La grande nouveauté de l'actuelle campagne agricole reste l'accord conclu entre le Maroc et l'UE concernant l'augmentation des exportations de tomates contre l'importation du blé tendre. Un troc qui arrange producteurs et exportateurs. L'effervescence est vite retombée dans le marché des céréales. A la veille du démarrage de la campagne agricole, les cours du blé affichaient une augmentation de 9% contre 11% pour l'orge. Depuis, c'est le ralentissement qui prévaut. D'après l'analyse du Crédit agricole, ce phénomène résulte de l'élévation du niveau de l'offre qui, ayant suivi les prix vers le haut, a atteint une sorte d'équilibre. Par rapport à l'année dernière, la tendance générale est donc à la stagnation, exceptée l'orge dont les prix sont en augmentation de 15%. La grande nouveauté demeure cependant l'accord conclu entre le Maroc et l'UE concernant l'augmentation des exportations de tomates d'un sens et celle de l'importation du blé tendre de l'autre. Ainsi, le maraîchage à l'export voit son contingent de tomate sur l'UE augmenter de 10 000 tonnes cette année. De plus, suivant sa récolte, le Maroc puisera ses besoins en céréales dans le marché de l'Union. Les deux parties ont convenu d'un système souple : lorsque la production nationale est inférieure à 2,1 millions de tonnes, le contingent à droit réduit importé de l'UE peut atteindre un million de tonnes. Au cas où la production nationale dépasserait la barre des 2,1 millions tonnes, cette quantité pourrait être ramenée à 400 000 tonnes. On est plutôt dans ce scénario en ce qui concerne la période allant du premier juin au 30 septembre 2003. D'après l'ONICL, les importations de céréales ont atteint près de 8 millions de quintaux, soit une baisse de 42% par rapport à la même période de l'exercice précédent. Dans ce volume, le blé tendre représente 12% du total contre 50% pour l'année dernière. Concernant les agrumes, la production prévisionnelle de cette nouvelle campagne est estimée à 1,16 million de tonne, soit une baisse de 11,4% par rapport à l'année dernière. Raison évoquée : les hausses anormales de chaleurs de mai à la mi-septembre. Ces chaleurs ont réduit les effets bénéfiques des pluies tombées durant les cinq premiers mois de la saison 2002-2003. Le Souss, première région agricole, a particulièrement souffert de la pénurie d'eau. Aussi, l'un n'allant pas sans l'autre, la baisse de la production a entraîné celle des exportations qui abandonnent 2,5%. Un retard qui se corrigera sans doute cette année vu le bon niveau de pluviométrie. Les producteurs misent avant tout sur les variétés de demi-saison et tardives. Par ailleurs, chez les concurrents du bassin méditerranéen, on note une légère régression. L'Espagne et particulièrement la région de Valence (70% de la production de ce pays) a déjà prévu une baisse d'au moins 2,5%. Afin de doper les exportations d'agrumes, l'Etat a pris un certain nombre de mesures. Pour la campagne en cours, la mesure principale concerne le maintien de l'aide de l'Etat aux exportateurs d'agrumes hors UE, ainsi que la poursuite de l'octroi de la prime à l'investissement et des subventions au profit du secteur arboricole (agrumes et olivier) et aux unités de valorisation (stations de conditionnement, de trituration, et les entrepôts frigorifiques). Le Crédit Agricole pour sa part a tout mis en place pour assurer le financement de cette campagne dans de bonnes conditions. Son intervention se fera dans le cadre d'une approche intégrée par filière, visant à consolider et à capitaliser davantage les synergies existantes entre les segments agricoles, industriel et commercial des filières agro-alimentaires. Par ailleurs, le programme d'assurance climatique est toujours en vigueur sur 300 000 hectares. Ces différentes mesures ajoutées à une pluviométrie plutôt bonne laissent augurer d'une campagne agricole exceptionnelle au niveau production et exportation. Reste à savoir si, dans ce dernier volet, les produits marocains arriveront à maintenir un niveau de prix intéressant à l'export. Cela n'a pas toujours été évident.