Les retards de paiements de la Caisse de compensation entraînent chez les entreprises de distribution du gaz butane de graves difficultés de trésorerie. Un risque de rupture de stocks de cette matière est réel. Les lourdeurs administratives sont pesantes de conséquences. L'impact direct sur l'économie est bien réel. Non seulement les sociétés, faisant les frais de ces lourdeurs, sont les premières à en pâtir, mais l'ensemble de la population aussi. Les retards de prise de décision, ou tout simplement, de respect des engagements pris envers les différents corps de métiers, sont de nature à perturber le bon fonctionnement des chaînes en place. Les produits de grandes consommations, avec leur dimension sociale du premier ordre, ne sont pas épargnés. Surtout à la veille d'une période de consommation où la demande se fait grandissante. Ainsi, après les professionnels de la production laitière qui avancent un déficit en lait de 3 millions de litres pour le mois de Ramadan, c'est au tour du Groupement des Pétroliers du Maroc (GPM), de tirer la sonnette d'alarme. « L'opinion publique n'est pas encore informée des risques de pénurie que fait peser la lenteur de réaction de l'administration » est-il précisé par le GPM, porte-parole de 80 % des 17 sociétés exerçant dans le domaine gazier au Maroc. Le non-paiement, de manière régulière, aux sociétés de distribution des subventions de gaz butane par les pouvoirs publics, est en phase d'asphyxier les opérateurs. « Malgré le paiement de 200 millions de DH prévus initialement en juillet et effectivement versés fin septembre, les retards de paiement de la Caisse de compensation représentent à ce jour 650 millions de DH », estime le GPM. Ce montant représente pour certaines entreprises du secteur jusqu'à 40 % de leur chiffre d'affaires annuel. En l'absence de paiements, tenant compte de l'augmentation de la consommation du butane pendant le Ramadan, les sommes dues par la Caisse pourraient atteindre 1,2 milliard de DH d'ici la fin d'année. Il est à signaler que le rôle de l'Etat est essentiel dans le secteur. Le prix de vente public du butane en bouteille (3,30 DH le kg) reste constant quel que soit son coût sur le marché international et est subventionné en moyenne à 60 %. « Ceci signifie que les distributeurs sont obligés de vendre le gaz à un prix inférieur à son coût de revient », tient à préciser le GPM. En contrepartie, l'Etat s'engage à combler cette différence par une subvention versée aux distributeurs par la Caisse de compensation. « C'est le non-respect de cet engagement qui pose problème aujourd'hui », clament les membres du GPM. Les retards de paiements de la Caisse entraînent chez les entreprises de distribution de graves difficultés de trésorerie. Faute de décision du côté de l'Etat, les banques, pour certaines entreprises, marquent une réticence à poursuivre leur engagement financier. « Or, les trésoreries des sociétés gazières ne peuvent supporter seules le poids d'une dette qui s'élève actuellement à 650 millions de DH », font remarquer les professionnels. Un grave problème de financement de l'exploitation de certains distributeurs, y compris parmi les plus importants du secteur, est à craindre. Par conséquent, l'indisponibilité du gaz butane pour les consommateurs devient réelle. « En effet, à défaut de trouver une solution immédiate au niveau de l'Etat, il est techniquement impossible pour le secteur de continuer à assurer l'approvisionnement de la population», fait remarquer le GPM. Et pourtant, depuis janvier 2003, le GPM et ses membres ont, à de très nombreuses reprises, rencontré les administrations compétentes et envoyé des courriers afin d'alerter les autorités. «Tous les interlocuteurs déclarent comprendre parfaitement les difficultés que traverse le secteur. La solution évoquée est une rallonge provenant du budget de l'Etat. Néanmoins, depuis huit mois, aucun échéancier de remboursement n'est avancé par les pouvoirs publics », estiment les membres GPM avant de conclure que « seul le paiement aux distributeurs de cette somme par la Caisse de compensation permettra d'éviter la rupture d'approvisionnement en gaz butane. Et, au-delà, le respect des délais de remboursement par l'administration des sommes compensatoires doit être garanti »