Le porte-parole du gouvernement Mustapha Baitas, a défendu, jeudi 23 janvier, lors de la conférence de presse hebdomadaire, «les efforts déployés par l'exécutif» pour lutter contre l'inflation tout en attribuant ses principales causes «à des facteurs externes.» Selon lui, «le Maroc connaît actuellement une baisse générale des prix à l'exception de quelques produits de consommation courante.» M. Baitas a expliqué que les tensions inflationnistes «résultent principalement de la pandémie de Covid-19, qui a bouleversé les chaînes d'approvisionnement mondiales, de sept années consécutives de sécheresse et de la réduction du cheptel national.» Ces éléments, a-t-il affirmé, «ont fortement affecté l'économie nationale et contribué à la hausse des prix.» Le porte-parole a également mis en avant les mesures financières et structurelles engagées par le gouvernement pour soutenir le pouvoir d'achat. «Le Maroc est le seul pays à soutenir les chaînes de production en amont, notamment en subventionnant les intrants agricoles pour les légumes les plus consommés», a-t-il déclaré. Il a rappelé les aides (suspendues depuis avril 2024) accordées au secteur du transport, les subventions de la Caisse de compensation ainsi que les programmes d'appui social mis en place pour atténuer les conséquences de l'inflation. Les vraies causes sont ailleurs M. Baitas fait mine d'ignorer les vraies causes de l'inflation. Le marché marocain reste gangrené par des pratiques spéculatives qui aggravent artificiellement les prix à la consommation. Les intermédiaires, souvent hors de tout contrôle fiscal et réglementaire, exploitent les failles du système pour gonfler leurs marges, provoquant une hausse disproportionnée des coûts. «Par exemple, entre la sortie des produits agricoles des exploitations et leur arrivée chez le consommateur, les prix sont multipliés par deux, voire par trois, en raison d'une chaîne d'intermédiaires qui échappent à toute régulation efficace», a dévoilé récemment l'opposition au Parlement. Ces distorsions ne sont pas dues à des pénuries réelles ou à des coûts de production élevés, mais à une logique spéculative alimentée par un manque de transparence sur les marchés. «Dans ce contexte, l'absence d'une politique publique stricte pour réguler et surveiller les circuits de distribution alimente un sentiment d'injustice économique. Les plus modestes, déjà fragilisés par la hausse du coût de la vie, en subissent les conséquences directes», a-t-on rapporté. Les spéculateurs, en exploitant la volatilité des prix et les déséquilibres de l'offre et de la demande, parviennent à imposer leur loi sur des marchés-clés, comme ceux des produits alimentaires ou des matériaux de construction. «Cette situation est d'autant plus intolérable que l'Etat, tout en mettant à disposition d'importantes ressources pour subventionner des secteurs stratégiques, ne parvient pas à briser ce cercle vicieux», avait accusé la députée Fatima Tamni. En ignorant cet enjeu crucial dans son discours, le gouvernement de Aziz Akhannouch semble refuser d'attaquer le problème à sa racine. Sans une réforme en profondeur du système de distribution, accompagnée de mécanismes de contrôle renforcés et de sanctions contre les pratiques spéculatives, les mesures actuelles, timides, risquent de rester insuffisantes. Face à une population qui s'interroge sur l'efficacité des politiques publiques, «cette complaisance envers les acteurs informels et véreux du marché ne peut qu'attiser encore la colère et la défiance envers les institutions», craint le PPS.