Le salon BTP Expo et Forum du BTP, tenus à Casablanca du 26 au 30 mai, ont réussi sans conteste le pari de renforcer le prestige et la visibilité du secteur. Le Premier ministre Abbas El Fassi le reconnaît sans détour : les entreprises nationales contribuent efficacement en termes de PIB national et de création d'emplois. Aux yeux de tous, le débat qui a eu lieu entre les professionnels du secteur et les membres du gouvernement a été jugé direct et constructif. Le message tacite de ces trois jours de forum était le suivant: les partenariats public-privé sont définitivement la voie préconisée pour professionnaliser le secteur du BTP et le doter d'une compétitivité internationale. La Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP) a mobilisé dans ce sens tous ses adhérents pour faire face aux défis qui se présentent devant les entreprises du secteur : transparence, libre concurrence, qualité, innovation et promotion des ressources humaines. Mais pour cela, les entreprises marocaines ont besoin d'être «mieux soutenues», n'ont cessé de répéter les représentants de la profession. Option la plus plausible pour permettre au secteur d'achever sa mise à niveau. Bouchaïb Benhamida, le président de la FNBTP, milite pour que la part du lion revienne aux entreprises marocaines. «Nous voulons que les projets marocains reviennent aux entreprises marocaines», déclare-t-il aux Echos quotidien. Un débat soutenu depuis plusieurs années et qui commence à donner ses fruits. Le ministre de l'Equipement et du transport n'a pas manqué de souligner que la performance réalisée par les entreprises marocaines ces dernières années est honorable, précisant qu'elles remportent la moitié des commandes lancées par l'Etat. Mais pour aller plus vite, Bouchaib Benhamida voit la nécessité d'instaurer des réglementations claires et peu procédurales afin d'endiguer le déséquilibre subi par les entreprises marocaines dans la communication avec leurs partenaires, «notamment l'Etat-client», note-t-il. Autrement dit, l'Etat doit établir une procédure rapide pour le paiement auprès de ses contractants privés afin de leur éviter des situations de stress de liquidités. Car dans un contexte marqué par un flux d'entreprises Nord-Sud, celles marocaines doivent se concentrer sur d'autres priorités : compétitivité, responsabilité sociale et innovation. En avant, dans l'ordre et méthodiquement Il existe une nouvelle dynamique et elle est alimentée conjointement par le gouvernement et le secteur privé. Plusieurs études réalisées ont débouché sur un même constat : pour être compétitives, les entreprises marocaines du BTP ont besoin de ressources humaines qualifiées. 6.900 ingénieurs, 30.700 techniciens et 143.000 ouvriers au bas mot à l'horizon 2012. C'est ainsi que du côté du gouvernement, l'on assure que des réponses concrètes seront apportées à travers la signature du nouveau contrat-programme entre l'Etat et le secteur privé dans les semaines à venir. «Les entreprises marocaines pourront se structurer davantage en ayant à leur disposition des ressources humaines qualifiées», ajoute Karim Ghellab. Dans l'immédiat, une convention a été signée vendredi 28 mai entre le secrétariat d'Etat à l'eau et l'environnement, la FNBTP et l'OFPPT visant le «reprofilage» des jeunes diplômés des filières scientifiques, universitaires ou autres vers les métiers du BTP, par milliers. Ainsi et en fonction de la durée et de la teneur de la formation, ingénieurs et techniciens viendront garnir les rangs RH du secteur. Du pur win-win en perspective. Le Salon a été l'occasion de constater que les quelques sociétés marocaines qui ont misé là-dessus exportent aujourd'hui le savoir-faire marocain en BTP vers l'Afrique, notamment les pays du sud du continent. L'idée est de voir cet élan croître en ampleur, se diversifier dans d'autres filières BTP et vers d'autres horizons prometteurs. L'Etat, donneur d'ordres Avec 257 milliards de DH pour la période 2008-2012, ce sont plus de 52 milliards de DH par an que l'Etat débourse pour développer et mettre à niveau ses infrastructures. Le Premier ministre Abbas El Fassi a passé en revue l'ensemble des chantiers en cours et rassuré par rapport aux délais fixés initialement. Ainsi, 160 km d'autoroutes viennent chaque année densifier le réseau autoroutier marocain, qui atteindra 1.430 km en juin 2011. Au pas de guerre aussi, les routes secondaires qui s'étendent de 2.000 km annuellement et les 1.014 km de voies rapides qui devront en principe être ouvertes au trafic à l'horizon 2012, de même que la rocade méditerranéenne qui s'étend sur 390 km. Le réseau ferroviaire connaît également la même dynamique : nouvelles voies ferrées (Taourirt-Nador et Tanger-TangerMed prochainement), dédoublement de voie, rénovation des gares de voyageurs. Parallèlement, l'Etat continue d'accompagner le développement des aéroports marocains, dans une approche basée sur la convergence avec les meilleures normes internationales. En outre, l'Etat maintient un rythme de construction de deux grands barrages et 13 moyens par an. Peut-être qu'en exposant ainsi le carnet de commandes de l'Etat, Abbas El Fassi a voulu dire aussi qu'il y a du travail pour tout le monde.