En janvier dernier, une quantité de 4.689 tonnes d'huile d'olive marocaine a été exportée contre 53 tonnes en janvier 2005. Chose qui explique la flambée des prix de cette denrée alimentaire. A une semaine de la Journée du consommateur, le mercredi 15 mars, on parle de plus en plus de la hausse des prix de l'huile d'olive. Le prix du litre a franchi la barre des 50 dirhams. C'est-à-dire le double du prix moyen. Hautement désirée pour agrémenter des salades préparées ailleurs, l'huile d'olive marocaine est essentiellement acheminée vers l'exportation. Les derniers chiffres de l'Office des changes placent cette huile dans le hit-parade des produits les plus lorgnés par les exportateurs. En fait, et pour le seul mois de janvier dernier, les exportations d'huile d'olive se sont établies à 4.689 tonnes pour une valeur de 183,71 millions Dh, contre 53 tonnes en janvier 2005, pour une valeur de 1,68 million Dh. En termes de valeur, l'évolution est de près de 180 % ! Enorme. Pour comprendre les raisons de la flambée des prix de l'huile d'olive au Maroc, il faut aller de l'autre côté de la Méditerranée. La vague de froid a porté un coup dur pour la production de cette huile, notamment en Espagne, en France et en l'Italie. «La gelée qu'a connue l'Europe cette année a eu un effet sur la production de l'huile d'olive, en l'occurrence dans ces trois pays. Du côté du Maroc, nous avons une bonne production, et ce grâce à la mise en place du Plan national de l'oléiculture (PNO) et de l'application du guide de la bonne conduite dans ce secteur», explique Hammadi Chimi, professeur au département des sciences alimentaires et nutritionnelles à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II. Et d'ajouter, «la gelée bloque la floraison prévue pour le mois de mars. Le froid provoque l'avortement des arbres. Et c'est pour cette raison que le marché européen en général et anglo-saxon en particulier est de plus en plus intéressé par la production nationale de l'huile d'olive». Le marché espagnol est celui qui absorbe le plus la production nationale. D'ailleurs, le Maroc est le deuxième fournisseur de ce pays en huile d'olive avec 15,1 millions de dollars durant l'année dernière. Au même titre que les conserves de poissons, en particulier la sardine, avec une valeur de 36,1 millions de dollars, en tomates fraîches avec 4,7 millions de dollars. « L'huile d'olive marocaine est surtout appréciée pour son goût à la fois fruité, amer et piquant. Côté prix, la tendance est vers la hausse aussi bien pour le marché national qu'international », annonce ce spécialiste de l'oléiculture. Même son de cloche auprès des responsables du ministère de l'Agriculture, du développement rural et des Pêches maritimes : «le prix de vente des olives est passé de 4 Dh/Kg à 6 Dh/Kg. S'agissant des huiles d'olive, les prix sont appelés dans les mois à venir à atteindre des niveaux élevés compte tenu de l'évolution actuelle du marché ». Pour la campagne oléicole 2005-2006, les prévisions tablent sur une bonne récolte. Près de 700.000 tonnes, soit une hausse de 40 % par rapport à la campagne précédente, 500.000 tonnes. Mais, une bonne récolte ne signifie guère une baisse des prix pour le consommateur marocain. C'est juste du pain béni pour les producteurs et les transformateurs de cette denrée alimentaire. Plan national de l'oléiculture Le Plan national de l'oléiculture (PNO) s'étale sur une période de 12 ans, de 1998 à 2010. Le coût global des activités programmées dans le cadre du Plan national oléicole s'élève à près de 4 milliards de Dh dont 1,5 milliard de Dh, soit 37% du total, supportés par l'Etat et 2,5 milliards de Dh, soit 63% du total, à la charge des agriculteurs et des oléiculteurs. Parmi les objectifs du PNO, il y a « l'amélioration des performances des oliveraies et l'atténuation de l'effet des contraintes techniques sur les plantations, et ce à travers l'adoption d'itinéraires techniques performants et la restructuration des plantations âgées, mal formées ou mal conduites». « La superficie totale retenue pour entreprendre les actions d'intensification correspond au potentiel améliorable, soit 260.000 ha, à raison d'un rythme moyen annuel de près de 22.000 ha/an », précise-t-on dans ce document.