La production n'a pas augmenté par rapport à la campagne précédente en raison du déficit hydrique de la saison passée. L'Espagne qui réalise une bonne récolte risque de réduire ses importations et les prix devraient baisser. Les industriels se plaignent de la concurrence déloyale du secteur informel. Lacampagne oléicole 2008-2009 a démarré. Destinées aux amateurs de conserve à domicile, les olives cru 2008 commencent à faire leur apparition sur les étals des marchés et le bord des routes des régions productrices. Selon Mohammed Berrichi, chef du service oléiculture à la direction de la production végétale (DPV) au ministère de l'agriculture, la production sera au même niveau que celle de la précédente campagne, soit 850 000 t. Cette production est essentiellement concentrée en zones irriguées (bonne charge des arbres). La stagnation est expliquée en partie par le déficit hydrique en début de cycle. Les opérateurs misaient sur les nouveaux investissements en oliveraies à haute densité (super intensif) pour augmenter la production. Cependant, nuance M. Berrichi, ces exploitations ne sont pas entrées en pleine production et leurs superficies sont encore trop faibles (3 000 à 4 000 ha) pour avoir un impact significatif. Dans tous les cas, il n'y aura pas de gros regrets. En effet, ajoute-t-il, «les pays concurrents (Espagne, Grèce, Turquie, Tunisie…) ont connu une très bonne campagne, et les pluies automnales auront un impact très positif sur le rendement. Par conséquent, il faut s'attendre à une faible demande de la part de nos clients traditionnels avec une stabilité voire une baisse des prix». Soulignons à cet égard que, pour les olives vertes destinées aux conserveries, et dont la production a commencé vers la mi-septembre, principalement dans les zones irriguées, le kilo était vendu, à la production, à 6 DH en moyenne.Pour la trituration, qui commence habituellement vers la fin octobre, selon un gradient allant du sud vers le nord, les prix de l'olive prévus pour cette année devraient se situer entre 4 et 4,50 DH/kg, d'après les premières estimations. La quantité d'huile attendue se monte à 85 000 t, soit le même niveau que pour la campagne 2007-2008, alors que la production moyenne des campagnes 2001-2002 à 2006-2007 était de 67 600 t, soit 2,4% de la production mondiale (2,8 millions de t). Le Maroc est classé au 7e rang, après l'Italie, l'Espagne, la Grèce, la Tunisie, la Turquie et la Syrie. Il occupe la même place pour les exportations qui se stabilisent autour de 15 000 t, soit 2,6% des exportations mondiales (579 600 t), sachant que les exportations ne représentent que 17 à 20% de la production nationale. Le Maroc perd deux places et se retrouve quatrième exportateur d'olive de table Du côté des industriels, on signale que, à l'instar de l'année dernière, de nombreuses unités structurées risquent de ne pas fonctionner en raison de l'écart entre le prix de revient de l'huile d'olive et son prix de vente. Selon Abdelouahab Bouayad, président de l'Association des producteurs et exportateurs d'huile d'olive (Adeho), le prix de revient d'un litre d'huile d'olive, charges fiscales incluses, est compris entre 41 et 42 DH, alors que le prix de vente varie entre 30 et 35 DH. Dès lors, ceux qui travaillent dans l'informel partent avec un gros avantage et se permettent de proposer des prix défiant toute concurrence, d'autant plus qu'on les soupçonne d'ajouter de l'huile de table dans une proportion de 40 à 50% de leur production, une pratique pourtant interdite par la loi. Autre phénomène invoqué, les accords de libre-échange avec l'Egypte et la Tunisie (entrés en application en avril 2007) permettent d'importer, sans droits de douane, une huile de moindre qualité que l'on mélange aux huiles locales. Pour l'olive de table, les exportations annuelles se stabilisent à 65 000 t environ, soit 13% du total mondial, sur une production qui va de 80 000 à 120 000 t selon les années. Le Maroc occupait la deuxième place mondiale, après l'Espagne, jusqu'en 2005-06. Il l'a perdue au profit de l'Argentine durant la campagne suivante et vient d'être relégué au 4e rang par la Turquie (2007-2008). Selon les opérateurs, l'essor de la filière oléicole est tributaire d'un meilleur contrôle du secteur informel et de la qualité des huiles commercialisées sur le marché national (80% d'huiles lampantes, impropres à la consommation), des campagnes nationales d'incitation à la consommation des produits de l'olivier, d'une plus grande aide aux différentes filières oléicoles pour rendre les produits plus concurrentiels… La question est de savoir si le plan «Maroc vert» pourra répondre à ces attentes, contrairement au défunt Plan national oléicole (PNO) qui n'avait pas atteint pleinement ses objectifs.