Le Maroc s'est engagé à porter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à 52% à l'horizon 2030. 10 GW supplémentaires seront apportés des trois sources d'énergie. Une attention particulière est accordée au secteur du bâtiment, du transport, de l'industrie et de l'agriculture. Le Maroc dispose indéniablement de plusieurs atouts solaire et éolien qui le mettent en position de force face à plusieurs pays voisins. En effet, il bénéficie d'un ensoleillement de 300 jours par an, d'autant que la vitesse des vents y atteint une moyenne de 9m/s dans les régions du littoral notamment, en plus de ressources hydriques non négligeables. Pour tirer profit de ces atouts, des stratégies énergétiques ont été mises en place, accompagnées d'un cadre réglementaire précis, en l'occurrence la loi n°13-09 sur les énergies renouvelables qui vise la promotion de la production d'énergie à partir de sources renouvelables, sa commercialisation et son exportation par des entités publiques ou privées. L'objectif final de cette stratégie était de porter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à 42% à l'horizon 2020. Sauf que, lors de la COP21, le Maroc a relevé ses ambitions, en s'engageant à porter cette part à 52% d'ici à 2030, moyennant une enveloppe budgétaire de quelque 32 milliards de dollars. Autrement dit, le Maroc développera une capacité additionnelle de production d'électricité de plus de 10 GW de source renouvelable entre 2016 et 2030. Pour ce faire, les trois sources d'énergie seront mises à contribution. En effet, sur ce total, 4560 MW proviendront de l'énergie solaire, 4200 MW de l'éolien et 1300 MW de l'hydraulique. Sur le plan du solaire, une prouesse majeure est à retenir. Il s'agit de la mise en service à fin 2015, à Ouarzazate, du plus grand complexe solaire à technologies mixtes jamais développé dans le monde. Ce projet vise une puissance installée d'un minimum de 500 MW à déployer d'ici à 2018, répartie sur 4 centrales. La 1ère (Noor 1) cible une capacité de 160 MW de solaire thermique à concentration à miroirs cylindro-paraboliques. Notons que ce site est déjà opérationnel. A côté, deux autres centrales sont en cours de construction et devraient être fonctionnelles au début de l'année prochaine. Noor 2 serait dotée d'une capacité de 200 MW au moment où Noor 3 devrait livrer 150 MW d'énergie. A terme, ce complexe permettra d'éviter l'émission de 522 000 tonnes de CO2 par an. Quant à Noor 4, elle sera «de type PV et sera dotée d'une capacité de 70 MW. L'énergie éolienne, elle, contribue fortement à réduire la dépendance du Maroc en matière d'importation de l'électricité. D'ailleurs, les projets se développent rapidement, comme l'attestent les capacités installées sur ce segment. En plus du parc éolien de Tarfaya qui dispose d'une capacité énergétique de 300 MW, soit la plus grande capacité de tout le continent, le programme éolien intégré de 850 MW reste l'acquis principal dans ce secteur. Le parc éolien du Maroc compte également d'autres sites, à l'instar de Foum El Oued et Haouma de 50 MW, et Afkhennir de 100 MW. Pour sa part, l'hydroélectricité n'est pas laissée pour compte et ce, en dépit de son potentiel limité. En effet, l'ONEE accorde une attention particulière à ce volet et a lancé un appel d'offres de station de transfert d'énergie par pompage (STEP) Abdelmoumen d'une capacité de 300 MW. Elle devrait renforcer celle d'Afourer, d'une puissance installée de 460 MW et qui est déjà opérationnelle depuis 2014. Résultat: la part de l'éolien et celle du solaire seront portées à 20% chacune d'ici à 2030 et celle de l'hydroélectrique sera au moins de 12%. Cette montée en puissance des énergies renouvelables est propice pour que le Maroc puisse honorer ses engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre de 32% à l'horizon 2030. Transport et bâtiment, premiers secteurs consommateurs d'énergie Il faut savoir que les premiers secteurs consommateurs d'énergie et émetteurs sont le bâtiment et le transport. Le premier produit 35% des émissions de CO2 alors que le second en accapare 25%. L'industrie et l'agriculture ne sont pas en reste, puisqu'elles sont également pointées du doigt pour leurs émissions. C'est pour cette raison d'ailleurs que l'AMEE (Agence marocaine de l'efficacité énergétique, ex ADEREE) a instauré un code de l'efficacité énergétique dans le bâtiment, accompagné d'un texte réglementant les dispositions thermiques. L'objectif étant d'introduire des exigences minimales que doivent respecter les bâtiments à usage résidentiel et tertiaire neufs en vue d'optimiser leurs besoins de chauffage et de climatisation tout en améliorant le confort thermique. Il s'agit entre autres de réduire les consommations énergétiques d'éclairage, de chauffage d'eau chaude sanitaire, de chauffage et de climatisations des bâtiments, d'optimiser la conception des systèmes énergétiques, d'inciter les ingénieurs et maîtres d'œuvre à l'utilisation des approches de conception performante des systèmes énergétiques du bâtiment (ventilation, ombrage, orientation par rapport au soleil, afin de favoriser au maximum l'aération et l'éclairage naturel) et d'aider à la réalisation de diagnostics énergétiques des bâtiments existants. Dans l'industrie, le programme d'efficacité énergétique y afférent vise l'optimisation de la consommation d'énergie dans les unités industrielles, dont notamment les unités agroalimentaires, pour une économie totale estimée à 618 325 tonnes et une réduction des émissions CO2 estimée à 2268 000 tonnes. A terme, le secteur industriel permettrait de réaliser une économie d'énergie de 15% sur la partie électrique et jusqu'à 65% pour la partie thermique et froid. Plusieurs mesures sont recommandées dans ce sens, à l'instar de l'optimisation de la puissance souscrite, l'installation des variateurs de vitesse, la substitution de certains équipements par d'autres à haut rendement, le réglage des chaudières, l'isolation des circuits de vapeur, eau chaude, surface froide... D'autres chantiers sont également prévus pour la mise en œuvre du programme d'efficacité énergétique qui vise à réaliser 12% d'économie d'énergie en 2020 et de 15% à l'horizon de 2030. Il s'agit notamment de l'installation des chauffe-eau solaires, la généralisation des audits énergétiques dans l'industrie, la promotion d'utilisation des lampes à basse consommation, l'installation des chaudières à biomasse dans l'agro-industrie. Pour le transport, il s'agit surtout de renouveler le parc de transport routier. [tabs][tab title ="La ville verte de Benguerir, une prouesse dans la conception de villes intelligentes"]Lors de la COP22, se tiendra un évènement appelé «Buildings day» en vue de présenter les nouveautés opérées dans le secteur de l'habitat. Dans ce cadre, l'habitat durable est mis en exergue et la plus importante avancée du secteur dans ce domaine est la ville verte de Benguerir. D'une superficie de 1 000 hectares, elle doit accueillir 100 000 habitants. Avec un cahier des charges qui répond aux normes de préservation de l'environnement, la ville convoite la certification Leed for Neighborhood Development (LEED ND), label de niveau international qui prend en compte une croissance intelligente, le concept de nouvel urbanisme et la construction de bâtiments durables. En effet, elle a été conçue avec un nouveau modèle de planification urbaine. Son cahier des charges intègre les standards d'une gestion responsable de l'eau avec la mise en place d'un double circuit eau potable et eaux grises, le stockage des eaux de pluie et le recyclage des eaux usées. La ville requiert également l'usage des techniques de valorisation des déchets par les filières appropriées et le recours aux énergies renouvelables et propres (éolienne, solaire, biomasse). Cette ville pionnière en Afrique ne compte pas parmi les seules réalisations du pays. Le groupe AL Omrane s'est déjà engagé dans cette nouvelle orientation, en mettant en place 5 projets pilotes intégrant des bâtiments avec plusieurs solutions techniques comme l'isolation thermique au niveau des toitures, des planchers bas et des murs, le double vitrage...[/tab][/tabs]