Jawad Ziyat quitte Addoha en 2016. Depuis, il n'est plus sous les feux de l'actualité, jusqu'au jeudi 13 septembre, jour de sa nomination à la tête du Raja. La Vie éco l'a rencontré en juillet. Confidences. Il l'avait dit et il l'a fait. Deux ans après son départ de la tête de Prestigia, filiale luxury du groupe immobilier Addoha, Jawad Ziyat a lancé son propre business. «Je me rapprochais du cap de la cinquantaine. Je cumulais 25 ans de salariat. C'est long.Deux voies s'offraient à moi : soit demeurer dans une espèce de confort, soit accepter de recommencer à zéro», précise-il. Il monte Injaz holding, un groupe de sociétés dans le conseil à l'entreprise notamment dans le secteur de l'immobilier. «J'étais surtout motivé par la volonté de faire les choses par moi-même, même en plus petit, avec beaucoup moins d'employés et de confort», développe-t-il. Voici comment il se retrouve à gérer près de 80 personnes. Au sein du holding, on trouve Injaz advisory, une société qui fait du conseil aux entreprises dans la restructuration financière et la mise en place de stratégie opérationnelle. Puis, Injaz human capital, spécialisée dans le recrutement et Injaz solution, qui accompagne les promoteurs immobiliers dans la commercialisation de leurs projets immobiliers, dans leur structuration, leur business plan et études de marchés; «cette dernière est vraiment tournée vers l'immobilier», souligne-t-il. Et une dernière, Injaz Management, qui fait dans la gestion technique des projets, une assistance dans la maîtrise d'ouvrage. Parallèlement, il fonde avec Ismael Belkhayat, votrechauffeur.ma, une activité qu'il présente comme une alternative à Uber. «Nous sommes transporteur touristique avec une touche technologique», résume-t-il. A travers un call center opérationnel 24h/24, un client à partir de l'étranger réserve un des trente chauffeurs, dont il reçoit la photo, le numéro d'immatriculation du véhicule et le prix du trajet. Et ce n'est pas tout. Il s'associe avec deux anciens de métallurgie dans la société With Steel, opérationnelle dans la construction métallique. En deux ans, cette dernière entité affiche un chiffre d'affaires de 20 millions de DH. A son actif: l'extension de l'usine de Pepsi, à Bouskoura, et celle du Petit Forestier, leader européen du froid, une grosse structure métallique pour l'hôtel Fermont à Rabat... Et puis à la rentrée, With Steel inaugurera sa propre usine dans la zone MedZ à Kénitra, une superficie de 4 000 m2, comptant 500 m2 de bureau pour la trentaine d'effectifs et un hangar de 1 500 m2. Cet appel de l'usine n'est pas sans rappeler son expérience chez Procter&Gamble, dès son retour au Maroc, en 1991. «En bon ingénieur, j'ai commencé à l'usine avec les machines et dans la gestion des ressources humaines. Au bout de 20 mois, je suis passé au marketing, où je n'y connaissais rien», raconte-t-il. Il découvre que le client conditionne la production. Il procède au lancement sur le marché marocain de la marque de couches pour bébés, Pampers, et réussit à convertir les mamans, qui abandonnent les langes en tissu. «Le groupe Procter avait acheté Sanicroix et l'avait transformé en Mr Propre. En Europe, les publicités des années 1994-97 montraient Mr Propre nettoyant la cuisine d'un clic. Ce n'était pas crédible pour la ménagère marocaine. Alors on est retourné aux pubs des années 60-70, nous les avons adaptées et le concept a pris !» Fin de l'aventure «multinationale» en 1997 et Jawad Ziyat embraye sur une carrière dans l'administration. Il y est directeur de l'aménagement et des investissements au département du tourisme. «J'en garde une connaissance approfondie du fonctionnement du dispositif global de l'administration marocaine et une connaissance du pays», raconte-t-il. Au bout de 8 ans, «l'offre TUI m'a donné l'opportunité de rester dans le tourisme et de me lancer dans le secteur passionnant et compliqué de l'aérien», précise-t-il. Président du directoire de la compagnie Jet 4 You, les débuts sont difficiles. «Une flotte de deux avions un peu vieux et avec beaucoup de pannes», se rappelle-t-il. Et d'ajouter : «C'est le métier le plus compliqué et le plus ingrat car vous gérez une denrée non stockable, qui est le trajet». Implication totale, vie privée compromise, limites d'une organisation restreinte, des contraintes qui l'amènent à accepter trois ans plus tard l'offre de Anas Sefroui, PDG de Douja Promotion, durant une soirée. «L'idée de cette collaboration germait déjà quand j'ai quitté le ministère pour TUI», confie-t-il. Soit ! Avec dans son escarcelle une importante réserve foncière, le groupe Addoha voulait faire du haut standing. «Nous avons lancé nos programmes simultanément, les concurrents étaient rapidement largués», explique-t-il. Mais auparavant, Addoha Prestigia devient Prestigia en dissociant le nom commercial de sa connotation d'habitat social, le succès est venu. Des souvenirs remontent. «En 2009, nous avions fait nuit blanche pour arrêter les prix de la 2e tranche du programme de Bouskoura. Car, la veille, la 1ère tranche s'était écoulée en une journée et à 10 heures du matin, les gens s'agglutinaient devant la porte du showroom de Moulay Youssef», raconte-t-il. Aujourd'hui, difficile d'imaginer une telle scène. En effet, «l'offre est importante, les gens prennent leur temps avant de se décider», confirme-t-il.