La filiale du groupe Attijariwafa bank, seule banque participative marocaine à capitaux entièrement marocains, a convié récemment la presse pour une conférence de lancement à Casablanca. La bataille des banques participatives est officiellement lancée.
Les autorisations pour Bank Assafa, Umnia Bank (filiale de CIH Bank, CDG et Qatar International Islamic Bank), Najmah (fenêtre de BMCI) et Dar Al-Amane (fenêtre de Société Générale) ont été publiées au Bulletin officiel le 18 mai dernier. Depuis, seule Umnia Bank a ouvert ses premières agences au public. Bank Assafa semble maintenant vouloir remplir l'espace et ne plus laisser son concurrent seul sur le marché. Cette rencontre, tenue le 6 juin à Casablanca, était en réalité l'occasion pour Youssef Baghdadi, président du Directoire de Bank Assafa, d'expliquer ce qui reste à faire pour le démarrage effectif des banques participatives, de dévoiler la nouvelle identité visuelle de Bank Assafa et de taquiner la concurrence, bien qu'il dit ne pas trop s'en inquiéter.
«Je ne souhaite pas sortir sur le marché car je n'ai rien à vendre»
«Beaucoup m'ont demandé après la publication des agréments au Bulletin officiel pourquoi nous n'avons pas démarré l'activité. Mais je ne souhaite pas sortir sur le marché car je n'ai rien à vendre». Et de déclarer un peu plus tard, «il faut faire attention à ne pas frustrer les clients qui ont trop attendu ces produits. Il faut patienter que tout soit prêt avant de se lancer. Or, ce n'est pas encore le cas». Bref, les attaques de Baghdadi contre son concurrent étaient nombreuses, mais interrogé par des journalistes, il les réfute expliquant qu'il ne parle que de sa banque, appelant tout de même le marché à plus de «retenue». Pourquoi dois-je communiquer ? Pour expliquer que je suis leader ? Je le suis déjà. Est-ce pour se faire connaître ? Le marché nous connait déjà. Pour recruter des clients ? Nous en avons déjà. Il faut respecter les institutions et ces dernières nous demandent d'attendre. Alors, pourquoi démarrer ? Nous souhaitons lancer une finance participative qui ne soit pas frustrante pour les clients, a-t-il lancé.
Une vingtaine d'agences sur tout le territoire
Youssef Baghdadi a déclaré que Bank Assafa devrait démarrer dans les prochaines semaines avec une vingtaine d'agences réparties sur l'ensemble du territoire. Aucun objectif de parts de marché n'a été avancé, mais la banque négocie un transfert des encours de l'ex Dar-Assafa, société de financement, chez Bank Assafa. Pour son patron, le dossier avance rapidement avec le régulateur. Youssef Baghdadi a par ailleurs annoncé que les contrats type, nécessaires au démarrage de l'activité participative des banques sont toujours pour validation chez le Conseil supérieur des Oulémas. Ils devraient être achevés dans les deux semaines à venir et le patron de la filiale d'Attijariwafa bank promet d'arriver sur le marché à «J+1» après l'adoption desdits contrats. Il a annoncé qu'une section dédiée aux banques participatives a été lancée au sein du GPBM avec déjà 4 réunions à son actif. Baghdadi promet aussi un service unique et différencié de la concurrence. «La différenciation vient de la formation et de l'éthique des affaires», a déclaré Baghdadi. Le patron de Bank Assafa veut capitaliser sur des recrutements ciblés de profils convaincus par les différences entre finance participative et finance conventionnelle et par l'intérêt de la première. Bank Assafa est la seule banque participative marocaine à capitaux 100% marocains. Son patron n'a pas caché son appétit pour l'international à l'image de sa maison-mère, et ce dans le respect des règles qui régissent l'activité participative, notamment en ce qui concerne l'étanchéité des fonds. ■
Par A. Hlimi
«Bank Assafa a œuvré pour le chantier participatif» Avant sa mutation en banque participative, Bank Assafa était une société de financement lancée en 2010, offrant des produits alternatifs. C'était le seul établissement financier au Maroc à proposer des produits islamiques. Mais les frottements fiscaux, très nombreux, et l'absence de cadre réglementaire avant 2016, rendaient son développement difficile. Aujourd'hui, la banque veut capitaliser sur cette expérience. Pour son patron, Dar Assafa, devenue maintenant Bank Assafa, a oeuvré pour la formation de la place et son éducation. Quand Dar Assafa était seule sur le marché, ses équipes n'hésitaient pas à vulgariser les concepts auprès du public. «Nous avons participé à l'émergence de la finance participative et si dans quelque temps vous pourrez ouvrir un compte chez une banque participative, c'est grâce au courage du groupe Attijariwafa bank», avance non sans fierté Baghdadi.