Si le Maroc officiel peut se targuer du taux de 94% des Marocains scolarisés au primaire (et encore, où sont passés les autres 5% ?), il doit y regarder à deux fois puisque le taux de déperdition compromet tous les efforts initiaux. Voici la réalité : la moitié seulement des élèves du primaire dépasse le collège. Pour le bac c'est évidement pire. Des élèves qui ont fait leur classe au primaire 13%, pas plus, franchiront la ligne du bac. Avec ce taux, on ne peut même plus dire que l'école forme l'élite, les bacheliers seraient plutôt «les bénis de Dieu». Ce n'est plus le baccalauréat, c'est le loto. Le système éducatif marocain laisse près de 400.000 enfants sur les bas-côtés de l'autoroute du savoir. Et cela chaque année. Pire encore, des élèves quittent l'école sans être des cancres et sans avoir reçu la sanction suprême. Ils étaient 180.000 en 2006- 2007. Le Conseil supérieur de l'enseignement le sait bien. Résultat : sur 100 enfants inscrits au primaire, seulement13 auront leur bac. «Avec près de 390.000 abandons scolaires par an, le système éducatif peine à retenir ses élèves. Durant l'année 2006-07, 180 000 élèves ont quitté l'école sans en avoir été exclus et sans être en situation d'échec scolaire», note ce premier rapport du CSE. Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés là ? Les raisons sont nombreuses, il n'y a que l'embarras du choix. Le niveau qui faiblit de plus en plus, les langues qu'on maîtrise de moins en moins, en plus des enseignants qui font l'école buissonnière sans que l'administration pense à les remplacer, etc. Il y a aussi le fait que de plus en plus de diplômés tombent dans le chômage et donnent déjà un avant goût amer de ce que vivront les petits. Zones dures L'école n'encourage ni l'élève, ni l'instituteur ni le cadre de l'administration ni encore moins les parents. L'Observateur du Maroc a été voir de plus près les conditions de l'enseignement dans les zones dures du Maroc (voir reportage dans ce dossier). Le constat est sans appel, on ne peut tout simplement pas attendre des miracles. Les classes sont impropres à toute activité humaine, les institutrices ne bénéficient d'aucun confort. C'est le monde à l'envers. Tout le monde connaît cette vérité, quand on envoie quelqu'un exercer dans ces zones c'est aussi pour transmettre une civilisation, un mode de vie, une ouverture sur le monde. Nous avons pu constater que les enseignants des écoles rurales retombent dans la ruralité, trop pressés par la multitude des combats quotidiens. L'instituteur s'enlise dans les problèmes professionnels et personnels. Les classes sont bondées et comportent plusieurs niveaux, la communication avec l'administration est souvent trop lente et fastidieuse. Et bien sûr, l'instituteur doit vivre, se bricoler sa nourriture, son bain, ses loisirs. Aurat-il le temps de s'améliorer ? Pas sûr. Après l'école, il faudra se trouver un collège. Dans la région des Sraghnas, des enfants, surtout les filles, ne vont plus à l'école même après leur réussite en CM2. La raison est toute simple, le collège le plus proche est à plus de 20 Km et il n'ya pas d'internat. Quant au transport, il n'y en a pas. Problème d'infrastructures certes. Le Maroc doit construire 1000 nouveaux collèges dans les prochaines trois années. Ce n'est pas rien et ce n'est qu'un rattrapage du grand retard. L'enseignement a reçu 37 milliards de dirhams du budget en 2008. Sur ce pactole, 12% seulement vont à l'investissement. L'enseignement est une administration lourde. Il faut donc beaucoup d'argent. Le privé participe à hauteur de 7% et les communes apportent 0.5% du financement de l'enseignement. L'Etat se débrouille donc seul. Il faut maintenant analyser le contenu même de l'enseignement. Qu'est ce qu'on apprend aux enfants? Seront-ils des scientifiques, des génies de l'informatique ou des spécialistes mondialement recherchés? En tout cas, rien ne permet de trancher pendant les années d'école et de collège. L'enseignement est un vrac, où on déballe tout, suscitant chez l'enfant soit l'ennui soit l'habitude de la mémorisation. Concernant les matières, l'enseignement religieux domine puisque 4 manuels sur 10 enseignent la religion musulmane. Elément principal de l'escalator social, l'école laisse la place à d'autres éléments beaucoup moins glorieux. La question est quelle société voulons-nous ? Il ne s'agit pas seulement d'école. Le système d'enseignement toujours en panne MOHAMED SEMLALI Dire que l'enseignement va mal est un doux euphémisme pour désigner une réalité catastrophique que les rapports successifs des organismes spécialisés n'arrêtent pas de pointer du doigt. Le dernier en date, émis par la Banque Mondiale, est cinglant. La politique de l'enseignement poursuivie au Maroc est un fiasco total. Cinquante ans après l'indépendance, le Maroc n'arrive toujours pas à se doter d'un système d'enseignement efficace, généralisé et surtout équitable. A l'origine du malaise, des chamailleries politiciennes. Au moment où les nouveaux Etats indépendants ont fait de l'éducation de base leur principal cheval de bataille, le pouvoir dans le nouveau Maroc indépendant échaudé par l'activisme politique gauchisant des étudiants, a choisi d'opérer un choix plutôt politique que manageriel. Au lieu de généraliser l'enseignement et de le rendre obligatoire, l'Etat opte pour des niches d'excellences capables de former les futures, élites et de bien les former. L'objectif poursuivit par la monarchie fut atteint. L'Etat se dote de cadres supérieurs efficients mais isolés au sein de la société, puisque le taux d'analphabétisme est demeuré très élevé. Cette politique dura de 1965 jusqu'au début des années Quatre-vingt lorsque Azzedine Laraki, Istiqlalien sans reliefs et sans idéologie claire, se met à arabiser l'enseignement à tout va. L'opération fut lancée sans préparation et sans échéancier. Elle répondait encore une fois à des impératifs éminemment politiques. Les élites francophones tenaient tête à Hassan II et fournissaient la majorité des activistes de la gauche anti monarchiste. C'est à une éradication en bonne et due forme que le ministre istiqlalien de l'Enseignement et futur Premier ministre se livra. Pour beaucoup d'observateurs, cette action finit par donner le coup de grâce au système éducatif national. Au début des années quatre-vingt-dix, le gouvernement se rend compte du gâchis énorme que les différentes politiques poursuivies jusque-là ont occasionné. Taux d'alphabétisation digne des pays comme la Somalie ou le Yémen. Cursus inadaptés. Abandon scolaire record. Des milliers de jeunes «mal formés». Des milliers d'enseignants démotivés. Mais au moment où l'Etat fait son diagnostic et veut agir, le ver est déjà dans le fruit et il a drôlement faim. Les syndicats et à travers eux les partis politiques s'opposent à toute réforme qui ne prendrait pas en compte leurs intérêts. Commence alors un long processus entamé par le conseiller royal Meziane Belfquih. Si la volonté de réforme est réelle, la manière n'y est pas. Par peur de se mettre à dos les syndicats et les partis politiques, une création hybride voit le jour où tous les intérêts contradictoires sont représentés. «Alors qu'il fallait trancher sur plusieurs sujets, nous nous sommes contentés de trouver des terrains d'entente entre les uns et les autres», se rappelle un des membres actifs de la COSEF. Médiocrité En effet, la COSEF déboucha sur plusieurs réformettes où tout le monde trouvait son compte. Les ministres socialistes qui idéologiquement faisaient de l'enseignement leur dada tergiversaient le long de leur mandat. Que ce soit Moulay Ismaïl Alaoui, Abdallah Saaf ou Habib Malki, ils passent tous à côté de la vraie réforme se contentant de petits «tours de passepasse ». La gestion de l'enseignement manquait aussi bien de vision que de passion. La médiocrité générait la médiocrité. La plus haute autorité de l'Etat alertée par les multiples rapports alarmistes attirait de plus en plus l'attention des gouvernements successifs. Rien n'y fait. C'est alors qu'un ministre technocrate est nommé avec pour tâche urgente de réformer une fois pour toutes l'enseignement parce que la situation est devenue intenable en s'attaquant aux dysfonctionnements structurels. C'est dire que Ahmed Akhchichen avait rendez- vous avec l'histoire. Le Roi a placé toute sa confiance en cet homme proche du sérail et tous les moyens sont aujourd'hui mis à sa disposition pour qu'il réussisse là où tous les autres ont échoué. Dès le départ, le tout nouveau ministre de l'Enseignement mise sur un cabinet de renommée internationale mais, encore une fois, la réforme débouche sur des meurettes techniques et sur des actions pour doter les écoles «d'électricité et de latrines». «Une caricature de réformes», s'insurge un syndicaliste avant de continuer, amer : «depuis l'indépendance, Ahmed Akhchichen est le ministre le mieux loti. Il dispose de moyens énormes, d'appuis politiques sans commune mesure et a en face de lui un champ politique et syndical en ruines. Mais qu'est ce qu'il attend pour agir ?». D'après un ancien ministre de l'?ducation nationale, «on ne réforme pas dans le consensus. Pour la problématique de l'enseignement, il faut y aller à la tronçonneuse, surtout si on a les mains libres comme Akhchichen». Aujourd'hui, les pouvoirs publics semblent ne pas saisir que la réforme de l'enseignement n'est pas une simple procédure purement technique ou encore un assortiment de solutions ciblées, mais un engagement politique fort et précis nécessitant beaucoup de courage et du doigté Chose qui semble manquer aux personnes en charge de la réforme. L'enfer glacial des écoles du grand Atlas SALAHEDDINE LEMAIZI 8h du matin et ça caille. Marrakech dort encore, la ville ocre est déserte et les Marrakchis se font rares. Après que notre «périple» vers le grand Atlas a failli tomber à l'eau à cause des inondations, il se confirme en soirée. Que l'aventure commence ! Le rendez-vous est pris à Charij Labgar, place des grands taxis menant vers Ijoukak. Ghizlane Bouqdir, institutrice à l'école d'Ighir, Commune rurale d'Ijoukak nous attend à la place. Elle sera notre premier contact pour lever le voile sur les conditions de vie et de travail des enseignant(e)s dans le monde rural. Cette Casablancaise de 24 ans met un voile discret, bref elle est habillée comme les jeunes demoiselles de son âge. Après un cursus dans le Centre de formation des instituteurs (CFI) de Marrakech, elle est affectée dans l'une des régions les moins accessibles du Maroc, le Haouz, plus précisément dans les villages d'Ijoukak. On la suivra, elle et ses collègues dans les hauteurs des montagnes pour raconter le quotidien de ces soldats de l'enseignement. JOUR 1. 120 km en 10 heures Ce qui correspond pour nous à un voyage exotique dans l'arrière pays de Marrakech, est une partie peu agréable dans la vie de Ghizlane et ses collègues. Ces dernières sont Siham de Casa, mariée à Aït Ourir, et Dalal de Settat qui vit entre la capitale de la Chaouia et la ville ocre. Les trois institutrices enseignent dans la même région depuis 4 ans. Sur les 7 femmes et 4 hommes affectés dans la région, la seule personne qui a refusé l'affectation c'est un homme. Il a trouvé que c'était trop dur ! «Au début, nos familles ne voulaient pas nous laisser partir» se rappelle Siham, mais la routine a remplacé l'angoisse des premiers jours de l'affectation. Niveau look de nos institutrices, on s'attendait à quelque chose comme des bottes et des gants, mais surprises, «ces trois fantastiques» sont habillées comme si elles travaillent dans un bureau, même ci Ghizlaine se permet des talons aiguilles. Niveau bagages, les institutrices sont armées d'une pile de magazines féminins. 9h30- Tout le monde a payé ses 30 DH, tarif du voyage, notre grand taxi démarre. Le taximan roule à une vitesse raisonnable. La route est tortueuse, et à force de faire ces 94 km, les institutrices prennent des pilules contre le mal les hauteurs. Les montagnes du grand Atlas couvertes de neige annoncent la couleur, mais ce décor formidable complique la vie des trois jeunes femmes. A Asni on fait le plein de nourriture pour le grand voyage. On fera 2 heures de route pour atteindre Ijoukak. Fin de la première étape. 11h30- Le centre d'Ijoukak, se compose d'une petite ruelle cernée par les montagnes, 4 cafés, 3 épiceries, un boucher qui n'a pas de viande, un hôtel fermé, une téléboutique qui vend des bijoux, une échoppe d'artisanat de mauvaise qualité et c'est tout... Les trois institutrices commencent à se préparer au plus dur, Ghizlane enlève ses talons... 15h30- On est encore dans ce café miteux, on gèle, nos coéquipières d'infortune profitent de ce retard pour se permettre quelques derniers moments cathodiques sur le Nilesat. «Chaque début de semaine on doit endurer ces difficultés pour arriver à l'école» clament les trois institutrices, presque les larmes aux yeux. Des larmes qu'arrivent à peine à cacher une autre institutrice qui entre dans le café. Elle a la trentaine bien entamée, elle enseigne à Ijoukak depuis 7 ans. Elle est mariée, après plusieurs fausses couches dues aux secousses de la route, elle est enfin enceinte. Aujourd'hui une douleur atroce la hante. 16h00- Cap vers Aguerda avec Dalal. Notre statut de citadins nous évite de monter en arrière du camion. On laissera Siham et Ghizlane à leur sort et on se donne rendez-vous le lendemain à Ighir si elles arrivent à trouver du transport. ? l'arrière, les hommes du village évidement - ont fait le plein de farine, huile et sucre de peur que la route se bloque. Le chauffeur nous prévient: «le camion est surchargé, j'ai peur que le véhicule ne tienne pas le coup». Ceci dit, tout au long des 24 km, il embarquera une vingtaine de personnes. Les passagers ne semblent pas trop se préoccuper, ça parle et ça rit fort. Au pied de la montagne, le décor est trop fantastique. On aperçoit des habitants qui réparent «leur route», ce chemin sinueux est vital pour eux. 19h45-Nous voilà à Aguerda, un village suspendu à la montagne On fera une heure de plus que prévu, mais tant pis, l'essentiel c'est qu'on est encore vivants. ? peine arrivée, Dalal est entourée de ses élèves, «lundi, j'ai tenté de venir mais la route était bloquée et je suis retournée à Marrakech bredouille, aujourd'hui c'est encore une journée perdue à cause du transport » nous dit-elle, exaspérée. Et il y a de quoi. Pour faire les 120 km, il nous a fallu 10 heures. Notre institutrice donne rendez- vous à ses élèves le lendemain. Dalal ni eau ni réseaux. Dès qu'on a pris la route on avait plus de réseau téléphonique, cette jeune femme de 25 ans est coupée du monde extérieur. Elle semble être respectée par les habitants, les enfants lui cherchent de l'eau et deux femmes du village viennent l'inviter à un mariage qui aura lieu ce soir. Ces deux dames ne manqueront pas de jeter un coup d'oeil curieux pour savoir qui est cet homme étranger qui passera la nuit dans le logement de l'institutrice du village. Elle loue à 150 DH une maisonnette composée d'une chambre, de toilettes, d'un espace aménagé en cuisine. Mais où en est le logement de fonction ? «Il est inexistant. Quand il existe il ne prend pas en considération le climat de la région, il tombe en ruines dès la première année» affirme Dalal. Notre institutrice passera la nuit avec sa collègue Fatéma-Zohra. La fatigue nous empêchera d'assister au festin du village. Demain sera un jour de cours... JOUR 2. Un groupe scolaire d'enfer 7h30h du matin- Les élèves se dirigent déjà vers l'école. Ils n'ont pas d'horloge chez eux, la lumière du jour est leur montre. L'institutrice les rejoint. A l'école annexe d'Aguerda, les deux salles de cours se trouvent en haut de la montagne. La porte et les vitres viennent d'être installées mais le reste des travaux n'a pas été achevé. Ahmed Aït Lahcen, le directeur du groupe scolaire d'Ighir, est à bout de forces, il compte déposer plainte contre l'entreprise qui s'est chargée de ces travaux. L'autre salle de cours n'est pas utilisée, le plafond risque de s'effondrer à tout moment. En plus de devoir enseigner différents niveaux lors d'une même séance, nos deux jeunes enseignantes doivent gérer le sureffectif. Les niveaux 1 et 2 se composent cette année de 77 élèves. Du jamais vu depuis quatre ans. Pour cause, l'initiative de l'association marocaine de lutte contre la déperdition scolaire, financée par l'INDH et le Conseil supérieur de l'enseignement, distribue aux parents qui scolarisent leurs enfants entre 60 et 100 DH, selon le niveau de chaque enfant. Les élèves n'ont pas assez de tables pour s'asseoir, ils s'installent à même le sol. L'opération 1 million de cartables a créé des remous. «Presque la moitié des élèves n'ont pas reçu de cartables et ça crée des frictions avec les parents» confie le directeur, qui ajoute: «on essaye de régler cette situation en collaboration avec la délégation ». Les enfants du niveau 1 sont très moyens. Pour mieux communiquer avec eux, Fatéma-Zohra essaye de parler en berbère. Une fillette au look d'Irlandaise, elle ne sait même pas son nom. Dur, dur d'enseigner à Aguerda. Pendant ce temps, les élèves du niveau 2 prennent leur récré sur le bord d'une falaise. Dur, dur d'être enfant à Aguerda. 11h-On laisse Fatéma-Zohra avec ses élèves. On part en direction d'Ighir, à une dizaine de kilomètres en contrebas. Faute de transport disponible, c'est l'autostop qui nous sera d'un grand secours. On vit encore les mêmes sensations fortes. Après plus de 40 minutes de peur, nous voilà devant le groupe scolaire d'Ighir. Cette appellation pompeuse cache deux salles de cours, un logement de fonction, une direction, le tout dans un état lamentable, des murs en décrépitude, des fenêtres sans vitres, un toit qui se décolle doucement mais sûrement. «Dans ces conditions, des fois j'ai pitié de moi-même et de mes élèves» lance Ghizlane. Mais ce n'est pas le temps de se lamenter sur son sort, elle doit continuer son cours et gérer les 4 niveaux qu'elle enseigne. Dans l'autre salle, on retrouve Siham. Elle fait une révision avec les enfants qui semblent fatigués par le froid et la faim. «J'avais un espoir de transmettre devant les contraintes du milieu où vivent ces enfants, on se rend compte qu'on est juste en train de faire que des cours d'alphabétisation » affirme-t-elle avec amertume. Omar est le seul élève en sixième année à Ighir, il ne dépassera pas ce stade. Son niveau très faible bloquera certainement son parcours. Son rêve se brisera sur les montagnes. Une autre journée à Ijoukak se termine. Le froid perce les corps. Nos deux téméraires institutrices courent vers leur chambre. Malgré la fatigue et le froid glacial, elles travailleront toute la soirée pour préparer les cours de demain dans leur minuscule chambre- cuisine-bureau. JOUR 3. Bye bye l'enfer 8h- Ce matin, Siham a des douleurs atroces, elle doit descendre à Ijoukak voir le médecin, elle a «peur» d'être enceinte. Faute de transport, elle prend son mal en patience. Pour nous, pas de choix, on fera les 24 km à pied. Rester dans ce coin perdu sur la carte commence déjà à peser. Pendant deux heures on parcours environ 8 km, on admire la beauté extrême du paysage, les rares voitures qui passent sont celles de touristes à la recherche d'aventure. Une chance qu'un camion passe, on embarque. Les discussions sont en berbère, on ne comprend rien, on se sent étranger, chacun son Maroc. 11h-Notre voyage touche à sa fin, on prend le grand taxi vers Marrakech, on quitte ce Maroc (très) profond. Ce qu'on n'oubliera jamais c'est que chaque jour de courageuses institutrices et leur directeur se battent pour transmettre le savoir à des enfants d'un autre Maroc.