Une convention sera signée avec les opérateurs pour lancer plusieurs chantiers structurants. L'objectif est de faire contribuer le BTP au PIB à hauteur de 81 milliards de DH à l'horizon 2022, de doubler les effectifs employés à plus de 2 millions et de faire croître la productivité apparente de 3% par employé et par an. Les professionnels réclament un Code de la commande publique. Le suspens aura duré jusqu'au bout. La signature du contrat-programme du BTP et de l'ingénierie ne s'est finalement pas faite comme l'espéraient les professionnels durant le Salon BTP Expo qui s'est tenu du 27 au 30 novembre dernier à Casablanca. Quelques jours sont encore nécessaires pour ficeler le texte, a justifié Abdelkader Amara, ministre de l'équipement et du transport. C'est qu'il s'agit de boucler les ultimes ajustements et arbitrages avec les ministères impliqués dans le contrat programme qui, il faut le dire, sont nombreux. Dix contrats spécifiques doivent en effet être paraphés par différents départements. En revanche, le contrat-cadre devant être signé par les professionnels réunis sous la bannière de la Fédération nationale du BTP (FNBTP) et le chef du gouvernement est aujourd'hui finalisé. En attendant de passer à la phase concrète, les professionnels et le ministère ont dévoilé des éléments supplémentaires sur les objectifs de la future convention dont on a commencé à parler il y a quasiment sept ans. On apprend ainsi que l'ambition de la nouvelle stratégie est de faire contribuer le BTP au PIB à hauteur de 81 milliards de DH à l'horizon 2022. Cela marquerait une progression de près de 40% par rapport à l'actuelle valeur ajoutée du secteur établie à un peu plus de 58,2 milliards de DH. Pour le moins, les objectifs ont été nettement revus à la baisse par rapport aux toutes premières moutures du contrat-programme. Lorsqu'on planchait sur la convention en 2012, on parlait plutôt de parvenir à 93,1 milliards de valeur ajoutée dès 2020. En revanche, le nouveau contrat se montre plus ambitieux en matière de créations d'emplois. Son objectif est en effet de plus que doubler l'effectif qu'occupe actuellement le BTP qui se monte à près d'un million d'employés. En 2012, on n'ambitionnait de faire croître les recrutements que de 160 000 postes en 8 ans. Si ce scénario se réalise, ce serait un net revirement de tendance par rapport à ce qui est observé depuis quelques années. Le secteur a en effet perdu 21 000 emplois en 2012 et 50 000 en 2013, et il a maintenu le statu quo par la suite. Et l'éclaircie observée sur le premier quart de l'année en cours qui a connu 20 000 embauches nettes est loin de compenser les déperditions concédées. Intégration des entreprises informelles dans le secteur organisé Tout cela doit se faire en faisant croître de 3% la productivité apparente par employé et par année. Selon les chiffres les plus récents, celle-ci ne dépasse pas à l'heure actuelle les 55 000 DH, ce qui reste faible par rapport à des pays à niveau de développement comparable, selon les spécialistes. Le contrat-programme ciblera l'amélioration d'autres indicateurs qui n'ont manifestement pas encore été chiffrés. Il s'agira ainsi d'intégrer des entreprises informelles dans le secteur organisé. Celles-ci étaient estimées, il y a quelques années, à 89 000 et l'objectif à l'époque était déjà de les réduire de plus du quart. Il s'agira aussi d'améliorer le taux de couverture sociale des employés ainsi que d'améliorer le chiffre d'affaires issu des services du BTP à l'export. Mise en place d'un observatoire du secteur Les parties prenantes vont également un peu plus loin dans le détail quant aux leviers qui seront activés pour atteindre ces objectifs. Ainsi, il s'agira d'abord d'assurer une visibilité par la mise en place d'un observatoire du secteur, mais aussi par le partage d'information aux niveaux central et régional ainsi que l'organisation de manifestations professionnelles et salons à l'échelle nationale et internationale. Sur un deuxième grand volet, l'idée est d'agir sur le cadre réglementaire et d'optimiser les processus de l'administration. Les professionnels ont une idée bien précise de ce qu'il s'agirait d'ajuster sur ce plan. Ils souhaitent ainsi qu'un Code de la commande publique soit adopté pour consacrer l'application systématique d'un ensemble de règles au niveau des marchés publics dont la préférence nationale. Les opérateurs réclament aussi d'apporter un ensemble d'améliorations à la Commission nationale de la commande publique. Ils militent enfin pour l'unification et la généralisation du système de qualification et de classification des entreprises. Toutes ces revendications ont été présentées le 3 novembre dernier au chef du gouvernement et seront intégrées au contrat-programme, avance la FNBTP. Autres leviers qui seront activés par la convention, le renforcement des compétences et l'amélioration de l'attractivité des métiers du BTP par l'accroissement du niveau de qualification des employés du secteur, ainsi que le renforcement du rôle des fédérations dans la formation. Les représentations professionnelles justement devraient être musclées en les impliquant dans la sécurité des chantiers et la responsabilité civile et en développant leur nombre d'adhérents. Pour niveler le tissu d'entreprises par le haut, l'idée est aussi de déployer un ensemble de programmes pour accompagner la mise à niveau technique et technologique des opérateurs, améliorer les conditions de sécurité et de santé sur les chantiers, faire émerger des champions nationaux et régionaux dans le secteur ou encore promouvoir et accompagner les entreprises sur des marchés à l'export. Last but not least, des entités devraient être créées au niveau des ministères pour développer les partenariats public-privé.