Le redressement de la production espagnole assurera le rééquilibrage entre l'offre et la demande. Le Maroc espère une bonne récolte en quantité et en qualité, mais il lui sera difficile de battre le record d'exportation d'huile de la campagne 2005-2006. C'est quasi sûr, le prix de l'huile d'olive connaîtra une sensible décrue après la forte flambée des derniers mois, expliquée par la faiblesse de l'offre mondiale qui a dopé les exportations marocaines. Une flambée qui avait vu le prix de l'huile d'olive extra vierge atteindre des sommets chez les détaillants avec près de 52 DH le litre, contre 36 DH un an auparavant. Les signes précurseurs de la baisse sont visibles. Il y a d'abord le redressement attendu de la production espagnole, qui permettra un meilleur approvisionnement du marché international. Ensuite, aussi bien la DPV (Direction de la production végétale au ministère de l'agriculture) que les professionnels tablent sur une année moyenne à bonne, avec une production nationale égale ou légèrement supérieure à celle de l'année précédente. La DPV prévoit ainsi une production de 750 000 t d'olives ou plus en cas de précipitations automnales (début octobre). On aurait pu espérer une quantité plus importante au vu des bonnes conditions climatiques de l'année précédente, mais certaines régions (Haouz, Oriental) ont connu, en avril dernier, un chergui qui a coïncidé avec la floraison et ramené les prévisions vers le bas. Outre l'amélioration de la production (la récolte a déjà commencé pour l'olive de table et débutera vers fin octobre-début novembre pour le fruit destiné à la trituration), la qualité est aussi au rendez-vous avec des fruits plus gros, donc bons pour la conserve et la trituration (teneur en huile plus élevée). Mais les exploitants risquent de déchanter très vite. En effet, les premières ventes sur pied ont varié entre 4,50 et 5,50 DH et, au mieux, jusqu'à 7,00 dh par kilo d'olive au lieu de 6,50à 8 DH pour la campagne précédente. Les producteurs d'huile jugent que le prix du fruit est encore élevé Conséquence : les producteurs d'huile se montrent quelque peu inquiets, expliquant que les prix du fruit restent élevés même s'ils sont inférieurs à ceux de l'année dernière. Par conséquent, de nombreux producteurs pourraient concéder un déficit si le marché fléchit, prédit-on. Selon Abdelilah Daoudi, président de la coopérative API.A-Chefchaouen, qui communique ses prévisions personnelles, le prix de vente au gros de l'huile se situera autour de 20 à 30 DH/kg, contre 40 à 45 DH l'année dernière, soit une baisse de 40 à 50 %. Abdelouahab Bouayad, président de l'Adeho (Association des exportateurs d'huile d'olive), confirme ces données, et indique que les premières ventes sur le marché international se sont effectuées à 2 200 euros/tonne (24 200 DH) contre 3 800 à 4 000 l'année dernière (voir encadré). Il est à signaler que les ventes sur le marché international se négocient au kilo, sachant que le kilo d'huile d'olive dépasse le litre de 9 % environ (1 kg = 1,09 l). Pour le moment, les opérateurs sont dans l'expectative. Et, compte tenu des différents signaux relevés sur le marché international, il n'est pas sûr que les performances de la campagne 2005-2006 soient rééditées. Selon le ministère de l'agriculture, les exportations d'huile ont en effet atteint le chiffre record de 31 000 t, soit 24 % de plus que pour la campagne précédente.