Les nouvelles tendances de la mobilité sont devenues un sujet majeur pour les assureurs et sont soumises à plusieurs grandes contraintes techniques et réglementaires. Elles imposent aux professionnels de repenser leur business model actuel. La 9e édition du Rendez-vous de Casablanca de l'assurance, organisée, les 8 et 9 mars, par la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR) sur la thématique «Assurance automobile entre progrès technologiques et évolutions des mobilités» a été l'occasion pour des experts internationaux d'échanger sur les pratiques assurantielles en cours pour anticiper de nouveaux modes de couverture adaptés. Car les nouveaux véhicules soulèvent, pour les assureurs, bien des questions. La gestion de l'assurance automobile doit ainsi s'adapter à un contexte inédit sur le marché de l'assurance et de la réassurance. De grands enjeux pour le marché L'enjeu majeur est prioritairement financier. Comme l'a rappelé Othman Khalil Elalamy, président par intérim de l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), l'assurance automobile est le segment le plus important du marché de l'assurance non-vie : au niveau mondial, plus de 36% des primes d'assurance non-vie sont générés par l'assurance automobile. Le secteur national des assurances draine quelque 55 milliards de dirhams de chiffres d'affaires, dont 20 milliards au titre de l'épargne. L'assurance automobile, à elle seule, représente près de 14 milliards de dirhams. Autant dire que c'est un secteur qui pèse. S'agissant du coût économique et social des accidents de la route, il s'élève, au Maroc, à plus de 20 milliards de dirhams, selon l'Agence nationale de la sécurité routière (NARSA). C'est dire l'importance et l'attention particulière qui doivent être accordées aux nouveaux modes de mobilité et des opportunités qu'ils offrent, dans une perspective de réduction de ces coûts. Mais comment y arriver ? La voiture individuelle subit une transformation profonde, portée par les innovations technologiques qui nous amènent vers des véhicules plus «intelligents», plus sûrs, grâce aux politiques gouvernementales qui favorisent une transformation des motorisations avec de nouveaux dispositifs permettant de contrôler le comportement du conducteur. Il s'agit principalement de l'installation d'une boîte noire dans les véhicules pour enregistrer toutes les données sur la conduite et d'autres critères de sécurité. Une innovation qui pourrait changer la donne, lorsqu'on sait que le facteur humain reste l'une des principales causes des accidents de la circulation : excès de vitesse, non-port de la ceinture de sécurité, oubli du casque, consommation d'alcool et de stupéfiants, etc. C'est un fait, ces Event Data Recorder (EDR) présentent de grands avantages, en matière de prévention des sinistres automobiles et de maîtrise de leur coût pour les compagnies d'assurance. Ce petit boîtier opère à l'aide d'une puce électronique. Celle-ci enregistre les données relatives notamment à la vitesse, à l'accélération, au freinage, au port de la ceinture ou encore à la force de la collision. A noter que la boîte noire ne conserve les données enregistrées qu'en cas d'accident. Il s'agit plus précisément des données enregistrées 30 secondes avant l'accident et 10 secondes après le choc. Au niveau de l'Union européenne et à partir du 6 juillet 2022, l'installation de ces boîtes noires sera obligatoire pour tous les nouveaux modèles. Mais il ne s'agit pas là du seul équipement obligatoire. C'est toute une série de fonctionnalités qui sont prévues par la nouvelle réglementation européenne et qui devront renforcer la sécurité des véhicules et, par conséquent, la prévention des accidents de la route : interface pour l'éthylotest, système d'adaptation de la vitesse, d'alerte en cas de somnolence, de distraction ou de perte de l'attention du conducteur, de surveillance de la pression des pneumatiques... L'autre innovation technologique de taille mise à la disposition des assureurs dans la branche automobile est la caméra embarquée, installée sur les pare-brises des voitures, et dont l'utilité semble évidente. Celle-ci permet à la fois un traitement rapide d'un éventuel sinistre, mais aussi d'établir avec certitude les causes et la responsabilité des assurés dans le déroulement de l'accident en question. Une expérience édifiante Dans sa présentation au RDV de Casablanca de l'assurance, sous le thème de «l'Intelligence artificielle et les boîtes noires en assurance automobile», Marco Guy Victor Sordony, expert en la matière, est revenu sur le contexte du marché italien de l'assurance, en mettant en exergue l'impact des big data et des innovations technologiques sur l'assurance automobile.Ainsi, avec le partage des données fournies par la boîte noire, les gestionnaires des départements sinistre des compagnies d'assurances peuvent avoir accès, de façon instantanée, à toutes les informations sur les accidents, leur géolocalisation et les comportements des conducteurs. Ce qui permet à l'assureur, avant l'intervention de ses services d'assistance, d'avoir une première photo figée sur l'accident et d'éviter ainsi toute déclaration frauduleuse du sinistre. Sans oublier que l'assuré, de par cette fluidité des process, bénéficie d'une indemnisation plus rapide. Autre avantage non négligeable de cette technologie, les données sont partagées en temps réel avec les autorités chargées de la circulation routière et des secours sanitaires. Les informations fournies par ces appareils connectés permettent d'identifier les lieux de concentration de la circulation et de décongestionner des sites de bouchons. Par ailleurs, à partir de la géolocalisation des lieux des accidents, des statistiques sur les points noirs permettent aux autorités d'évaluer les sites à installer pour les secours. Mais alors, comment se déploient ces innovations au niveau des produits offerts par les compagnies d'assurances ? Des couvertures adaptées Pour les compagnies d'assurances, ce contexte nouveau a de multiples conséquences sur leur activité et les oblige, si elles veulent rester dans la course, à se positionner avec des couvertures adaptées face à un monde digital où le consommateur est hyperconnecté et mobile. Afin de répondre à ces nouveaux usages induits par les modes de la mobilité, de nouveaux produits d'assurance automobile sont apparus sur le marché européen, et qui pourraient voir le jour sur le marché marocain. Le principe de base de ces nouveaux produits est que la tarification est basée principalement sur l'usage réel de l'assuré et sur son comportement en tant que conducteur. Dans le premier cas, on peut citer l'exemple en assurance auto des produits commercialisés en France par certaines mutuelles (GMF, MMA, Groupama, etc.) qui modulent le prix selon la règle «Pay when you drive», en fonction du nombre de kilomètres parcourus et le nombre de jours d'utilisation. Dans le second cas, le tarif de l'assurance dépend du comportement de l'assuré. Avec le «Pay How You Drive», des bonus sont accordés pour inciter les assurés à plus de prévention et de vigilance dans leur conduite. Enfin, d'autres produits sont proposés, avec des tarifs calculés selon une durée, une prestation (un trajet donné, une location…), et permettent de s'assurer ponctuellement. Autant dire qu'il y a un marché à explorer, surtout que ces opportunités d'affaires sont en voie de généralisation dans les marchés étrangers. De ce fait, l'impact qui en découle pourrait engendrer des mouvements inédits sur le marché de l'assurance et de la réassurance. Le marché marocain de l'assurance a initié certains projets sur le plan de la digitalisation de certaines procédures dans le cadre de la relation client. Ainsi, la FMSAR a mis en place le e-constat et le référentiel national des véhicules. Pour sa part, l'Autorité de contrôle est pleinement engagée dans le projet de la dématérialisation des attestations d'assurances automobiles et encourage les professionnels à des initiatives de vente en ligne. Toutefois, les réflexions sur les sujets de la mobilité sont encore à un stade embryonnaire. Il y a donc fort à faire pour lever les contraintes et favoriser l'émergence d'un écosystème favorable pour la mise en place d'une assurance automobile innovante liée aux nouveaux modes de la mobilité. Le premier défi est d'abord de nature réglementaire. Les nouveaux véhicules (électriques ou hybrides, vélos, trottinettes, etc.) soulèvent plusieurs questions, comme celle des infrastructures routières et de leur nécessaire adaptation, ainsi que celle relative à la loi sur la mobilité, qui est un préalable à ces chantiers. Du côté des assureurs, les acteurs du secteur devraient se préparer à user de plus d'ingéniosité pour prendre des risques dans un sujet où, pour le moment, aucun historique de sinistralité ne vient appuyer leurs travaux actuariels. Enfin, comme l'a exhorté le président de l'ACAPS dans son discours d'ouverture de ce RDV de l'assurance : «Il est temps d'ouvrir une réflexion pour libérer les critères tarifaires et instaurer une vraie concurrence dans l'assurance automobile obligatoire». Ce qui n'est pas pour déplaire aux clients... Comment bien choisir son assurance auto ? Le type de voiture, sa valeur à l'achat, son ancienneté, ainsi que l'usage qui en est fait sont des éléments importants sur lesquels l'assureur se base pour déterminer le prix de l'assurance auto : LE PRIX : il varie selon le niveau de la couverture souhaitée. N'hésitez pas à demander un devis ou à avoir recours à un comparateur pour choisir la meilleure offre. LE NIVEAU DE COUVERTURE : il peut aller d'une couverture de base (la responsabilité civile) jusqu'à une garantie tous risques qui assure une protection complète. Il est également possible de choisir une couverture intermédiaire avec des garanties complémentaires comme le vol, l'incendie, le bris de glace, etc. LES EXCLUSIONS DE GARANTIES : avant de choisir telle ou telle assurance auto, il est impératif de lire attentivement les clauses relatives aux situations et dommages non couverts, pour éviter les mauvaises surprises… LA FRANCHISE : elle représente la somme qui reste à votre charge en cas de sinistre. Son montant peut varier d'un type d'accident à un autre, ou d'une compagnie d'assurances à une autre. LES PRESTATIONS EN CAS DE SINISTRE : en cas d'accident, c'est le moment ou jamais pour vérifier la qualité de service de son assureur et sa réactivité : assistance, véhicule de remplacement, délais de règlement et de réparation des dommages subis.