Le recrutement des équipes, l'implantation des agences et la mise en place des systèmes d'information sont les chantiers les plus avancés chez la majorité des établissements. La finalisation du catalogue de produits suspendue à l'achèvement du cadre réglementaire. Tous les acteurs prévoient le démarrage de leur activité sur les 6 premiers mois de 2017. Depuis l'annonce des banques ayant reçu l'avis favorable de Bank Al-Maghrib pour exercer des activités de finance participative (décision qui ne sera entérinée qu'après la publication des agréments au Bulletin officiel), l'exécution des chantiers structurants de cette nouvelle industrie semble être passée à la vitesse supérieure. Les choses se précisent en effet pour le marché monétaire de ce nouveau secteur, qui permettra aux futurs acteurs de lever des fonds pour leur développement et d'investir leurs liquidités, avec l'émission d'un sukuk souverain attendue pour le premier semestre 2017. Les pouvoirs publics sont aussi à pied d'œuvre pour boucler le cadre légal de l'assurance Takaful, complément indispensable des solutions bancaires islamiques. Un autre chantier ouvert et que l'on a peu évoqué jusqu'à présent porte sur la mise en conformité des solutions de la Caisse Centrale de Garantie (CCG) afin que les clients des futures banques islamiques puissent eux aussi bénéficier de la garantie étatique sur leurs financements (Fogarim...). Parallèlement, Bank Al-Maghrib est en train d'apporter les dernières touches à une batterie de circulaires qui encadreront l'activité des futurs opérateurs, se rapportant notamment aux comités Charia interne (fonction conformité) dont devra se doter chaque établissement, aux schémas de fonctionnement des solutions de financement et de placement ou encore aux conditions d'exercice des départements dédiés à la finance participative créés au sein des structures conventionnelles (fenêtres)... Des textes dont La Vie éco a dévoilé le détail dans de précédentes éditions. De leur côté, les banques accélèrent la cadence pour concrétiser les actions déterminées dans leur phase de planification. Où en sont aujourd'hui les préparatifs et comment s'annonce le lancement au niveau de chaque établissement ? La Vie éco a pu recueillir le son de cloche de tous les opérateurs, à l'exception de BMCE Bank of Africa dont le management a jugé «prématuré de se prononcer au stade d'avancement actuel» et Crédit Agricole du Maroc. Notons cependant que le partenaire de BMCE Bank sur son projet de banque participative, le groupe bahreïni Al Baraka, a annoncé ces derniers jours à travers un média international un démarrage de l'activité durant le semestre en cours avec la création de 25 agences. La même source évoque aussi déjà des visées sur les marchés d'Afrique de l'Ouest. Attijariwafa bank : 15 villes couvertes au lancement Pour le reste, l'on apprend auprès d'Attijariwafa bank que la future banque participative du groupe, Bank Assafa, s'appuiera au démarrage sur les ressources de sa filiale Dar Assafaa Litamwil, créée depuis 2010 pour commercialiser la précédente génération de produits islamiques, dits alternatifs. Ainsi, au démarrage, la nouvelle entité sera dotée des ressources humaines de Dar Assafaa Litamwil, totalisant plus de 130 personnes, selon le groupe. Bank Assafa héritera aussi du réseau de l'ancienne filiale (17 points de service à l'heure actuelle), ce qui lui permettra de couvrir dès le lancement 15 villes. Le groupe laisse entendre qu'il consentira tout de même des investissements pour muscler les moyens techniques et opérationnels de Dar Assafaa (systèmes d'informations, services et traitements, monétique, audit, conformité, comptabilité, risques, juridique, logistique, qualité…) afin de permettre le bon déploiement des nouvelles activités participatives. La question reste toutefois posée de savoir ce qu'il adviendra du stock de financements alternatifs détenu par Dar Assafaa. Celui-ci sera très difficile, voire impossible à transférer vers la nouvelle structure, selon les spécialistes. Du reste, Attijariwafa bank anticipe le démarrage des activités et la communication des produits et services proposés probablement durant ce 1er semestre. BCP : la formation des équipes, le plan de communication et l'implantation du réseau déjà ficelés Dès le lancement du processus de dépôt des demandes d'agrément, la Banque Centrale Populaire (BCP) a ouvert de nombreux chantiers en préparation du lancement de son activité participative. Ceux-ci ont porté notamment sur le choix et l'implémentation d'un système d'information, la définition d'un business model et sa déclinaison en stratégies commerciale et financière, le choix du nom et de l'identité visuelle, ainsi que le choix d'un réseau de distribution dédié à cette nouvelle activité bancaire. Tous ces chantiers se trouvent aujourd'hui à un stade avancé, apprend-on auprès du groupe qui constitue sa nouvelle filiale en partenariat avec le groupe saoudien Guidance (société financière spécialisée dans le développement immobilier). Plus que cela, BCP annonce avoir déjà rempli tous les pré-requis nécessaires au démarrage, à savoir le recrutement et la formation des équipes, le choix et l'aménagement des locaux qui abriteront l'activité de cette nouvelle banque ainsi que l'élaboration d'un plan de communication adéquat avec ses composantes internes et externes. La dernière touche consistera en le recrutement dans les prochains jours de compétences pointues qui viendront en renfort au noyau de l'équipe dirigeante qui est déjà désignée, explique-t-on. Au train où vont les choses, le groupe ambitionne de se lancer sur ce nouveau marché au terme du 1er trimestre en cours. CIH Bank : le modèle digital décliné sur la banque participative La filiale de CIH Bank dédiée à la finance participative, établie en partenariat avec la Qatar International Islamic Bank, a pris forme près d'un an avant la publication des agréments de BAM pour l'exercice de cette activité. Elle a en effet été constituée juridiquement depuis début 2016. Elle a initié dans la foulée de premiers chantiers concernant la communication et le système d'information et d'organisation, explique le management de la future filiale. La nouvelle structure est à présent dotée en ressources humaines recrutées aussi bien pour le siège que pour le réseau et un programme de formation est mis en place. Aussi, les points de vente pour la première année d'activité sont identifiés et les projets d'aménagement sont à un stade avancé, explique le management qui annonce l'implantation de la future banque sur l'ensemble des principales villes. En complément de ce réseau physique, la nouvelle filiale fera la part belle dans son modèle au digital et au multi-canal, dans la lignée de la stratégie de sa maison mère. Crédit du Maroc : 12 agences au lancement Même si elles se limitent à créer des départements (fenêtres) dédiés à la finance participative plutôt que des filiales, les banques à capitaux français n'en ont pas moins de gros chantiers à gérer. C'est que BAM leur impose de cantonner les activités participatives, ce qui revient quasiment à créer une banque dans la banque en lui dédiant des fonds propres, un système d'information, une identité visuelle, des équipes commerciales… C'est ainsi que dès le début de 2016, Crédit du Maroc a constitué une équipe projet qui a travaillé sur différents chantiers (offre, distribution, gouvernance et conformité, ressources humaines, finances...) qui sont aujourd'hui bien avancés, selon le management de la banque. Au passage, l'établissement explique qu'il a opté pour le modèle de la fenêtre de service sur la base d'une enquête client à l'issue de laquelle il est ressorti une préférence pour le modèle de distribution dans des espaces au sein des agences existantes. Depuis l'annonce des agréments par BAM, la banque a accéléré les travaux d'installation du nouveau système d'information et elle poursuit le recrutement et la formation des équipes. A ce rythme, Crédit du Maroc compte proposer ses produits dans 6 mois en démarrant avec les solutions les plus simples et classiques. Elle devrait en outre se lancer avec 12 agences dédiées à l'offre participative (dans le cas des fenêtres, BAM limite le réseau de distribution à 4% du parc d'agences global de chaque banque, jusqu'à fin 2017 avec un relèvement progressif jusqu'à 10% d'ici 2020). BMCI : la banque attaque l'élaboration du plan de communication A aujourd'hui, le management de BMCI informe avoir achevé les étapes nécessaires à la constitution du socle de sa Business Unit dédiée à la finance participative. Cela comprend le volet Offre pour lequel la banque a défini sa stratégie commerciale, la gestion de trésorerie consistant en la mise en place des outils techniques pour garantir une étanchéité, le chantier informatique ainsi que les autres chantiers comme la finance, les risques et la conformité. L'établissement attaque à présent le dispositif de communication. Il lancera aussi bientôt la formation des équipes, l'enrichissement et l'achèvement du volet juridique, notamment les contrats. Au vu de tout cela, le lancement semble se profiler pour le 2e trimestre 2017, informe le management de la banque, avec un réseau de 15 agences au démarrage. Société Générale Maroc: une dizaine d'agences au lancement et un démarrage au premier semestre Pour mettre en place son département dédié à la finance participative, Société Générale Maroc a géré en priorité trois chantiers: la gouvernance dédiée à la fenêtre pour assurer son indépendance par rapport à la banque conventionnelle, la formation de compétences dédiées et l'investissement dans un nouveau système d'informations. A l'image des autres filiales de banques françaises c'est surtout le cantonnement du système bancaire participatif, notamment au niveau de la trésorerie, des systèmes d'informations, des processus de traitement... qui occupe actuellement les équipes projet de la banque. L'ambition de la banque est de démarrer au premier semestre 2017 pour se positionner dans le peloton de tête, étant aussi à rappeler que l'établissement compte démarrer avec une dizaine d'agences, tel qu'annoncé ces dernières semaines.