Entre janvier et juin 2009, une moyenne de 17 grèves par mois. Les secteurs les plus touchés : l'agriculture, les services et le textile. 18 700 conflits individuels entre employés et employeurs enregistrés. On croyait les conflits sociaux en baisse, ce n'est pas vraiment le cas. Et les chiffres le prouvent. Sur les six premiers mois de 2009, le nombre de grèves déclenchées s'élevait à 103, soit quasiment le même niveau qu'à la même période de 2008 (104 grèves), selon les statistiques établies par le ministre de l'emploi. Cela donne une moyenne de 17,2 grèves par mois. Surtout, au cours du premier semestre 2009, les grèves ont été plus longues même si elles ont mobilisé moins de grévistes qu'en 2008. Ainsi, de janvier à juin 2009, les grèves déclenchées ont occasionné une perte de 167 087 journées de travail, contre une perte de 44 476,7 journées au cours de la période correspondante de 2008 (+275,7 %). Sachant que l'effectif global des participants à la grève a été de 8 148 personnes (contre 11 622 un an auparavant), ce sont plus de 20 journées de travail par gréviste qui sont perdues. Selon un inspecteur du travail, c'est particulièrement dans l'agriculture que les grèves sont les plus longues. Et en examinant la répartition des conflits par branches d'activité, on se rend bien compte que le plus grand nombre de grèves, neuf précisément, a été déclenché dans les industries alimentaires, soit une branche directement liée au secteur agricole. La branche «services fournis principalement aux entreprises» vient en deuxième position avec 8 grèves déclenchées, suivie de l'industrie de l'habillement et des fourrures avec 7 grèves. L'industrie chimique, la construction, le commerce de gros et intermédiaire de commerce ont eu aussi leur lot de conflits avec 6 grèves pour chaque branche, tandis que les hôtels et restaurants ont enregistré 5 arrêts de travail. 325 grèves ont été évitées La note aurait été encore plus salée si un nombre trois fois plus élevé de grèves n'avait pas été évité. Ces grèves évitées se sont élevées à 325, au lieu de 330 à la même période de 2008 (- 1,5 %), et elles ont concerné 39 874 grévistes (potentiels), contre 34 057 (+17,08%). Là encore, on relève que c'est dans l'industrie de l'habillement et fourrures (52 conflits), la construction (36 conflits), l'hôtellerie et la restauration (36) et l'industrie alimentaire que la conflictualité, certes évitée, a été la plus active. Pour compléter le tableau de la situation sociale dans le monde du travail, il faut également tenir compte des conflits individuels. Leur nombre a certes quelque peu reculé (- 4,2%), mais il demeure élevé dans l'absolu: 18 723 conflits individuels entre employés et employeurs ont été recensés par le ministère de l'emploi. En ce qui concerne le nombre de réclamations, là encore en légère régression (- 2,5%), on en dénombre 41 993, dont 56,3% ont été satisfaites. A la même période de 2008, le nombre de réclamations était de 43 081, dont 58,2% avaient été satisfaites. Les raisons de ces conflits sont nombreuses, mais tout au long de ce premier semestre, la non-application de certaines dispositions du code du travail se retrouve à chaque fois en tête de liste des causes à l'origine des grèves, établie par le ministère de l'emploi. On est frappé de constater également que dans cette liste figure aussi le non-versement des salaires ou encore le non-respect des protocoles d'accord signés entre les parties. Pas une seule fois la revendication pour l'amélioration des conditions de travail n'a figuré au premier rang du listing recensant les causes des conflits. Décidément, ce code du travail, promulgué voici cinq ans, est toujours mis en difficulté, pour le moins, dans le monde du travail.