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Les voies du rapprochement
Publié dans La Gazette du Maroc le 25 - 07 - 2005


Maroc /Espagne
Miguel Angel Moratinos, le ministre espagnol des Affaires étrangères en visite à Asilah, un colloque sur le patrimoine commun hispano-marocain : projet d'avenir et une année du Maroc en Espagne qui se profile pour 2006. Autant de sujets forts pour parler de ces deux pays voisins qui ont tant de choses en commun et qui doivent aborder l'avenir avec plus de sérénité et de responsabilité.
Qu'on ne s'y trompe pas, les embellies en politique sont souvent éphémères. Autant que les crises qui peuvent se muer en accalmies passagères. Dans le cas du Maroc et de l'Espagne, les choses prennent une autre tournure. Pour le moins un vent de sérénité souffle dans son sens qui nous accorde une vision plus claire de la carte politique dans les deux pays. Pour lire dans cette configuration, il nous faut revenir sur quelques acquis de taille que les Marocains ne peuvent qu'apprécier dans une logique globalisante des rapports avec le voisin espagnol.
Une politique autre à la place de l'autre politique
Nous vivons aujourd'hui face à un nouveau visage de la politique espagnole. Une nouvelle ère des relations maroco-espagnoles a été inaugurée avec la visite effectuée par le Premier ministre espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero, une semaine à peine après son investiture en 2004. Ce qui a balayé jusqu'à une certaine mesure tout un enchaînement de crises, tout au long du règne du gouvernement de droite dirigé par Jose Maria Aznar. La politique du PP (partido popular) avait conduit le Maroc à rappeler son ambassadeur à Madrid en octobre 2001 et avait vu émerger un conflit inédit autour de l'îlot marocain de Leïla. Une situation catastrophique où l'arrogance était l'unique discours politique espagnol. Sur fond de crise, de provocations et de flèches assassines, il n'y avait plus lieu à l'espoir dans un avenir plus calme entre les deux rives. En pleine tempête, il y a eu une voix discordante, qui s'élevait pour revendiquer l'amélioration des relations de l'Espagne avec son voisin du Sud. Cette voix était celle du Premier secrétaire du parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) José Luis Rodriguez Zapatero qui dirigeait l'opposition. Ce dirigeant a même effectué une visite d'amitié au Maroc en décembre 2002 alors que la crise entre les deux pays avait atteint son paroxysme et rencontré le Premier ministre marocain de l'époque Abderrahman Youssoufi. Et pour mieux exprimer son amitié à l'égard du Maroc, il a fini par imposer à ses adversaires politiques de ne pas jouer la carte des relations maroco-espagnoles lors de la campagne électorale. Les résultats sont différents aujourd'hui. Nous sommes loin de l'arrogance populiste, loin des provocations et des invectives. Le Maroc voulait un partenaire de dialogue, et toutes les prémices d'une bonne entente sont réunies pour laisser présager plus d'écoute. Il ya d'abord un changement de vision. Le Maroc n'est pas et n'a jamais été ce voisin chétif du Sud. Les Espagnols le savent et pour certains, c'est un réel complexe à la fois politique et historique. Pour nous, l'histoire est sacrée, mais elle ne peut continuer à faire office de garde-fou. On sait qu'il faut la dépasser pour bâtir sur les acquis d'aujourd'hui. C'est dans ce sens que le gouvernement espagnol se doit de travailler, au cœur des populations pour changer les visions archaïques sur le Maroc.
L'année du Maroc en Espagne
Grande initiative s'il en est, mais qui se doit d'être perçue dans son sens global de politique régionale à redéfinir. A quoi pourrait servir ce temps du Maroc en Espagne s'il ne participe pas à effacer de vieilles rengaines, à changer des visions et surtout à présenter un Maroc que les Espagnols ignorent parce qu'on ne leur a présenté qu'une image tordue de ce voisin" ennemi " de toujours. Il ya le poids de l'histoire ancienne. Le Maroc andalou, l'Andalousie marocaine, les grandes dynasties de ce pays qui ont traumatisé les imaginaires parce que toujours présentés du prisme de la haine ancestrale et de la colère. Aujourd'hui, le passé est derrière nous et en politique, il ne sert pas souvent à grand-chose. Il faut tracer les agendas du futur entre deux pays condamnés par leur situation géographique à travailler côte à côte. C'est là le rôle de cette année du Maroc en Espagne qui se profile. Toucher le cœur des populations espagnoles dans les petits patelins, les coins et recoins, parce que c'est là qu'existe la force votante. Ce sont toutes ces petites gens qui continuent à être séduits par les imageries du PP qui peut toujours revenir au pouvoir dans quelques années. Parce qu'il n'est pas dit que les socialistes vont remporter un second mandat, et même si cela était le cas, le temps serait insuffisant pour mettre en place des changements majeurs pour le futur. L'année du Maroc en Espagne est une idée excellente en soi qui aurait mérité plus de temps à la préparation. Un travail de mémoire à faire pour imposer aux Espagnols un Maroc méconnue grâce à des documentaires, à des films, à des conférences, à des rencontres avec cette jeunesse marocaine qui porte en elle un espoir autre, qui se refuse au refus. Pour mieux cibler cette population espagnole qui a toujours en mémoire les " moros " de Franco, il faudra des années de travail acharné dont cette année du Maroc en Espagne n'est que le début et une étape qui se doit d'être consolidée par une réelle communication sur ce Maroc, point de mire des médias espagnols qui ne veulent voir de lui que ce qui pourrait servir des thèses négatives et négationnistes.
Un Maroc inaliénable
Il est inutile de rappeler que les relations maroco-espagnoles sont aussi vieilles que l'histoire qui relie les deux nations. La logique de l'histoire et de la géographie impose aux deux pays de renforcer davantage leurs relations. Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son message de félicitations qu'il a adressé à Zapatero avait exprimé une telle volonté. le Souverain a souligné l'importance de la conclusion d'un accord de partenariat stratégique entre les deux pays voisins. On sait, par ailleurs, que le Premier ministre espagnol partage cette même vision. Ce qui augure un avenir meilleur pour les multiples dossiers qui demeurent en suspens. C'est le cas du dossier sécuritaire qui nécessite un traitement d'urgence puisque les deux pays ont été victimes d'attentats terroristes. le plus grand dossier demeure, certes, celui du Sahara marocain dans lequel l'Espagne assume une grande responsabilité en tant qu'ex-puissance occupante. L'Espagne connaît mieux que quiconque la nature des liens établis entre les populations sahraouies et leur mère-patrie. Demeure également, le problème de Sebta, de Melillia et des îles Jaâfarines qui nécéssite une réflexion approfondie et un dialogue permanent entre les deux gouvernements. Dans tous les cas, le Maroc ne peut être que satisfait de l'arrivée au pouvoir de l'un de ses amis. Nous croyons, sincèrement, que le nouveau gouvernement espagnol contribuera à trouver des solutions justes à tous les problèmes qui se posent, notamment celui de la question palestinienne dont le ministre des affaires étrangères Moratinos connaît les tenants et les aboutissants puisqu'il était chargé de ce dossier au sein de la commission de Bruxelles.
Le terrorisme
Le Mraoc autant que l'Espagne ont vécu dans leur chair les attaques terroristes à Casablanca comme à Madrid. Pourtant le Maroc n'a pas accusé l'Espagne d'être l'expéditeur des forces de frappe terroristes. Après le 11 mars 2004, le Maroc a fait les frais d'une cabale sans merci orchestrée par la presse, relayée par les services secrets, les intellectuels… Pourtant pour ceux qui connaissent bien le sujet, c'est en Espagne et non au Maroc que les terroristes ont été formés, se sont constitués en cellules et ont trouvé un terrain de jeu propice pour déployer leurs manigances meurtrières. Certes, il ya des noms d'origine marocaine liés au dossier du terrorisme, mais si la filière marocaine existe, sa trajectoire est occidentale, et le cas échéant espagnole. C'est celle-là la vérité que les Espagnols ont refusé de voir préférant montrer du doigt le Marocain qui encore une fois vient tuer en Espagne. Et là encore l'image franquiste des moros en premier rang de guerriers a fait le tour des rédactions comme un lietmotiv inévitable. Le terrorisme est un problème international. Le Maroc en souffre comme tant d'autres pays. La coopération voudrait que l'on travaille de concert pour faire face. Sinon, nous sommes condamnés à l'erreur. Cette même erreur qui a fait que l'Espagne n'a pas pris au sérieux les mises en garde marocaines avant le 11 mars.
L'immigration
Entre les deux pays, la problématique de l'immigration est de taille. On ne peut résoudre ce problème en jetant la responsabilité sur l'une ou l'autre partie. C'est un lot commun qu'il faudra gérer non d'une façon unilatérale mais grâce à des efforts conjugués, à une politique commune sur la base de concertations entre les deux gouvernements. Il y a plus de 500 000 Marocains qui vivent en Espagne, ce qui en fait l'une des communautés étrangères les plus fortes d'Espagne. Ce n'est pas là une situation classique d'une petite émigration que l'on pourrait aborder avec dédain ou mépris. Ce sont là des travailleurs, une main d'œuvre dont l'Espagne a besoin, des familles qui ont fait leurs vies là-bas, et qui estiment qu'ils sont une partie intégrante de ce tissu social auquel ils appartiennent. Les initiatives de régularisation entreprises par le gouvernement Zapatero indiquent le niveau de conscience d'une politique qui ne peut plus faire fi d'une situation inéluctable. Il y aura toujours des émigrés et mêmes des clandestins. Ceci fait partie de cette mondialisation qui d'un côté prône un monde ouvert, et de l'autre érige des barricades partout à ses frontières. Quoi qu'il en soit Zapatero a présenté son programme comme un défi de changement au sein d'une société polyvalente et ouverte à l'immigration. Tout un programme pour l'intégration des résidents clandestins a été mis en place dans le programme 2003 du parti. Une vision qui tranche avec son prédécesseur qui a utilisé cette carte de l'émigration pour attaquer son voisin. Sur ce chapitre, plusieurs milliers de personnes pourraient comme le souhaitent de nombreuses voix enfin bénéficier d'un réel programme de prise en charge, de dialogue et d'aide pour d'un côté intégrer de plain-pied la communauté espagnole et voir leur situation régularisée afin de ne plus survivre indignement dans une société démocratique et européenne qui donne dans les slogans vides et tape-à-l'œil. Quoi qu'il en soit, le Maroc a confiance. Il sait quels sont ses acquis, quelle politique étrangère il a toujours voulue avec son voisin du Nord. Un avenir commun, une prise en compte des données culturelles respectives, un respect des choix de l'autre, une analyse conjointe de la situation de la région et un ami qui puisse accompagner ce Maroc moderne, ouvert et riche qui est en définitive le meilleur partenaire pour l'Europe de demain.


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