"Save the Forest" est le projet que développe Mustapha Danouane, un ingénieur et ancien MRE, à travers sa TPE Ecoquality incubée à la cité d'innovation du Souss Massa. Son modèle repose sur la mise en place d'une agrégation de petits agriculteurs et d'un paiement pour les services écosystémiques. Il s'agit de mettre fin à l'arrachage des plantes aromatiques et médicinales pour le développement de leur culture et leur cueillette avec des méthodes vertes. La demande des plantes aromatiques et médicinales bio évolue de 10 à 15% par an. A l'échelle internationale, la filière des plantes aromatiques représente 32 milliards de dollars de chiffre d'affaires avec 6% d'évolution par an. Celle des huiles essentielles génère pour sa part 9,5 milliards de dollars par an et un développement qui devrait évoluer de 14% d'ici 2026. Au Maroc les espèces aromatiques et médicinales sont estimées à 500, voire 600 espèces dont un grand nombre sont endémiques. Le Royaume dispose, par ailleurs, d'un savoir-faire ancestral qui a été préservé depuis des siècles pour l'extraction des arômes destinés à la parfumerie et la médication par les plantes. En matière d'export des plantes aromatiques et médicinales, le Maroc est classé 12e à l'échelle mondiale avec 52 000 tonnes de plantes et 5 000 tonnes d'huiles dont la majorité est exportée en vrac. Près de 100 espèces sont ainsi exportées sous formes de plantes séchées pour les besoins d'herboristeries et aromates alimentaires. Plus d'une vingtaine d'espèces sont exploitées pour la production d'huiles essentielles ou d'autres extraits aromatiques dédiés essentiellement à l'industrie de parfumerie et cosmétique, ainsi que pour la formulation des arômes et la préparation des produits d'hygiène. L'activité relève cependant quasi exclusivement de la cueillette sauvage qui représente 98% des volumes commercialisés. Aussi, la filière se caractérise par une surexploitation et dégradation des ressources naturelles en raison de l'arrachage. Elle est aussi marquée par la faible organisation des agriculteurs et un impact économique limité sur cette catégorie socioprofessionnelle. Pourtant, ce commerce est à fort potentiel, ces produits étant utilisés dans plusieurs industries dont l'agroalimentaire, la pharmaceutique, le cosmétique, l'aromathérapie et la parfumerie notamment. Les consommateurs recherchant de plus en plus des produits composés d'intrants naturels. C'est notamment le fort potentiel à développer de cette filière qui a poussé Mustapha Danouane, un ingénieur, lauréat de l'école des ingénieurs de Kaiserslautern en Allemagne, à s'intéresser à cette filière. Ancien MRE, l'entrepreneur est de retour au pays depuis 2011. Expert en agriculture biologique et développement durable, l'investisseur n'a pas chômé depuis son retour au Maroc. Il est le président de l'association régionale des producteurs du bio dans la zone Sud. Il est aussi producteur exportateur de fruits et légumes, ainsi que de plantes aromatiques et médicinales biologiques depuis 2012. Depuis 2020, il développe le projet Save the Forest pour une éco-extraction des plantes, notamment du thym endémique de la région Souss Massa. C'est dans ce sens que l'ingénieur a créé il y a un an sa start-up Ecoquality Maroc. Une jeune pousse incubée dans la cité d'innovation Souss Massa à Agadir depuis février 2021. L'éco-extraction des plantes aromatiques et médicinales endémiques avec des méthodes vertes est le cœur de son activité. «Il s'agit de répondre aux problèmes qui freinent le développement de la filière. La transformation des plantes aromatiques et médicinales se fait à l'étranger (Europe, USA) avant leur commercialisation aux différents industriels. Aucune valorisation n'est réalisée localement. Il y a aussi les méthodes conventionnelles d'exploitation des cultures qui engendrent des retombées négatives sur l'environnement», expose l'ingénieur. Sa start-up qui se veut à fort impact social et environnemental vise à encourager les petits agriculteurs à cultiver les plantes aromatiques et médicinales et éviter l'arrachage spontané. Son engagement incitatif est de payer les cultivateurs 50% plus cher que les prix du marché. Sur le plan organisationnel, son modèle s'appuie sur la mise en place d'une agrégation de petits agriculteurs et d'un paiement pour les services écosystémiques (PSE). «C'est à la fois un outil d'amélioration des revenus et un vecteur de création d'emplois dans le monde rural. Nous prévoyons la création de 6 postes permanents par hectare. C'est aussi un outil de préservation de l'environnement grâce à un paiement qui va être réinvesti pour la régénération des écosystèmes naturels», explique M. Danouane. Pour l'heure la start-up a investi pour donner l'exemple dans un terrain agricole dans la province de Chtouka Ait Baha dans la commune de Belfaa pour produire des plantes aromatiques. «Nous sommes en train de développer des méthodes d'extraction innovantes avec le laboratoire de notre incubateur Cité de l'innovation Souss-Massa», indique dans ce contexte l'expert en agriculture.