Le débrayage de 24 heures déclenché hier par la Fédération nationale des commerçants de carburant aurait été suivi par 98% des affiliés. Pour le moment, c'est l'impasse. Pas de négociations pour le moment. La grève de 24 heures suivie hier par les pompistes a été suivie par 98%, estime Haj Benkhayi, vice-président de la Fédération nationale des commerçants de carburant. «Nous n'avons rien reçu pour le moment du gouvernement », déclare-t-il. Le bureau de la FNCC devra se réunir ultérieurement pour décider de la conduite à suivre. Les raisons de la grogne qui a conduit les pompistes à un débrayage de 24 heures remontent au premier janvier 2005. À partir de cette date, et en vertu des nouvelles dispositions de la loi de Finances, une TVA de 7% est appliquée à la pompe, en amont, juste après le passage de l'automobile. Problème, cette TVA imposée par le département de Oualalou est appliquée sur la marge bénéficiaire du détaillant. Celle-ci, étroitement réglementée par l'Etat, est de 3% du prix de vente en gros, rappelle Youssef Aherdane, secrétaire général du Groupement des pétroliers au Maroc. Le pompiste qui rembourse à l'Etat les 7% n'a aucun moyen de toucher à la structure du prix. Celle-ci, très complexe, est une série d'additions de plusieurs coûts et services. Tout commence d'abord avec le prix de reprise à la raffinerie de Mohammédia ou de Sidi Kacem. Ensuite vient s'ajouter la TIC (taxe intérieure de consommation), forfaitaire et variant en fonction du carburant. La TIC est d'autant plus élevée que le produit est jugé de luxe. Au prix de reprise et à la TIC, s'ajoutent les crédits d'enlèvements et les crédits de droits (soient 0,41%), censés compenser dans une certaine mesure les retards de paiement de la TIC. A la suite de cette taxe intérieure de consommation, se greffent les frais et les marges de distribution (forfaitaire et variant en fonction du carburant). Juste avant d'arriver à la pompe, le prix du carburant s'alourdit avec la péréquation (taxe destinée à la subvention du gaz butane). Il y a aussi le différentiel du transport (variations du volume en fonction de la température et divers aléas) qui ne manquent pas d'intervenir sur le trajet, entre les raffineries et les stations d'essence. Ce différentiel est répercuté sur le prix. En additionnant toutes ses composantes, et en les majorant d'un taux appelé coulage du détaillant, l'on obtient le prix de gros. L'encadrement de l'Etat, omniprésent à travers toutes ces étapes, s'applique aussi au niveau du pompiste, qui a droit à une marge de 3%. Tant qu'il n'y avait pas la TVA, c'était le statu quo. Mais en appliquant 7% sur la marge, l'équilibre déjà compromis par les fluctuations du pétrole brut à l'international, est presque rompu. Le problème concerne directement les pompistes. Les sociétés, membres du Groupement des pétroliers du Maroc, comme Shell sont indirectement concernées : «Nous sommes déjà des agents fiscaux », déclare Roger Miller du groupe Shell qui rappelle que les sociétés de distribution payent des TVA variant en fonction des produits. Pour sa part, Moulay Abdelllah Alaoui, président de la Fédération de l'énergie, explique le problème par le fait que le secteur est trop administré par l'Etat : «les marges pour la bouteille de gaz comme pour le litre d'essence sont fixées par l'Etat». N'empêche, renchérit un autre membre du GPM, ayant requis l'anonymat : «il faut rendre à César, ce qui appartient à César. Les 7% appartiennent à l'Etat. Il faut les restituer. Mais, en revanche, il faut revoir les marges des distributeurs». L'Etat est-il prêt à une telle réforme? se demande-t-il.