rassembler suffisamment de preuves pour étayer les accusations portées contre les suspects et démanteler définitivement ce réseau criminel. Ce scandale, d'une ampleur sans précédent, place la NARSA au centre d'une tempête judiciaire qui pourrait profondément bouleverser le fonctionnement de l'institution et sa crédibilité.