Selon le management, les prix sont près de 10% moins chers. A nas Sefrioui a décidé d'investir en Afrique, dans des cimenteries, mais pour son propre compte. Son groupe Addoha suit avec la construction de logements sociaux. Peut-on imaginer alors que Prestigia, sa marque de biens de luxe, s'y mette aussi ? Pour son patron, Jawad Ziyat, l'Afrique n'est pas encore un marché porteur étant donné qu'il est encore «petit». Prestigia, tout comme Addoha, a besoin de construire en masse pour atteindre une taille critique, donc un certain volume pour réaliser plus de chiffres. Néanmoins, la société ne s'interdit pas la réalisation d'opérations ponctuelles comme en Côte d'Ivoire par exemple. Comme la demande n'y est pas dans le Vieux Continent, Prestigia se concentre alors sur ses programmes au Maroc. Depuis quelques années, ce sont toujours les mêmes avec des livraisons qui se font progressivement, en fonction des différents projets. La société préfère s'y concentrer avant de décider de se lancer dans de nouveaux chantiers. Pour Jawad Ziyat, il faut au moins arriver à écouler 80% d'un projet pour investir dans un autre grand nouveau, « sinon, ce ne serait pas vraiment judicieux». Le seul projet qui avoisinerait pour l'instant ce pourcentage est Bouskoura Golf City (Casablanca). C'est ce qui fait dire au patron de Prestigia que rien n'empêche aujourd'hui ses équipes de commencer à chercher des opportunités dans la capitale économique pour y développer un autre projet. Pour l'heure, rien n'est concret et Prestigia n'a pas encore de foncier pour cela. « Mais nous pouvons regarder ce qu'on peut faire dans cette ville ». 20% de taux de marge Dans l'ensemble, la société se targue aujourd'hui de bien maintenir le cap, malgré une crise qui affecte le secteur du haut standing, notamment dans certaines villes comme Marrakech. Mais pour le promoteur immobilier, si la marque de luxe arrive à s'en sortir, c'est parce que ses produits sont destinés essentiellement à des Marocains qui achètent des résidences principales. C'est le cas à Rabat par exemple dans le projet Ryad Al Andalous à Hay Riad qui représente environ la moitié du programme des logements de Prestigia. Des logements qui, globalement, selon Ziyat, restent, à qualité égale, près de 10% moins chers que ceux de la concurrence. Pour y arriver, la filiale du groupe Addoha revendique une marge moyenne de seulement 20% au moment où des études avaient montré que les promoteurs immobiliers en dégageaient de plus importantes sur le segment du haut standing. Ajouter à cela des coûts de construction qui seraient les moins chers du marché en raison des accords stratégiques conclus sur les intrants. «On se force à être moins cher que la concurrence», dixit Jawad Ziyat. Pour séduire aussi les clients, Prestigia réalise de temps à autre des opérations marketing qui portent leurs fruits. C'est le cas par exemple de la promotion Fiat où la société s'est engagée à offrir une Fiat 500 à tout nouvel acquéreur de logement entre le 15 mars et le 30 avril 2013. Le premier week-end de la promotion, l'opérateur a écoulé 60 à 70 biens, et cela, malgré le fait qu'il ait demandé aux clients de verser un acompte de 25%, contre 10% ordinairement. En l'espace d'un mois et demi, finalement, ce sont 200 biens qui ont été commercialisés. Un joli coup. Si le management de la société séduit d'un côté par ces actions, il lui faudra de l'autre convaincre les clients mécontents des retards de livraison enregistrés sur des projets comme celui de Bouskoura Golf City. Sans détours, Jawad Ziyat assume cette responsabilité et déclare même que parfois, il arrive que des délais dépassent les six mois de glissement initialement prévus sur le compromis de vente. Cela s'est produit sur le projet de Casablanca. L'un des partenaires de Prestigia, un espagnol, en charge de la construction, s'était «envolé» en septembre 2010 après avoir touché un chèque de 4 millions de dirhams, sans remplir son cahier des charges. Il a fallu des mois pour gérer à l'amiable la sortie de ce partenaire du chantier et en trouver un autre. Le groupe immobilier est donc obligé d'en supporter les coûts. Globalement,le coût des mésaventures de ce genre peut être évalué à des dizaines de millions de dirhams. En tous les cas, malgré la conjoncture, Prestigia reste optimiste quant à la commercialisation des autres tranches des projets qui lui restent. Pour 2013, la production devrait avoisiner les 1500 unités, dont 87% sont des appartements et le reste des villas. Quant aux ventes, elles sont, selon le management, jusqu'à présent, au même niveau que l'an dernier.