Le demi-litre de l'huile d'olive a franchi un nouveau palier le week-end dernier. Le liquide devenu presque aussi précieux que le pétrole se négocie désormais à 40 dirhams le demi-litre dans certaines grandes surfaces. La prime à l'arrachage accordée par l'Union européenne à ses paysans provoque un phénomène de vases communicants entre l'Espagne et le Maroc. Une grosse partie de la récolte du Royaume a été ainsi exportée à l'état brut vers le voisin du Nord par des agriculteurs soucieux d'abord de remplir les quotas minimums de récolte leur permettant de bénéficier de la subvention de l'Union européenne accordée dans le cadre du fameux PAC (Politique agricole commune). Résultat, les prix flambent au Maroc. Dans les rayons des grandes surfaces à Rabat, le demi-litre a franchi allègrement la barre des 40 dirhams en fin de semaine. Bien loin des niveaux moyens de 25 dirhams le litre. Cette hausse fait l'affaire des producteurs et des transformateurs, mais pas celle du consommateur qui, en plus de la tendance au renchérissement du produit, doit faire face au facteur rareté. Le tout devant le regard de quelques hauts responsables opposés à tout interventionnisme au nom de la loi de l'offre et de la demande. La situation actuelle est d'autant paradoxale que la production marocaine d'huile d'olive est en constante progression ces dernières années. Ainsi, déclarait à ALM Moha Marghi http://www.aujourdhui.ma/couverture-details43142.html , le Maroc a produit durant la dernière campagne 75.000 tonnes d'huile d'olive contre 50.000 tonnes une année auparavant. De même, après un pic de 120.000 tonnes en 2003-2004, la production de la conserve d'olive est retombée l'année dernière à 80.000 tonnes analogue à son niveau d'il y a quatre ans. Quant à la production marocaine d'olives fraîches, elle est passée de 420.000 tonnes en 2001 à 700.000 tonnes en 2005, selon les chiffres de la direction de la protection des végétaux. Mais ni la DPV ni le très sérieux Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations, qui, en principe, a un regard sur tous les mouvements des produits alimentaires marocains exportés, encore moins le ministère du Commerce extérieur, ne semblent disposer d'une description détaillée de l'état actuel des choses. Selon quelques producteurs marocains contactés par ALM, l'Espagne qui accuse un déficit important par rapport à sa production annuelle aurait acquis plus de 70% de la production nationale. Détails que l'on ne retrouve pas malheureusement dans les chiffres officiels. A ce jour, il n'y a pas d'évaluation précise de l'impact de la demande espagnole. Au 30 novembre 2005, plus de 50 212 tonnes de conserves d'olive avaient franchi les frontières du Maroc. De même, 17 482 tonnes d'huile d'olive ont été exportées sur les dix premiers mois de l'année 2005. Mais aucune information sur le tonnage d'olives fraîches exportées durant la période. Ce dont on est le moins sûr, c'est que l'augmentation actuelle des prix n'est pas à mettre sur le compte d'un déficit de production. Jusqu'à l'année dernière, la moitié des exportations d'olives marocaines était destinée à la France contre 9% pour le reste de l'Union européenne. Egalement grand consommateur, les Etats-Unis attirent 18% de la production marocaine…. L'appétit espagnol provoquera-t-il un bouleversement dans ce classement des pays consommateurs de l'olive marocaine ?