Après la sortie en France, le film d'Alaa Eddine Aljem est attendu sur les grands écrans marocains. Premier long métrage du jeune cinéaste, «Le miracle du saint inconnu» a séduit le public du Festival de Cannes et de la dernière édition du FIFM. «Le miracle du saint inconnu» du réalisateur marocain Alaa Eddine Aljem s'apprête à rencontrer le grand public. Ceux qui ont eu la chance de découvrir le film au Festival international du film de Marrakech y ont retrouvé un Maroc prisonnier de croyances et de superstitions, mais également empreint de foi et d'espoir, le tout livré dans une caricature tendre et subtile. Sorti en France ce premier janvier, le premier long métrage d'Alaa Eddine Aljem continue à faire couler beaucoup d'encre dans la presse de l'Hexagone. Le public marocain, quant à lui, devra attendre la fin des négociations avec le distributeur marocain, pour enfin découvrir l'œuvre burlesque d'un cinéaste prometteur. Heureusement, il est question de quelques jours, voire quelques semaines, tout au plus. Des faits qui interpellent Dès les premières annonces autour du film au Festival de Cannes, en mai dernier, le synopsis du film a retenu l'attention. Dans un pays où la superstition et les croyances sont prégnantes, l'érection d'un mausolée autour d'une tombe inconnue tombait sous le sens. Mais l'absurde pointe lorsqu'on sait, nous autres spectateurs, que la tombe en question n'est qu'une cachette pour le magot d'un voleur en cavale qui finit par être rattrapé et incarcéré pendant des années. A sa sortie de prison, le voleur (Younes Bouab) se heurte à l'impossibilité de récupérer son butin, ou même d'approcher la tombe entourée de jour et surveillée de nuit. En attendant l'arrivée d'un complice appelé à la rescousse (Salah Bensaleh), le voleur loge dans le village attenant, né il y a peu autour du saint inconnu. On y découvre une faune farfelue, depuis le gardien du mausolée, épris de son chien de garde, au coiffeur du village, réparateur de dents, en passant par les femmes qui n'ont d'autre endroit pour se retrouver que dans la salle d'attente d'un jeune médecin (Anas Elbaz), désespéré par la concurrence du saint inconnu. De l'autre côté de la vallée, un jeune homme implore son père pour quitter leur terre meurtrie par la sécheresse, mais la foi du dernier n'a pas de limite. Le film L'humour est omniprésent dans le film. Que ce soit dans la série d'anecdotes et de situations cocasses qu'il dépeint, ou dans le dialogue que le réalisateur a voulu laconique, mais signifiant. Cette concision dans le propos aurait pu se marier avec une musique adaptée à la comédie, mais le choix du réalisateur s'est porté sur un silence qui se prolongeait un peu trop, eu égard à sa prédilection pour les plans séquences. Autre fait qui interpelle, le choix d'un casting exclusivement masculin. Hormis les figurantes qui se relayent sur le bureau du médecin et autour du mausolée, aucun personnage féminin ne vient ajouter son grain de sel à cette fable marocaine, ce qui étonne vu le thème de la superstition, à moins que le réalisateur ait justement voulu détacher les croyances du genre, ce qui se respecte largement. Cela étant dit, «Le miracle du saint inconnu» est un premier film prometteur, une comédie critique qui sort de l'habituelle caricature grotesque et de l'humour potache qui surplombe les affiches des multiplexes. Un peu plus de travail en profondeur des personnages et des situations aurait donné plus de matière à réfléchir et à déguster. Mais pour l'instant, le film a toutes ses chances pour exploser les recettes guichets des salles obscures. A voir absolument.