Deux ex-gloires, de deux générations différentes, sont est en train de vivre aujourd'hui des moments difficiles. On ne parle pas uniquement du côté matériel, mais d'un point de vue moral, ils sont mal en point. Suivez La Vie éco sur Telegram Quand la santé vous lâche, rien ne va plus. Tout devient sans importance sauf l'évolution du corps souffrant. Prenons le cas de Mustapha El Biyaz, ex-joueur du Raja et des Lions de l'Atlas. En plus de sa réputation de «beau-gosse», il est sans aucun doute l'un des meilleurs défenseurs de tous les temps au Maroc et en Afrique. Le stoppeur le plus exigeant que vous puissiez trouver sur le terrain, à l'époque. On le surnommait Mustapha Sakhra (le Roc). Il figurait parmi la glorieuse équipe du Maroc à la Coupe du monde Mexico 1986 et a contribué au fameux premier passage d'un pays africain et arabe au deuxième tour, à la tête de son groupe. Sur le continent, El Biyaz était la bête noire des grands attaquants africains de l'époque comme Roger Milla (Cameroun), Houssam Hassan (Egypte), Abdullah Traoré (Côte d'Ivoire) etc. Aujourd'hui, et depuis des années déjà, c'est à peine si on se souvient de lui, parce qu'il a disparu des médias. Carrément. Jusqu'à ce que l'on le retrouve sur Facebook, méconnaissable mais toujours bien dans sa peau, calme et souriant, avec son impressionnante chevelure en moins. L'autre joueur, plus jeune qu'El Biaz, c'est Reda Riyahi. Et puis côté technique, Reda avait le bagage complet de l'attaquant. Dribbleur d'élite, il est également bon passeur et bon shooteur. Ses tirs étaient souvent esthétiques et plutôt efficaces, quel que soit l'angle. Karembeu champion du monde (France 1998), Roberto Carlos, Fernando Hierro, avec le Real en ce janvier 2000, lors du Mondialito au Brésil, avaient souffert contre le Raja mené par un maestro en la personne de Reda Riyahi. Bien sûr, ses coéquipiers étaient des virtuoses presque autant que lui (Mustapha Moustaoudaa, Hamid Nater, Bouchaib Lembarki, Zakaria Abboub...), mais le poumon de l'équipe c'était Reda. Le sérieux, la rigueur, la technique et l'envie de gagner. Hélas, le temps passe et, comme beaucoup de joueurs, il sombre dans l'oubli. Reda Riyahi, âgé à peine de 51 ans, paraît dans ses dernières apparitions bien plus vieux que son vrai âge. Ce n'est pas pour faire de l'aumône sentimentale, mais ces gens ne méritent pas qu'on les oublie, comme des enfants mal aimés dont on oublie l'anniversaire. En réalité, ces anciens joueurs mériteraient bien un peu plus de reconnaissance, et c'est très triste de les voir oubliés, voire ignorés . Qu'on parle d'eux à l'occasion, qu'on les approche, qu'on leur rende hommage ! Et pourquoi ne pas leur consacrer des séquences qui rappelleraient aux générations actuelles la grande technique, la passion du ballon rond et les prouesses extraordinaires de leurs prédécesseurs. Plusieurs grandes gloires du ballon rond ont disparu de la scène sans même un match de gala en leur honneur à l'instar d'Abdelmajid Dolmy (Raja), Hamid Jnina (KACM), Mohamed Bono (MAS), Mustapha Moustawdaâ (Raja) et la liste n'est pas exhaustive... On l'a bien vu sur les réseaux sociaux, que même avec la bienveillance de la FRMF et de son président, les quelques visites de rares ex-collègues, dirigeants et amis, restent insuffisantes au vu de l'état moral, dominé par une certaine amertume, de ces joueurs. Oui, tout compte fait «on fait ce qu'on peut, mais il y a la manière », comme disait Jacques Brel.