La Cour des comptes a mis à jour ses recommandations vis à vis des marchés de gros de fruits et de légumes qui souffrent de profondes irrégularités héritées du passé. La Cour critique le manque de contrôle dans ces marchés, des flux et des prix des produits non maitrisés et un recul des prestations fournies. Dans son rapport annuel qui traite de 2019 et 2020, la Cour des comptes s'est penchée sur les lacunes des manquements des marchés de gros de fruits et légumes (MGFL), des services publics gérées par les communes urbaines. Ces dernières années, leur rôle est devenu de plus en plus dérisoire face à une détérioration de l'offre, des prix non régulés, des avantages censés être fournis sur place qui finalement ne le sont pas pour les consommateurs, en plus d'un concurrence apportée par d'autres acteurs qui font que ces MGFL ont perdu de leur attrait. Ces marchés de gros, devraient être mieux contrôlés et mieux gérés étant donné qu'ils ne sont pas nombreux. Leur nombre est restreint à 29 sur tout le territoire du Maroc et leurs tailles sont variables. De plus, les recettes qu'ils génèrent ne sont pas négligeables, puisque sur la période de 2012 à 2020, ces MGFL ont permis d'écouler en moyenne 3 MT de fruits et de légumes par an, et 300 millions de dirhams de recettes fiscales en moyenne pour les communes où ils sont localisés. Néanmoins, ces MGFL souffrent de plusieurs manquements et la Cour des comptes a ainsi recommandé de « revoir les avantages et faveurs accordés dans le cadre de la gestion » de ces marchés de gros, en citant le système des mandataires. Elle recommande d'encourager les formules à forte valeur ajoutée en vue d'accroître leur attractivité, l'amélioration des services rendus aux consommateurs. Selon l'institution, ces changements permettraient d'augmentation les recettes « en lien avec les chiffres d'affaires réels réalisés » et de « réinstaurer un climat de confiance entre l'Administration et les différents opérateurs ». Car la Cour estime que les marchés de gros ont perdu leur attractivité et leur rôle, à cause du « désordre », de la « vétusté de l'infrastructure », du « manque apparent en matière d'hygiène et de salubrité », et ne livrent pas des prestations à la hauteur « des rémunérations payées par les usagers ». Elle critique par ailleurs « le manque de contrôle, la non maitrise des flux et des prix, et la faiblesse des prestations fournies ». La Cour des comptes regrette également la difficulté de mise en oeuvre de projets structurants pour ces marchés de gros, en expliquant que trois projets de marchés de gros nouvelle génération, qui se déclinent des stratégies sectorielles, n'ont fait l'objet d'aucune réalisation physique à fin 2020 alors que les initiatives de modernisation et de restructuration avaient été officiellement lancées en 2010. « Ces marchés connaissent des difficultés et peinent à assurer le rôle qui leur a été dévolu, pour des raisons multiples », tance l'institution, en citant à titre d'exemple la non mise à jour de la réglementation et estime que certaines obligations, instaurées depuis les années 60, sont tombées en désuétude comme l'obligation de passage des fruits et légumes par ces marchés, le système des mandataires et de rémunération, ainsi que la concurrence des autres marchés et circuits parallèles. La Cour dresse le constat de la multiplication des marchés de gros non réglementaires « dont l'activité et les volumes écoulés peuvent dépasser ceux enregistrés au niveau des marchés de gros réglementaires », « la multiplication des grandes surfaces et des circuits parallèles non déclarés », en estimant qu'il faudrait juguler l'informer. Concernant les grandes et moyennes surfaces qui s'approvisionnent en dehors des MGFL, l'institution appelle à la prospection de solutions consensuelles, afin de garantir les droits et obligations de toutes les parties. Enfin, la Cour des comptes estime qu'il faudrait mettre en place un système de contrôle en vue de maîtriser les marchandises, les transactions et les prix in site et hors site.