Au-delà des échéances électorales, au-delà de l'action gouvernementale, il est probable qu'un grand débat politique va s'instaurer et se développer. Il s'agit du débat sur la réforme éventuelle de la Constitution. Déjà, de-ci, de-là des voix se sont fait entendre qui réclament à tout le moins un éclaircissement de certains articles relatifs par exemple à la désignation par le Souverain, du Premier ministre, celle des membres du gouvernement et des hauts fonctionnaires. Au Maroc, le Roi règne et gouverne. La Constitution le lui permet. Ainsi, en plus de symbole absolu de la souveraineté nationale, il partage avec le Parlement le pouvoir législatif ; il “chapeaute” le pouvoir judiciaire puisque la justice est rendue en son nom ; il n'a jamais caché, par ailleurs, qu'il veut faire de la Monarchie une institution “exécutive” fortement impliquée, même dans la gouvernance au quotidien par le biais des conseillers royaux et des ministres de souveraineté. On le voit, les pouvoirs du Roi sont immenses et prépondérants. Face à cette situation, des leaders politiques tels que Abderrahman Youssoufi suggèrent qu'il serait temps “pour la bonne marche de l'établissement”, que l'on mette bon ordre à tout cela et que l'on procède à un remodelage de la Constitution, pour un meilleur partage des pouvoirs et l'installation future de gouvernements politiques forts et stables. Il va de soi, qu'en cette matière, on ne négocie pas avec le Roi. Les partis politiques sont acculés à en débattre en leur sein d'abord puis, éventuellement, entre eux pour in fine présenter à S.M. des propositions ou des suggestions. Et à lui, en fin de compte de trancher. La chance du Maroc, la chance du processus démocratique au Maroc réside dans le fait que S.M. Mohammed VI est un démocrate croyant et pratiquant. Il a choisi de dire haut et fort et, dès les premiers jours du règne, que la démocratie à ses yeux était un choix, était le choix stratégique que l'on n'abandonnera pas au profit de je ne sais quelle dérive de pouvoir personnel. S.M. Mohammed VI, constamment à l'écoute des doléances et des aspirations de son peuple, sait mieux que personne que la démocratie se construit au jour le jour, que c'est une patiente édification, pierre par pierre. Raison de plus pour s'y mettre au plus tôt. Et l'un des attributs essentiels des régimes démocratiques est d'avoir des gouvernements réellement représentatifs des opinions politiques, des alternances pour les urnes, une autonomie de décision, et une liberté dans l'action. Serait-ce trop demander que de souhaiter que le Maroc puisse disposer d'un tel gouvernement ?