Le volume du commerce en gros des fruits et légumes n'est plus reflété par les marchés de gros réglementaires. Ces structures ont permis d'écouler une moyenne annuelle de 3 millions de tonnes de fruits et légumes sur la période 2012-2020. Ils ne représentent que le tiers des parts du marché national. La récente flambée des prix de certains produits alimentaires a mis sous projecteurs la chaîne de distribution. La multiplicité des intervenants qui s'accordent au passage des marges jugées parfois isolantes interpelle les pouvoirs publics. Pour le commun des citoyens, ce sont le producteur et même le ministère de l'agriculture qui sont responsables de cette flambée. Ce n'est pas le cas. De l'avis de plusieurs acteurs et intervenants, ce sont principalement les marchés de gros, leur organisation, leur mode de fonctionnement et leur gestion qui y sont pour beaucoup dans cette situation. Bien sûr, ce n'est pas le seul intervenant dans la chaîne. Notons tout d'abord que les Marchés de gros des fruits et légumes (MGFL) sont des services publics locaux (SPL) dont la création et la gestion ont été confiées aux communes «urbaines» depuis 1962. Actuellement au nombre de 29, ces marchés sont de tailles très variables et ne couvrent pas toutes les régions de notre pays, y compris certaines régions à vocation agricole. Selon un récent rapport de la Cour des comptes, ils ont permis d'écouler une moyenne annuelle de 3 millions de tonnes de fruits et légumes sur la période 2012-2020, et ont généré une moyenne annuelle de 300 MDH comme recettes fiscales à leurs communes d'implantation. Selon le document, ces marchés connaissent des difficultés et peinent à assurer le rôle qui leur est dévolu, pour des raisons multiples, notamment la non-mise à jour de la réglementation correspondante, vu que certaines obligations, instaurées depuis les années 60, ont été outrepassées, voire tombées en désuétude, notamment celles relatives à l'obligation de passage des fruits et légumes par ces marchés et le système des mandataires et de rémunération, et la concurrence des autres marchés et circuits parallèles, car l'environnement dans lequel les MGFL opèrent est marqué par une prolifération des marchés de gros de fait et non réglementaires dont l'activité et les volumes écoulés peuvent dépasser ceux enregistrés au niveau des marchés de gros réglementaires et par la multiplication des grandes surfaces et des circuits parallèles non déclarés ». En conséquence, le volume du commerce en gros des fruits et légumes n'est plus reflété par les marchés de gros réglementaires qui détiennent juste le tiers des parts du marché national. Le reste, soit les deux tiers, est commercialisé à travers d'autres circuits parallèles. Le recul du rôle et des prestations des communes et des mandataires au sein des MGFL est reflété par le manque de contrôle, la non-maîtrise des flux et des prix, la faiblesse des prestations fournies en contrepartie des rémunérations payées par les usagers, l'occupation illégale, le désordre dans les espaces in site et hors site et la vétusté de l'infrastructure qui souffre d'un manque apparent en matière d'hygiène et de salubrité. Eu égard au contexte décrit plus haut, poursuit le rapport, les stratégies et projets structurants ont connu des difficultés dans leur mise en œuvre malgré le lancement, depuis 2010, des initiatives de modernisation et de restructuration. Ainsi, trois projets de marchés de gros, nouvelle génération, qui se déclinent comme des stratégies sectorielles, n'ont toujours pas vu le jour à fin 2020. Si la délégation des MGFL à une société de développement local constitue un moyen de modernisation de leur gestion, certaines limites relevées toutefois, au niveau de l'unique expérience de Casablanca, entravent la réalisation de cet objectif. Ceci est dû notamment aux problèmes structurels relevés ci-haut, qui dépassent le mode de gestion choisi, et aux lacunes et déséquilibres décelés au niveau du contrat et du montage financier, ce qui a engendré des coûts supplémentaires pour la commune sans l'atteinte des objectifs escomptés. Conscients des insuffisances structurelles de la vente en gros des fruits et légumes, les départements ministériels concernés, notamment celui de l'agriculture, ont entrepris des actions en vue de moderniser et actualiser le cadre juridique, notamment à travers la loi n° 37-21, le 29 juillet 2021, mettant fin au principe d'obligation de passage par les marchés de gros, et le projet d'arrêté du ministre de l'intérieur en cours de validation. Il a été procédé également à l'actualisation des projets structurants et les conventions associées, entre 2019 et 2021, en plus de l'intégration de la fiscalité liée aux marchés de gros dans le chantier de la réforme fiscale. Les recommandations de la Cour des comptes : La Cour des comptes a recommandé d'étudier l'opportunité de revoir les avantages et faveurs accordés dans le cadre de la gestion des MGFL, notamment en ce qui concerne le système des mandataires, encourager les formules à forte valeur ajoutée en vue d'accroître l'attractivité des MGFL, et ce, à travers l'amélioration des services rendus, ce qui permettrait l'augmentation des recettes des MGFL en lien avec les chiffres d'affaires réels réalisés et de réinstaurer un climat de confiance entre l'Administration et les différents opérateurs. La Cour a également recommandé la mise en place d'un système de contrôle en vue de maîtriser les marchandises, les transactions et les prix in site et hors site et de juguler l'informel. Sur un autre plan, la Cour appelle à la prospection de solutions consensuelles pour les grandes et moyennes surfaces qui s'approvisionnent en dehors des MGFL garantissant les droits et obligations de toutes les parties prenantes.