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La fracture de l'après 16 mai
Publié dans La Gazette du Maroc le 09 - 06 - 2003


La position de l'USFP, du PI et de l'ambassade US
La société marocaine avance, partagée sur la question islamiste. Un discours “éradicateur ” a fait son apparition. L'Etat ne cache pas sa colère contre l'islamisme mais les deux principales composantes du gouvernement, USFP et Istiqlal, ne jouent pas la même partition. Et si le Premier ministre n'invite pas à ses déjeuners de presse les représentants islamistes, l'ambassadeur américain fait -paradoxalement-
le contraire.
“A qui profite le crime ?”, s'est écrié celui dont le nom a pendant longtemps servi “d'acronyme” à l'islamisme dit modéré. Abdelillah Benkirane voulait sans doute ainsi aiguiller les esprits sur tous ceux qui de l'autre bord de la scène politique nationale se sont toujours opposés à l'islamisme politique. Dans le collimateur du responsable PJD, l'USFP bien sûr mais aussi l'ensemble de la gauche, une bonne partie de la société civile et quelques individus qui ne croient pas possible le dialogue avec l'islamisme.
Abdelillah Benkirane pensait-il peut-être aussi à quelques sécuritaires qui tireraient profit des dramatiques événements de Casablanca pour mieux assurer leur mainmise sur le fonctionnement du pays ? Mais quelle que soit sa logique, elle privilégie la théorie de la conspiration. Des mains occultes auraient ainsi manipulé la sincérité militante de quelques dévots, les poussant à perpétuer l'innommable aux seules fins, pour les sécuritaires, de perpétrer leur domination de la société, et pour la gauche, d'éliminer de la course un concurrent sérieux.
Le raisonnement ne tient pas la route, mais cette tentation n'est pas l'exclusif d'une partie du mouvement islamique. Le doute s'est insinué aussi dans l'esprit de certains bien-pensants et il n'est pas rare de le rencontrer dans des conversations de salon, fut-ce sur le mode interrogatif. Mais il n'est en définitive que l'avatar de l'intense débat qui s'est imposé au lendemain du vendredi noir et des réactions en chaîne qu'il a suscitées. L'une d'elle, et pas des plus heureuses, a consisté dans certains lieux de travail à inaugurer ce qui pourrait bien devenir une chasse au voile.
L'heure est sans doute grave, mais c'est une raison supplémentaire pour savoir raison garder. Afin précisément de préserver au débat amorcé toute sa sérénité. L'islamisme, quel que soit son teint - vert pâle comme celui d'une partie du PJD, ou rouge-sang comme celui des kamikazes de Casablanca - est aujourd'hui une réalité marocaine incontournable. Le premier ministre qui a reçu récemment chez lui les patrons de presse le pense. Mais pour préciser aussitôt que traiter avec lui exige au préalable qu'il se normalise, le PJD – et tout autre prétendant à la légalité - ayant ainsi intérêt à devenir un parti comme les autres avec un programme politique et économique expurgé de son référent religieux. A mots à peine couverts, Driss Jettou croit donc nécessaire qu'avant de se prononcer sur l'attitude à prendre, il faudra attendre que la décantation commencée par des querelles de courants, se termine. Nabyl Benabdellah, ministre PPS de la Communication, présent également à cette rencontre, a, lui, un discours autrement moins velouté. Prenant la parole, il a tenu à souligner qu'en tous les cas “l'Etat est pour l'instant furieux contre” les formations religieuses.
L'incohérence du PJD
On peut déplorer que l'Etat puisse avoir des états d'âme, mais le PJD qui semblait jusque-là le plus fréquentable des islamistes n'a pas volé la furie qui s'est déchaînée contre lui dans une sérieuse tentative de l'isoler. Le quotidien arabe “ Al Ahdath Al Maghribia ” s'est fait fort dans ce sens de démontrer, textes à l'appui, combien son discours était violent et combien il tenait de l'excommunication. Sans préjuger des résultats de l'enquête sur les accointances collectives ou individuelles avec l'extrémisme sanguinaire, le PJD a sérieusement et profondément contribué à la montée des intolérances. Il a, de ce fait, participé volontairement ou involontairement à la création de l'ambiance propice aux actes les plus fous.
Certains de ses dirigeants déclarent leur mouvement prêt à un vaste travail d'autocritique. Sans que l'on sache toutefois si celui-ci devrait aboutir à la remise en cause des choix légalistes qui les auraient conduits dans l'impasse actuelle ou s'il devrait être un examen honnête et sincère de leurs comportements et attitudes dans leur exercice et existence légaux.
Au sein de la société, les Marocains avancent, partagés sur la question. La ligne de démarcation semble passer entre ceux qui se refusent à l'exclusion des islamistes et ceux que l'on commence à appeler, à l'instar de l'armée algérienne et de ses supporters civils, les éradicateurs. Passé le choc, des milieux intellectuels et politiques jugent risqué de renvoyer tous les islamistes dos-à-dos ou de les condamner massivement sans prendre la peine de séparer le bon grain de l'ivraie. Déjà, le quotidien francophone de l'USFP, “Libération” s'inquiète. Dans son éditorial du 4 juin 2003, il se pose des questions : “nous sommes, certes, tous unis et solidaires aujourd'hui pour condamner le terrorisme et l'obscurantisme, écrit-il, [mais] le sommes-nous aussi pour les combattre effectivement ?”. Et craignant “la banalisation rampante et le retour des réflexes handicapants ”, il dresse la liste de tous les parrains du monstre. S'y retrouvent pêle-mêle les “charlatans” (islamistes) et “les corrompus” sur lesquels il n'est pas sorcier de mettre un nom.
Le gouvernement lui-même n'échappe pas aux nuances dans les positions de ses composantes. L'USFP et l'Istiqlal, les
deux principaux partis de la formation gouvernementale, ne donnent pas l'impression de jouer totalement la même partition. Pourtant, de tous les partis politiques, ils sont les plus aptes à chanter la chorale de la riposte aux côtés du pouvoir. Si l'USFP est franchement hostile à l'idée d'un islamisme bon teint, l'Istiqlal reste plus réservé. Son background idéologique, sa base sociale, la conception qu'il se fait de la politique, mais aussi la méfiance traditionnelle que lui inspirent les réflexes usfpéistes, tout le pousse à prêcher “la pondération” dans le traitement du dossier islamiste. Si le secrétaire général de l'Istiqlal, Abbas El Fassi, s'est prononcé pour que le PJD fasse son mea culpa et procède au nettoyage de ses rangs, son parti reste persuadé qu'il faudra composer avec les “ex”-protégés de Abdelkrim Khatib.
Le point de vue des Américains
C'est visiblement - et paradoxalement - aussi le point de vue des Américains. Tandis que le Premier ministre marocain a exclu de sa rencontre avec les patrons de presse tout représentant des journaux islamistes, l'ambassadeur de la Maison Blanche à Rabat a invité un journaliste d'Attajdid au déjeuner qu'elle a organisé pour la presse à son retour d'Irak. Par leurs hochements de tête, Margaret Tutwiler et ses collaborateurs semblaient approuver plus la ligne de défense développée par le représentant islamiste que le discours “éradicateur”. Avant le déjeuner, le numéro deux de l'ambassade, Helène Lalime, était particulièrement préoccupée des “dessous” et des conséquences de l'exclusion du PJD de la manifestation de Casablanca contre le terrorisme.
Le débat ne fait que commencer, l'ampleur de ce que les services de sécurité sont en train de découvrir dit bien que les ondes de choc et les répliques du séisme du 16 mai sont loin d'être terminées. Et il est fort probable qu'au fur et à mesure que le débat avance, les positions se radicalisent. Dans ce tourbillon, les tenants de la théorie du “dialogue impossible” avancent un argument qui mérite examen : tout dialogue, même s'il aboutit, ne serait qu'un report de la confrontation, inévitable même avec l'islamisme participationniste dès lors que se poseront pendant l'exercice de la cohabitation des questions de choix de société. Le face-à-face autour du programme de l'intégration de la femme dans le développement en est une illustration bénigne.


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