Leur nombre a doublé en un an seulement et, dans le même temps, le nombre de grèves est passé de 39 à 44 Une moyenne de 421 journées perdues par grève contre 241 jours il y a un an. Après une décrue significative amorcée depuis l'année 2000 (439 en 2000 contre 154 en 2005), les grèves ont connu une légère augmentation au premier trimestre de 2006, en comparaison avec la même période de l'année précédente. Selon les statistiques de la direction du Travail, le nombre de grèves est en effet passé de 39 à 44 sur la période considérée, alors que les conflits individuels, dans le même temps, ont légèrement reculé en passant de 10 129 à 9 881. L'impact de la conflictualité en recrudescence est toutefois important; le nombre de journées perdues a quasiment doublé : 18 559 contre 9 436 en 2005. Deux explications à cela : soit les grèves durent plus longtemps, soit le nombre de grévistes est plus important. Selon les syndicats, le premier facteur est plus prégnant. Les industries alimentaires, du textile et l'hôtellerie-restauration sont les secteurs les plus touchés par ces conflits collectifs, les autres secteurs par les conflits individuels. Dans le premier cas, la cause principale des grèves tient au retard de paiement des salaires, dans le second, c'est surtout le licenciement et, à un degré moindre, le non-paiement des salaires, congés payés et l'absence de couverture sociale. Quid du secteur agricole ? Les statistiques de la Direction du travail ne concernent que les secteurs industriel, commercial et de services, mais pas l'agriculture. Il y aurait donc sans doute lieu de relativiser ces chiffres, même si, c'est vrai, le taux de pénétration des syndicats dans l'agriculture reste négligeable. Leur présence – à l'instar de l'Union marocaine du Travail (UMT) qui a créé une fédération nationale du secteur agricole – est jusque-là concentrée dans les ex-établissements publics comme la Sodea-Sogeta, ou encore, timidement, dans les grandes exploitations modernes. On peut aussi relever l'absence de statistiques des conflits dans la Fonction publique, bien que ce ne soit pas de la compétence de la Direction du travail. Pour les syndicats, les chiffres du ministère de l'Emploi ne reflètent pas vraiment la réalité, non pas parce qu'ils ne couvrent pas les secteurs agricole et de la Fonction publique, mais surtout «en raison du manque de moyens humains», explique un syndicaliste de l'UMT. «Le nombre d'inspecteurs du travail ne cesse de diminuer et ceux qui sont encore en activité, ne pouvant être présents partout, se contentent d'intervenir là où on leur signale un problème», ajoute-t-il encore.