Qu'arrive-t-il à la société marocaine qui ne se reconnaît plus dans une glace? Que sont devenus donc ces Marocains dont on disait autrefois hospitaliers, gentils, accueillants et solidaires ? Le père couche avec sa fille et la met enceinte ; l'instituteur viole son élève parce qu'il n'a pas de quoi draguer et inviter sa collègue qui fait le tour des cabarets, le soir, jouant à la fille de joie pour arrondir les fins de mois ; les élèves se constituent en associations de malfaiteurs et s'adonnent à la consommation de barbituriques et aux vols à l'arraché, le gendarme se retrouve à la tête d'un réseau d'immigration clandestine (le dossier est en cours d'examen devant le tribunal du Grand Casablanca) ; les parents ferment l'œil sur la prostitution de leurs enfants qui les font taire par quelques billets bleus… Qu'arrive-t-il à cette société dont seule une infime partie travaille dans les règles de l'art ? Le reste vole, mendie ou se prostitue sans gêne, sans regret, sans amertume aucune. A telle enseigne que charité, honnêteté, confiance, pureté n'ont plus de sens ni d'existence dans le dictionnaire de ce “Maroc moderne”. Les banques de la place ne savent plus sur quel pied danser. Le recrutement de jeunes employés, rémunérés à pas plus de 2500 DH/mois, se solde par la disparition dans la nature de ces nouvelles recrues après s'être servi dans les caisses à hauteurs de millions de dirhams. Quel mal a attaqué cette société, autrefois, paisible et saine, qui ne distingue plus entre le bien et le mal ? La police judiciaire de Casablanca vient de mettre sous les verrous une femme juge, arrêtée en flagrant délit de corruption. Elle venait d'encaisser 50.000 DH qu'elle a mis dans son placard et a enfilé sa soutane. Elle s'apprêtait à se rendre à la salle d'audiences pour juger ces malheureux parias qui ressemblent à peine à des êtres humains : jeunes-voleurs, jeunes-drogués, jeunes-violeurs… La société marocaine traverse une étape douloureuse. C'est, on ne peut plus le cacher, l'effritement…presque total sous appellation non contrôlée !