Les litiges ont atteint 1.066, soit une hausse de 5% en 2010. Ils ont touché 863 établissements employant 122.969 personnes. Grogne sociale, grèves en série, contestations et revendications syndicales ont marqué le Maroc ces dernières années. Pour gagner la paix sociale, le gouvernement a accepté de payer le prix en revalorisant les salaires et en recrutant les diplômés-chômeurs. La facture est salée et aux dépens de plusieurs autres postes budgétaires. Le poids social est également lourd de conséquences, certaines grèves sectorielles ont eu des effets néfastes sur tout le pays. Celles de l'enseignement ont fait perdre aux élèves et aux étudiants pas moins de 50% du programme et le spectre de l'année blanche persiste. Pour la Justice, l'arrêt de travail a paralysé le secteur et compromis les intérêts des citoyens et d'autres branches d'activité. La question sociale a fait l'objet d'un vif intérêt ces derniers temps au point qu'il a été abordé par les chercheurs et les universitaires. La revue Conjoncture, publiée par le Centre marocain de conjoncture, a consacré son dernier numéro au dialogue social. Les syndicats occupent une place importante dans le sujet. En effet, l'année 2010 a enregistré une hausse de 5% des conflits collectifs. Ils ont touché 863 établissements employant 122.969 personnes. 5 syndicats ont inité 75% de ces conflits. Il s'agit de l'UMT, de la CDT, de l'UGTM, de la FDT et de l'UNMT. Le terme conflit du travail désigne toutes les formes de litiges avec ou sans grève touchant simultanément plusieurs travailleurs encadrés ou non par une organisation syndicale. Il s'agit le plus souvent de grèves qui constituent la forme extrême des conflits. Plus précisément, les conflits collectifs du travail sont des conflits qui naissent dans les rapports du travail. Ces conflits intéressent plusieurs salariés représentés en partie ou totalement par des travailleurs. Ce sont des conflits à caractère économique (qui cherchent à hisser la condition sociale et matérielle des travailleurs à un niveau supérieur à la loi ou à la convention collective) ou de nature juridique (qui portent sur l'interprétation et l'application de la loi ou de la convention collective). D'après leur mode de règlement, il y a une distinction à faire entre les conflits négociables, qui donnent lieu à des solutions à l'amiable, et les conflits justiciables qui nécessitent l'intervention des tribunaux. Sur le plan qualitatif, l'année 2010 aura été marquée par une recrudescence de la conflictualité sociale avec 1.066 conflits collectifs, dont 241 grèves déclenchées. Au plan sectoriel, la répartition des grèves déclenchées selon les professions et les branches d'activité économique, présente la configuration suivante : 30 grèves sont enregistrées dans l'agriculture, 23 dans les services fournis principalement aux entreprises, 20 dans les industries de l'habillement et des fourrures, 18 dans les industries alimentaires, 15 dans la fabrication d'autres produits minéraux non métalliques ; les autres branches enregistrent des mouvements de grève dont le nombre est relativement faible. Les 241 grèves enregistrées au titre de l'année écoulée ont été encadrées par l'ensemble des organisations syndicales et par des travailleurs sans appartenance syndicale et qui sont soit des délégués du personnel, soit n'ont pas cette qualité. Toutefois, 78% de ces grèves, (soit 188 conflits collectifs) sont le fait des cinq principales syndicales dans l'ordre décroissant : la CDT avec 29% (soit 188 grèves déclenchées) suivie de l'UMT avec 24% (ou 58 conflits), l'UMT avec un peu moins de 10% (24 litiges), l'UGTM occupe la 4ème place avec 20 conflits (soit une part de 8,30%). Les SAS sont à l'origine du déclenchement de 29 grèves (avec une part d'environ 12%). Les 24 autres grèves sont le fait de toutes les autres organisations syndicales. Dans l'ensemble, ces cinq centrales syndicales s'accaparent 80% des grèves déclenchées, contre à peine 20% pour une vingtaine de syndicats et pour les SAS. La même analyse vaut pour les 825 conflits collectifs sans grève qui ont concerné 3.669 établissements occupant 72.928 salariés. Il s'agit de situations conflictuelles qui n'ont pas dégénéré en grève grâce à la promotion de la négociation collective et à l'intervention opportune de l'Inspection du travail et à son action préventive. Le rôle des organisations syndicales dans l'apaisement du climat social n'est donc pas négligeable : les cinq organisations ont ainsi évité à 452 conflits de dégénérer en grèves ouvertes, soit une part de 68% contre 234 cas (environ 28%) pour les SAS et 99 conflits évités (ou 12% pour l'ensemble des autres organisations syndicales. Au total, ce qui ressort de cette présentation réside dans le fait que l'activité syndicale ressemblerait à un marché économique à structure fortement oligopolitique, puisque les cinq principales centrales syndicales s'accaparent respectivement 80% et 68% des grèves déclenchées et évitées, contre à peine 20% et 32% pour l'ensemble des autres syndicats ou pour les SAS.