Le chef du gouvernement a passé en revue, lors de son intervention à la Chambre des Représentants, ce lundi 12 décembre, l'ensemble des mesures anticipatives et urgentes mises en place par l'Exécutif, régions par régions, afin d'éviter au Maroc de rentrer dans « une crise de l'eau ». Aziz Akhannouch a d'emblée souligné que la politique de l'eau est un sujet «éminemment stratégique pour le Maroc au regard du rôle vital de l'eau et de ses implications économiques, écologiques et sociales» . Il a dans ce sens assuré que le gouvernement est «pleinement mobilisé à déployer les mesures d'urgences nécessaires afin d'éviter au Maroc de rentrer dans une crise de l'eau». Ceci, a-t-il ajouté, en renforçant les investissements pour faire face à la menace de stress hydrique que le Royaume a connu ces dernières années, et pour épargner au pays les pires scénarios dans ce domaine. Ainsi, le gouvernement a décidé, conformément aux Orientations Royales en la matière, d'allouer une enveloppe financière estimée à 10,6 milliards de dirhams pour le budget 2023 (soit une augmentation de 5 milliards de dirhams par rapport à l'année précédente) pour la mise en œuvre d'un ensemble de projets structurants. Egalement, un certain nombre de mesures urgentes ont été prises, dont la priorité est d'assurer la disponibilité de l'eau potable dans les zones touchées, en particulier au niveau des bassins de la Moulouya, de Oum Errabie et du Tensift. Le gouvernement a également mis en place un programme d'urgence pour faire face au problème de la rareté de l'eau, pour lequel il a alloué une enveloppe financière de 3 milliards de dirhams, pour tous les bassins touchés par les pénuries d'eau. Ces mesures concernaient quatre bassins hydrauliques, dont le bassin de l'Oum Errabie, de Tensift, de la Moulouya, et du Drâa-Tafilalet, pour un coût total estimé à 2,335 milliards de dirhams. Le chef du gouvernement a présenté les différents dispositifs dans le détail.
Bassin de l'Oum Errabie
Au niveau du bassin de Oum Errabie, Aziz Akhannouch a indiqué que le parachèvement du canal reliant le réseau d'eau potable du nord de Casablanca à son sud a été achevé, en plus de l'installation de pompes (les barrages flottants), ce qui a rendu possible de démarrer l'exploitation des parties basses de l'écluse du barrage d'Al-Massira. Le chef du gouvernement a également donné des nouvelles du projet de dessalement de l'eau de mer de Casablanca, dont l'appel d'offres pour sa réalisatio dans le cadre d'un PPP a été lancé. La date du 22 décembre a été fixée comme date de dépôt des offres par trois entreprises pré- sélectionnées pour réaliser ce projet, a-t-il révélé. Il a par ailleurs évoqué l'achèvement de la station de dessalement d'eau de mer à Safi, laquelle contribuera à la production de 30 millions de mètres cubes d'eau potable, dont 10 millions de mètres cubes seront disponibles avant la fin de 2023. La ville d'El Jadida sera également alimentée en eau potable, à partir d'une usine de dessalement d'eau de mer à Jorf Lasfar dépendant de l'Office Chérifien des Phosphates, a-t-il fait savoir.
Bassin du Tensift
Pour le bassin du Tensift des mesures volontaristes ont été prises dont la réalisation des travaux de captage des eaux du barrage Massira, la réhabilitation du réseau de distribution de la ville de Marrakech pour répondre à ses besoins, ainsi la programmation de la construction de 16 petits barrages. Aziz Akhannouch a également indiqué que le gouvernement œuvre à la promotion du recours aux eaux souterraines par la construction de nouveaux forages afin de soutenir l'approvisionnement en eau potable, la réhabilitation du réseau de distribution de la ville de Marrakech et l'appui à son approvisionnement à partir du barrage Moulay Youssef. A moyen terme, a-t-il ajouté, le gouvernement travaillera, en partenariat avec l'OCP, à étudier la possibilité d'alimenter cette région en eau potable par le dessalement de l'eau de mer, à partir de la ville de Safi.
Bassin de la Moulouya
Concernant le Bassin de la Moulouya, le chef du gouvernement a indiqué que des travaux ont été réalisés pour démarrer l'exploitation des eaux des stations de pompage « Oulad Stout » et « Moulay Ali » pour l'alimentation en eau potable de Nador, Driouch, Ras El Ma, Berkane et Saîdia, avec l'achèvement de deux canaux d'alimentation du barrage Machraa Hammadi, et la programmation de la construction de 11 petits barrages. Ces mesures s'ajoutent à l'acquisition d'unités mobiles pour le dessalement de l'eau salée extraite des aquifères, et la programmation du dessalement d' eau de mer à l'est au niveau de la ville de Nador.
Drâa-Tafilalet
Dans la région Drâa-Tafilalet des de forages de reconnaissance ont été réalisés qui ont permis la mobilisation de ressources souterraines supplémentaires, a fait savo r Aziz Akhannouch. Il a par ailleurs souligné le début de l'exploitation du barrage Hassan Addakhil pour soutenir l'eau potable dans l'axe Draa-Tafilalet. Bientôt des approvisionnements suffisants seront fournis à la région de Zagora à partir du barrage d'Agdz, qui sera exploité prochainement, a-t-il précisé, ajoutant que la construction de 33 petits barrages et barrages collinaires.
Monde rural : une rallonge de plus de 2 milliards de dirhams
Dans le même contexte, le gouvernement a tenu à poursuivre le déploiement du réseau d'adduction d'eau potable dans le monde rural. Ainsi, une série de mesures ont été prises dans ce sens, dont l'allocation de 2 milliards de dirhams au cours de l'année 2022 pour alimenter plus de 40 centres villageois et environ 1 970 douars. Le chef du gouvernement a également mis en avant que le nombre de centres et départements concernés par la généralisation de l'approvisionnement en eau potable par les autorités compétentes a été révisé, avec une augmentation du coût des investissements qui atteindra environ 29,39 milliards de dirhams au lieu des 27 milliards de dirhams initialement programmés. Afin d'accroître cet effort visant à lutter contre la pénurie enregistrée dans le monde rural, un programme urgent et additionnel a été alloué, à travers la signature de deux conventions en avril 2022 entre le ministère de l'Intérieur et le ministère de l'Economie et des Finances. Ces accords ont porté, d'une part, sur l'acquisition de 706 camions citernes pour un montant de 471 millions de dirhams au profit de 75 provinces pour sécuriser l'approvisionnement en eau potable des douars en pénurie. Il s'agit, d'autre part, de l'acquisition de 26 unités mobiles de dessalement d'eau dans 17 départements et de 15 usines de déminéralisation des eaux saumâtres à utiliser dans 9 départements pour un montant total de 440 millions de dirhams. Le gouvernement s'emploiera à actualiser et à accélérer la mise en œuvre des grands axes du Programme d'Approvisionnement en Eau Potable et d'Irrigation 2020-2027, signé devant Sa Majesté le Roi en janvier 2020, a affirmé Aziz Akhannouch. Les investissements seront renforcés en portant les dotations financières allouées au programme de 115,4 à 150 milliards de dirhams, pour pallier le retard pris dans la réalisation de certains projets, et en présenter d'autres comme l'achèvement de la deuxième tranche de l'usine de dessalement d'Agadir, qui est programmée pour 2025 au lieu de 2030.