Depuis 2010, de nombreuses stations ont été installées. Ces projets ont permis de valoriser les récoltes de nombreuses filières, principalement celles des dattes et des fruits et légumes. Ils se sont traduits par une régulation des flux sur le marché, une baisse des déchets et une augmentation des revenus des producteurs. Après la qualité et la fraîcheur, c'est certainement l'emballage d'un produit qui attire le client. Dans plusieurs filières agricoles, le conditionnement et la congélation jouent un rôle important, particulièrement pour l'exportation. Les clients étant principalement la Russie, les Etats-Unis et les pays d'Europe, les normes de qualité sont devenues de plus en plus draconiennes. La concurrence est également rude sur ces marché. C'est dans cet esprit que le Plan Maroc Vert a prévu des subventions pour les opérateurs souhaitant installer des stations de conditionnement et des unités frigorifiques (projets d'agrégation). Cette stratégie lancée en 2009 a bel bien porté ses fruits. Aujourd'hui, plusieurs filières sont dotées de stations de conditionnement et d'unités de congélation. Au regard des professionnels, ces équipements ont permis de résoudre plusieurs problèmes du secteur agricole, en l'occurrence pour les exportateurs. C'est le cas par exemple de la filière maraîchage de primeurs. Pour cette filière essentiellement exportatrice, les stations de conditionnement et les unités frigorifiques sont une nécessité. «Nous ne pouvons pas exporter nos produits s'ils ne sont pas emballés et frigorifiés», explique Lahoucine Adardour, président de la FIFEL. Et d'ajouter, «le secteur dispose d'une centaine de stations de conditionnement de fruits et légumes dont plus de 60% sont équipées de structures de froid». Ces équipements, au regard du professionnel, permettent de préserver la fraîcheur des produits pour une plus longue durée, et ont nettement réduit le taux de retour des marchandises. Ils ont également contribué à l'amélioration des exportations du secteur. Au même titre que la filière maraichage de primeurs, celle de l'arboriculture fruitière a également bénéficié de ce programme. «La filière dispose de 115 stations de conditionnement dont 28 sont équipées d'unités frigorifiques», déclare Aboubaker Belkora, président de la FEDAM. En détails, ils sont 80 stations installées dans la Région de Fès-Meknès, 32 dans la Région de Drâa-Tafilalt dont la grande partie se trouve principalement dans la ville de Midelt, ainsi que trois autres à Beni-Mellal. Aujourd'hui «sur une récolte totale de 1,5 million de tonnes, plus de 30%, soit 600 000 tonnes, sont traitées et frigorifiées dans ces stations», ajoute le président. Ces équipements ont permis à la filière d'améliorer le niveau des exportations mais surtout réguler les flux sur le marché. En effet, «les unités frigorifiques permettent de préserver la récolte pour une durée de six mois, soit de septembre à mai», développe-t-il. Et d'ajouter, «cette régulation permet non seulement d'approvisionner le marché durant toute l'année de façon régulière, mais aussi de garder la fraîcheur et la qualité du produit, ce qui permet de maintenir le prix du produit à un niveau abordable pour le consommateur jusqu'à la récolte suivante». S'agissant de la phoeniciculture, l'impact est encore plus positif. «Auparavant, les dattes ne résistaient pas plus que trois mois», déclare Belhassan Benabdellah, président de la FIMA-DATTES. Et d'ajouter, «grâce aux efforts du ministère de l'agriculture, de nombreuses stations de conditionnement sont installées et ont permis d'améliorer le rendement de la filière». Dans le détail, la filière dispose à présent de 23 stations de conditionnement qui sont associées à des unités frigorifiques dans les villes de Figuig, Errachidia, Ouarzazate, Tinghir, Tata, Zagoura et Tiznit. Sur ce total, six sont opérationnelles. «Les 17 autres sont en cours de construction ou de finition», explique le président qui confirme toutefois que l'impact de ces six premières stations est déjà palpable. En effet, grâce aux unités frigorifiques, la récolte des dattes peut être préservée entre deux à trois ans. Ceci a permis de réduire le taux de déchets car avant la mise en place de ces équipements, plus de 60% de la récolte était perdue. Actuellement, le taux de déchet est limité à 20%. Ce pourcentage pourrait baisser davantage après la mise en service des autres stations. Le conditionnement a également permis aux opérateurs de la filière de doubler leurs revenus. En d'autres termes, «grâce à l'emballage, les prix des dattes ont augmentés de 100%. La variété qui était vendue à 20 DH est commercialisée aujourd'hui sur le marché à 40 DH», explique le président avant d'ajouter que le coût de l'emballage ne représente que 15% du coût de revient total. En clair, ces projets d'unités de conditionnement et de congélation ont permis aux filières agricoles de valoriser leurs productions, que ce soit sur le marché national ou international, mais aussi de changer les habitudes des producteurs qui, désormais, investissent de plus en plus dans l'agriculture durable. [tabs][tab title ="La tutelle au chevet des agriculteurs"]La plupart des filières, notamment les plus prometteurs, bénéficient depuis 2010 d'une multitude de subventions dans l'objectif de renouveler leurs installations et leurs équipements. Le gouvernement n'a pas lésiné sur les moyens pour permettre de renforcer leur compétitivité, notamment sur les marchés étrangers. En effet, l'Etat octroie une subvention pour tout investissement dans l'installation et l'équipement d'unités de valorisation qui s'inscrit dans le cadre des projets d'agrégation dans les différents domaines agricoles. La valeur de la subvention est fixée à 10% du montant global de l'investissement dans la limite des plafonds déterminés en fonction des types de projets. Ce plafond peut atteindre 4,75 MDH pour tout projet de mise en place d'une station de conditionnement des agrumes, 1,5 MDH pour les semences, 2,46 MDH pour les cultures maraîchères et 1,98 MDH quand il s'agit d'un complexe intégrant une unité de conditionnement et de surgélation. Lorsque l'investissement porte sur la création d'une unité frigorifique, le soutien financier peut aller jusqu'à 2,24 MDH.[/tab][/tabs]