La Gazette du Maroc : Nombreuses sont les taxes dont les sociétés opérant dans la distribution s'acquittent. Comment arrivent-elles à gérer le problème de remboursement auprès de la Caisse de compensation ? Roger Miller : Toutes ces taxes sont censées être payées par le consommateur final. La question qu'on devrait se poser est la suivante : quel est le cadencement du paiement ou de la réception des taxes ou des délais de crédit d'un acteur sur un autre ? La Samir n'a pas un rôle particulier. Nous sommes tous collecteurs de taxes dès l'instant qu'on est commerçant et qu'on facture la TVA, on devient un redevable de taxes. Avec la montée du prix du baril, les taxes augmentent. Cela ne réduit-il pas vos marges ? En quoi consiste les taxes au Maroc ? Dans le système actuel, la taxe sur les produits pétroliers est la TVA. Cette taxe est ad valorem, elle est variable en fonction de la valeur ajoutée des produits. Paradoxalement, les autres taxes sur les produits pétroliers sont fixes. En fait, quand le prix varie, il y a uniquement une variation en termes de la TVA, alors que les autres contributions au bénéfice du Trésor demeurent fixes. Par ailleurs, force est de constater que nous sommes dans un système de prix administrés. Le ministère de l'Energie communique deux fois par mois les prix applicables au Maroc. Ces derniers sont des maximums auxquels tous les distributeurs sont confrontés. À l'intérieur, nous avons la ventilation entre les taxes. Si avant, les sociétés de distribution d'origine étrangère étaient les plus connues par les automobilistes, elles se sont rattrapées ou même dépassées aujourd'hui par des groupes nationaux. Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné pour les multinationales ? Dans tous les pays du monde, il y a des sociétés qui existaient avant ; d'autres se créent ou disparaissent. C'est la vie des affaires. Le tout n'est pas de savoir qui était le premier mais comment on peut travailler tous ensemble dans un marché donné. Le Maroc ne se singularise pas par l'émergence ou le développement des sociétés locales. C'est un phénomène général dès l'instant où on est dans une économie ouverte de libre entreprise. Mais ces entreprises nationales sont même sur le point de dépasser les étrangères en termes de démarche qualité ? Nous, nous avons des laboratoires mobiles depuis deux ans pour faire des tests régulièrement et de façon aléatoire sur nos stations-service. Nous disposons aussi des laboratoires privés fixes depuis 1954 qui sont hébergés dans nos dépôts. Depuis l'année dernière, on a été amenés à développer et à former le personnel de nos stations-service par des experts qualité pour réaliser ces différents contrôles. Quelles sont actuellement les parts de marché des entreprises de distribution des carburants au Maroc ? Il n'y a pas de réponse toute faite. Cela veut dire que la distribution des carburants au Maroc se segmente davantage. Vous avez les carburants automobiles, les carburants industriels, les lubrifiants, le fuel lourd, le butane, le gaz… Shell ne distribue d'ailleurs pas tous ces produits. C'est pour cela qu'il n'est pas aisé de déterminer les parts de marché. Si vous prenez la totalité de ces différents produits, Shell dispose de 22 %. Qui a la majorité des parts ? Personne n'a la majorité. Il y a trop d'acteurs et le marché marocain est important. Il y a probablement un qui, globalement, a les parts les plus importantes. Mais il n'est pas majoritaire. On est encore dans un système d'économie ouverte où il n'y a pas de monopole. Shell est présente dans les stations de services, c'est-à-dire tout ce qui est carburant automobile. Nous disposons d'un réseau de stations de 330 unités. Nous sommes aussi présents dans tout ce qui est B to B, relation avec les industriels, les commerçants, les grossistes, l'administration de façon générale, l'aviation, la marine nationale, le gaz et les lubrifiants. En revanche, nous sommes absents dans le bitume et avons une faible représentation dans le fuel lourd destiné à l'électricité. Eclairage : La libéralisation des prix remise aux calendes grecques La réaction du ministère des Affaires économiques et générales aux séries de rumeurs évoquant l'abandon par le gouvernement du système de subvention des hydrocarbures et d'autres produits de bases n'a pas tardé à venir. Dans un communiqué rendu public le 24 mars 2006, les responsables du ministère n'y sont pas allés par quatre chemins : « Il n'a jamais été à l'ordre du jour du gouvernement de supprimer le soutien accordé au gaz butane et carburants (gazole normal plus pétrole lampant) mais aussi à la farine nationale et au sucre », peut-on lire dans cet écrit. Mieux encore, et malgré la hausse de leurs cours sur le marché international, une enveloppe de 12 milliards DH, prévue dans la loi de Finances 2006, a été réservée pour la compensation des produits de base. Par ailleurs, et bien que la loi 06-99 ait arrêté une date butoir fixée au 6 juillet 2006 pour la libéralisation des prix de certains produits et services, il n'en demeure pas moins que dans son article 3, cette même loi prévoit un régime d'exception qui permet le maintien du système de réglementation si les règles du jeu d'une concurrence saine ne sont pas réunies. Ainsi, même si à moins terme les prix de certains produits peuvent changer, ceux relatifs aux carburants risqueraient de demeurer encore pour longtemps.